Mise en œuvre de l'hydrologie régénérative
La mise en œuvre de solutions d’hydrologie régénérative se fait dans le temps long. Il s’agit avant tout de comprendre le fonctionnement de l’eau sur la parcelle, et ensuite de l’améliorer. Il est prudent à chaque étape de se former et de se faire accompagner !
Étapes à considérer lors de la mise en œuvre
L’hydrologie régénérative apporte un réel bénéfice à la parcelle en permettant d’améliorer la distribution de l’eau (y compris ses excès) mais peut rapidement être contre productive si mal mise en œuvre.
Avant toute chose, il est important de faire un audit approfondi de la parcelle :
Historiques météo
L’historique météo sur la parcelle est le premier élément à auditer - en particulier pour constater s’il y a une modification des cumuls en fonction des saisons. Le GIEC ne prévoit pas fondamentalement une baisse des précipitations à l’échelle de l’année, mais en revanche une baisse en été et une augmentation en hiver. On prévoit en particulier des épisodes intenses qui font que l’eau n’a pas le temps de s’infiltrer en hiver, et des périodes sèches pendant plusieurs semaines qui créent des stress hydriques importants, par exemple quand ils font suite à des périodes de gel printanier.
Il faut donc regarder à la fois les cumuls mensuels (et leur évolution sur une dizaine d’année) mais aussi les derniers épisodes intenses et constater le cumul sur plusieurs jours.
De nombreux sites web permettent de retrouver ces historiques, par exemple sur Météoblue.
Profil du sol
Afin de bien comprendre la façon dont le sol réagit en matière d’infiltration, il est bon d’en extraire un profil… Pour cela on peut faire une fosse pédologique (ou un profil au télescopique) ou au minimum un test pénétromètre.
On cherche en particulier à identifier les tassements et semelles de labour, qui peuvent bloquer l’eau en sous-sol et provoquer une hydromorphie problématique.
Capacité d'absorption du sol et volumes d’eau
Il est important de comprendre les volumes d’eau qui traversent la parcelle et qui nécessitent d’y être infiltrés.
Pour comprendre les volumes d’eau, on pourra se référer au chapitre sur le sujet (voir les chemins de l'eau).
On peut faire aussi des tests d'absorption d’eau à divers endroits de la parcelle (voir tests d’absorption) - attention à faire ces tests avec différentes configuration du sol (ressuyé ou non). Faire le test plutôt en hiver afin d’être proche des conditions de pluies intenses.
Besoin des plantes
Enfin, et pas forcément le moins important, bien comprendre le besoin des cultures en place (productions et arbres le cas échéant). Certaines plantes, en particulier la vigne et les arbres fruitiers ont besoin d’un stress hydrique pour produire correctement - il est prudent de faire les évolutions du système progressivement pour éviter de passer d’un extrême à l’autre !
Considérer d’abord les approches les plus simples à mettre en œuvre
De manière générale, il est important de considérer d’abord les approches douces, puis d’aller vers des modifications structurelles si nécessaire.
Couverts, matière organique
Les couverts permettent de ralentir les flux d’eau, de protéger le sol, de favoriser l’infiltration par les racines, etc… C’est la première étape quelque soit la situation. L’ajout de matière organique (MO) participe à la capacité du sol de retenir l’eau (on considère un volume de 230m³ d’eau par ha et par % de MO additionnelle).
Haies, ripisylves
L’entretien des haies le long des cours d’eau et des fossés est une technique efficace pour éviter la destruction des berges et les phénomènes d’érosion.
Fascines, fissuration
En cas de ruissellement et d’ornières sur le terrain, une première approche peut être de mettre en place des fascines, qui vont ralentir les flux d’eau lors des gros épisodes et disperser l’eau en largeur.
Un travail de fissuration (idéalement, le long des courbes de niveau - voir l’article sur les keylines) est utile si le sol a un problème de capacité d’absorption, en particulier en cas de compactage.
Noues, fossés et autres travaux modifiant la topographie
Dans le cas d’un contexte avec un stress hydrique fort (climat méditerranéen), il peut être nécessaire de mettre en place des infrastructures plus importantes comme des noues ou des fossés, afin de stocker les surplus d’eau lors des précipitations intenses, et de l’infiltrer sur plusieurs jours voire plusieurs semaines. Le dimensionnement de ces infrastructures nécessite un travail de spécialiste et il est nécessaire de se faire conseiller dans tous les cas !
Formation
Il existe des formations sur le sujet de l'Hydrologie Régénérative, en particulier au travers de Permalab mais aussi via Alain Malard ou Fabian Feraux.
Erosion TTool
Le projet Erosion TTool est un jeu sérieux qui permet de s’approprier les différentes techniques de lutte contre l’érosion : Erosion_TTool