Implanter des couverts végétaux d’interculture pour gérer l’enherbement
Les couverts d’interculture font le relais entre deux cultures de récoltes afin que le sol ne soit pas nu. On recherche une fermeture de la canopée la plus complète et rapide possible pour que l’effet d’étouffement des adventices soit meilleur (des effets allopathiques peuvent rentrer en jeu mais ils sont difficilement quantifiables). La concurrence sur le salissement est très dépendante de la quantité de biomasse produite par le couvert ainsi que de la vitesse de développement du couvert.
La théorie
De manière générale, la biomasse des adventices est faible lorsque celle de la culture ou du couvert est forte, c’est l'effet de la concurrence (hydrominérale et lumineuse). Certaines interactions allélopathiques peuvent aussi favoriser ou défavoriser les adventices.
On voit sur le graphique ci-dessous que lorsque le couvert atteint sa biomasse maximale, les adventices ont pratiquement disparu.

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Présentation de l’essai
L’essai se déroule à Vinon-sur-Verdon (83) sur un sol de type sable argilo-limoneux (argiles
18,9 %, limons 30,7 %, sables 17,6 % ; matière organique = 2,9 % ; pH = 8,4). L’expérimentation présente 3 modalités de 3 répétitions (6 m x 100 m) chacune, sur 3 blocs, chaque modalité différant par son interculture :
- T1 CV orge + avoine : Présence d’un couvert végétal (CV) d’orge (Orostar 75 %) et d’avoine (Fringante 25 %).
- T3 témoin sol nu : Absence de CV pendant l’interculture. La parcelle est implantée en soja (Sphera), en semis direct strict.
Quel impact sur les adventices ?
Grosse baisse de la biomasse totale des adventices en culture sur les modalités avec un couvert d’interculture en précédent. Cette observation se vérifie tout au long du cycle du soja et la densité de pied d’adventices suit la même tendance que la biomasse (biomasse adventice plus importante dans le témoin et pas de grande différence entre les deux couverts)

Quel impact sur le rendement ?
On observe une diminution de la densité de pied de soja pour les modalités avec un couvert en précédent. La forte biomasse produite par le couvert végétal qui a été détruit au rouleau cambridge a pu gêner le semis réalisé fin mai en semis direct sous couvert végétal et donc la germination et/ou la croissance initiale du soja. Des repousses de couverts végétaux (détruits mécaniquement uniquement) ont également pu faire de la concurrence.

Malgré cela, il n’y a pas d’impact sur le rendement. On observe même une tendance à l’augmentation après un couvert et ce même si la densité de la culture est plus faible. Cette compensation est due à une augmentation du nombre de gousses pour les modalités avec couvert (les PMG étant comparables par ailleurs).

Quel mélange choisir ?
Des mélanges classiques sont connus avec des espèces qui reviennent souvent comme la moutarde, le radis, la phacélie, la féverole etc… Néanmoins, chaque agriculteur doit adapter sa sélection en fonction de :
- Ses objectifs, ils peuvent être multiples (gestion adventice, augmentation de la fertilité, limitation de l’érosion, éviter les pertes par lixiviation, protéger la biologie du sol…).
- Du contexte pédoclimatique (type de sol, pH, pluviométrie, températures).
- De la période et de la durée de mise en place du couvert.
- Les précédents et les cultures futures.
- Le mode de semis et et destruction.
L’outil d’aide à la décision ACACIA, créé par le GIEE Magellan permet de prendre en compte tous les paramètres propres à chaque situation pour trouver la combinaison adaptée.
Les différentes espèces de couverts ont-elles la même faculté à réguler les adventices ?
Le potentiel des espèces à réprimer les adventices est évalué selon deux variables :
- Le potentiel de production de biomasse
- La vitesse de couverture du sol
Ces deux paramètres permettent de comparer (attribution d’une note) les espèces en fonction des dates des semis.

Sources
Cet article a été rédigé par Jasmin Razongles, étudiant ingénieur agronome en alternance au Centre National d'Agroécologie.