Couverts végétaux utilisables en Afrique
En agriculture le terme "couvert végétal", au sens large, a longtemps désigné un "ensemble de végétaux recouvrant le sol de manière permanente ou temporaire, et dont l'objectif agronomique principal est de protéger le sol de l'érosion par le vent et les précipitations"[1].
Description
Couvrir le sol avec un couvert végétal ou un paillage fait partie des pratiques agroécologiques permettant de le protéger.
La nature des couverts végétaux peut varier selon divers facteurs comme :
- L'orientation technico-économique de l'exploitation.
- Les itinéraires techniques.
- Les spécificités pédoclimatiques.
- Les objectifs de l'agriculteur.
- Le matériel à disposition.
Deux types de couvertures sont possibles :
- Avec des végétaux vivants : Une plante peut être spécifiquement cultivée non pas pour être récoltée mais pour protéger le sol et l’enrichir. On parle alors de cultures de couverture.
- Avec des végétaux morts qui forment un paillage. Il peut être issu de la destruction d’une culture de couverture ou alors issu des résidus après la récolte.
On a recours aux couverts végétaux dans de nombreuses situations : les zones arides à faible pluviométrie, là où l’érosion est importante ou sur des sols pauvres. De plus, il est particulièrement important de couvrir les sols sableux[2].
Intérêts de couvrir les sols
Avec l'évolution des connaissances, on accorde aujourd'hui un ensemble d'avantages bien plus multiples à la couverture des sols qu'uniquement la protection contre l'érosion des sols. Le couvert végétal (vivant ou mort) :
- Limite la pousse des adventices sur la parcelle et permet ainsi de limiter le recours au désherbage manuel ou aux herbicides de synthèse, souvent très polluants et peu spécifiques.
- Améliore le cycle de l’eau, en diminuant l’évaporation et en augmentant l’infiltration, ce qui permet de limiter le ruissellement qui lessive le sol et prive la terre de ses nutriments pour la plante.
- Atténue également l’érosion due au vent.
- Le couvert a généralement une réflectivité de surface supérieure au sol nu et permet de diminuer sensiblement la température à la surface du sol[3].
- Le couvert végétal est une source importante de matière organique, en particulier si une diversité de plantes est utilisée.
L’ensemble de ces effets crée un environnement favorable au développement de la vie biologique du sol. Les plantes de la famille des Fabacées (Légumineuses) sont particulièrement adaptées à être utilisées comme engrais vert étant donné leur capacité à fixer l’azote de l’air grâce à la symbiose entre leurs racines et une bactérie (Rhizobium). Cela permet d’enrichir naturellement le sol en azote. Cependant l’utilisation de légumineuses seules aura tendance à acidifier le sol, il est donc souvent utile de les associer ou de les faire se succéder à des Poacées (Graminées).
Matériel végétal pour les cultures de couverture
Il faut sélectionner des semences adaptées au but recherché.
Brachiaria spp
- Graminée pérenne.
- Objectifs : Fourrage, résistant à la sècheresse, croissance rapide et décomposition lente qui réprime les adventices, particulièrement adaptée pour lutter contre l’érosion et pour les bordures de parcelles, système racinaire bien développé, piège les foreurs de tiges (Busseola fusca et Chilo partellus) et les légionnaires d’automne.
Stylosanthes spp
- Légumineuse pérenne.
- Objectifs : Fixe l’azote, fourrage, résistant à la sècheresse, système racinaire important, décomposition lente qui réprime les adventices.
Mucuna spp
- Légumineuse annuelle.
- Objectifs : Fixe l’azote, résistant à la sècheresse, décomposition rapide qui limite le contrôle des adventices, système racinaire limité.
Pueraria phaseloides
- Légumineuse pérenne.
- Objectifs : Bon contrôle des adventices, système racinaire limité.
Pennisetum purpureum
- Graminée pérenne.
- Objectifs : Particulièrement adapté pour lutter contre l’érosion et pour les bordures de parcelles, fourrage, décomposition rapide qui limite le contrôle des adventices.
Crotalaria spp
- Légumineuse annuelle.
- Objectifs : Fixe l’azote, croissance rapide et décomposition lente qui réprime les adventices, relativement résistant à la sècheresse, production de biopesticides.
Desmodium intortum
- Légumineuse pérenne.
- Objectifs : Fourrage, fixe l’azote, nécessite une bonne humidité pour la germination, mais relativement résistant à la sécheresse une fois installé, bonne couverture du sol, réprime les strigas ou herbes des sorcières (qui parasitent les racines de nombreuses cultures comme le maïs, le sorgho ou le riz), repousse les foreurs de tiges (Busseola fusca et Chilo partellus) et les légionnaires d’automne.
Les cultures annuelles ne persistent qu’une année ou qu’une saison. A l’inverse, les cultures pérennes (vivaces) peuvent persister plusieurs années.
Mise en œuvre des cultures de couverture
Matériel nécessaire
- Houe : Désherbage de la parcelle et préparation du sol.
- Coupe-coupe et faucille : Destruction de l’engrais vert.
- Brouette : Transport du matériel (et des résidus de culture).
- Bottes : Protection des pieds.
- Fourche : Manipulation des résidus de culture.
Préparer le sol et désherber
Enlever en particulier les vivaces qui pourraient se développer malgré le couvert.
Semer les graines de la plante de couverture
Le semis peut être effectué sur toute une parcelle ou en association avec d’autres plantes.
Attendre que la couverture s’installe
Il peut être utile d’effectuer un désherbage avant que la couverture soit assez épaisse pour limiter les indésirables.
Transformer la couverture vivante en couverture morte en coupant les racines de la plante
- Les résidus peuvent être conservés sur place pour effectuer un semis direct sous couvert végétal, ou bien emportés pour être utilisés comme paillage ou fourrage.
- Cette opération doit s’effectuer avant la montée en graine pour éviter que l’engrais ne se ressème. On peut laisser monter en graines une partie des plantes afin de les récolter pour de futurs semis.
Difficultés et contraintes
- Production ou achat des semences du couvert végétal.
- Maîtrise de sa croissance pour qu’il ne gêne pas les autres cultures.
- Préparation de la parcelle pour éliminer les vivaces qui se développeraient malgré le couvert.
Mise en œuvre du paillage
Les conditions préalables à la mise en œuvre du paillage sont la disponibilité de biomasse en quantité suffisante et la maîtrise de la technique de paillage.
Matériel nécessaire
- Houe : Nettoyage de la parcelle et préparation du sol.
- Coupe-coupe et faucille : Coupe de la paille et autres débris végétaux.
- Brouette : Transport des matériaux et du matériel.
- Bottes : Protection des pieds.
- Fourche : Manipulation de la paille.
Matériaux, matières premières
- Paille.
- Feuilles d’arbres (fraîches ou mortes).
- Grumelle de riz.
- Herbe sèche (sauvage ou cultivée).
- Tiges de mil, de maïs, de sorgho.
- Palmes sèches.
- Copeaux de bois.
- ...
Collecter les végétaux ou les résidus
Ils doivent être préalablement fauchés et coupés en morceaux.
Les faire sécher au soleil 2 à 3 jours
Préparer le sol et désherber
Enlever en particulier les vivaces qui pourraient se développer malgré le couvert.
Disposer le paillage
De manière homogène, en couche de 5 à 10 cm sur toute la surface à protéger.
Difficultés et contraintes
- Disponibilité suffisante du paillage qui entre en concurrence avec d’autres utilisations (compost, fourrage, etc.).
- Transport de la paille.
- Epandage de la paille et autres débris végétaux dans les champs de grande superficie.
- Si le paillage est humide, cela peut entrainer des maladies au niveau de la tige en contact avec le paillage ou étouffer les jeunes plants.
- Le paillage peut offrir un abri à certains ravageurs (les limaces), mais aussi à leur prédateurs naturels (les carabidés).
Sources
Manuel des bonnes pratiques agroécologiques - SECAAR.
Cette page a été rédigée en partenariat avec le projet Urbane et grâce au soutien financier de l'Union Européenne.