Application de phosphate de fer chélaté dans la lutte contre les limaces
Le phosphate de fer est une substance minérale naturelle. Le chélate associé est un acide aminé de synthèse. Les spécialités commerciales sont proposées sous forme d’appâts granulés à base de farine.
On trouve du phosphate de fer chélaté sur le marché dans les solutions commerciales listées ici.
Comment ça fonctionne ?
Le phosphate de fer est une substance naturelle quasiment sans impact environnemental et présente un peu partout. Sa toxicité est en effet très faible avec une DL50 par voie orale chez le rat de 1487mg/kg chez les mâles et plus de 5000 mg/kg chez les femelles. Pour mémoire la DL50 du sel de cuisine est de 2000 mg/kg. Cette toxicité est si faible, que le phosphate ferrique seul n’aurait pas d’efficacité molluscicide. Il est donc chélaté ce qui lui permet de s’accumuler dans le système digestif des limaces avant de libérer le fer qui agit par intoxication. Les mollusques cessent alors de s’alimenter et meurent discrètement dans le sol. Les comptages de limaces mortes est donc un mauvais indicateur.
Comme pour tous les antilimaces, l’enjeu des formulations sous forme d’appâts est d’assurer une bonne résistance à la pluie, et un nombre de granulés élevé à dose homologuée égale, car un granulé touché devient moins attractif. SLUXX s’utilise de la même façon que les granulés à base de méthaldéhyde.
Intérêts
- Le moins écotoxique des antilimaces
- Jusqu'à 66 granulé/m² à 7kg/ha contre 54 pour les meilleurs méthaldéhydes.
- Formulation assez résistante à la pluie
- Comme tous les produits de biocontrôle, compte pour 0 IFT.
Limites
- Pas totalement dénué de toxicité sur les vers de terres (anéciques).
- Le chélate considéré comme formulant, n’est pas soumis aux mêmes règles d’homologation que les matières actives, alors qu’il explique l’écotoxicité faible mais non nulle du produit commercial et en assure l’efficacité.
L'avis du conseiller
Le phosphate ferrique est à intégrer dans une démarche plus globale du système de culture.
- Pour les cultures d’automne le plus efficace est de perturber le cycle des limaces en interculture d’été (ex travail du sol) surtout quand les conditions climatiques sont déjà difficiles pour les limaces (nombreux prédateurs, sécheresse, faibles ressources alimentaires).
- Pour les cultures de printemps choisir des couverts d’interculture peu appétants comme la moutarde ou la phacélie. Favoriser les nombreux prédateurs comme les oiseaux, reptiles, amphibiens, petits mammifères, nématodes, champignons, mais surtout les carabes qui sont les principaux prédateurs des limaces la nuit.
- Soigner le semis pour favoriser un développement rapide de la culture.
- Lutter de façon raisonnée. Poser des pièges au-delà du seuil permet de détecter la présence du ravageur et à anticiper les dégâts. On peut être au seuil et avoir des dégâts, ou au-delà du seuil et ne pas en avoir parce qu’il fait sec en dehors de la protection et de l’humidité offerte par les pièges.
- En dernier recours, le phosphate ferrique est néanmoins la solution la plus respectueuse des auxiliaires et des vers de terre.
En raison de la toxicité du chélate attention aux bonnes pratiques en ne laissant pas des tas consommables par les animaux domestiques et sauvages voir les enfants.
Coût
30€/ha
Sources
- Cet article a été rédigé à partir du document Les champs du possible en lutte biologique sur grandes cultures rédigé conjointement par François DUMOULIN, Hélène BAUDET, Gilles SALITOT et Inma TINOCO de la Chambre d'Agriculture de l'Oise.
Annexes
Est complémentaire des leviers
Défavorise les bioagresseurs suivants