Le semis des cultures intermédiaires avant ou pendant la récolte permet de gagner du temps, de réduire les coûts d’implantation et de maximiser la durée de végétation, donc la croissance du couvert. Ce document propose une synthèse d’expériences d’agriculteurs ayant adopté ces techniques.
Les motivations communes des agriculteurs pratiquant cette technique sont de réussir des couverts en anticipant leur implantation tout en gagnant du temps. Ces pratiques permettent de déplacer le chantier d’implantation des couverts à une période généralement moins chargée pour les agriculteurs. De plus, ces techniques d’implantation sans travail du sol présentent généralement des charges de mécanisation très faibles, en raison :
de débits de chantier très élevés,
d’une consommation horaire de carburant faible à nulle selon les techniques,
d’une quasi-absence d’usure du matériel.
Levée de radis sous le mulch de paille (Hombleux (80) - août 2018)
Le principe de ces techniques consiste à déposer les graines à la surface du sol, puis à les recouvrir avec les pailles de la céréale précédente. La graine profite de l’humidité résiduelle du sol, conservée soit par la culture encore en place, soit par le mulch de paille, pour favoriser sa levée. Trois pratiques distinctes ont été identifiées pour réaliser ce type de semis :
l’utilisation d’un semoir spécifique capable d’épandre les graines sur la largeur de travail du pulvérisateur,
Restituer et broyer les pailles pour couvrir la graine, conserver l’humidité et ainsi favoriser la germination.
N’utiliser cette technique que dans des parcelles propres au moment de la récolte (notamment vis-à-vis des vivaces), afin d’éviter la prolifération d’adventices et leur concurrence avec le couvert.
Adapter la technique en fonction du risque de rémanence des herbicides utilisés dans la culture précédente; plusieurs agriculteurs signalent des risques liés aux désherbages de printemps.
Choisir des espèces peu exigeantes en humidité pour germer (radis, phacélie, sarrasin, moutarde, trèfle, vesce figurent parmi les plus utilisées). Certaines espèces intéressantes dans les couverts (comme le tournesol, la féverole ou le pois) sont généralement écartées en raison de leur exigence hydrique. Il faut également privilégier des espèces ou variétés à floraison tardive, afin de limiter le risque de montée à graines ou la nécessité de destruction précoce du couvert.
Quelques expériences de semis avant ou pendant la récolte
Utilisation d’un semoir spécifique – Semoir Maxicouv
Mise à disposition gratuite (via CUMA ou partenaire semencier)
Débit de chantier du matériel
6 ha/h
Coût de la technique d’implantation (hors amortissements)
1,50 €/ha
Date de semis
En Bretagne, le semoir est mis gratuitement à disposition d’une CUMA par l’agence de l’eau. En Hauts-de-France, un semencier conduit des tests en champs. Une bâche sous le tracteur évite l’égrainage de l’orge lors du semis.
Une bâche qui rejoint l’avant (recouvre les masses ou le relevage avant) et l’arrière (bras de relevage) est fixée sous le tracteur afin d’éviter l’égrainage de l’orge au moment du semis.
Montage de deux épandeurs centrifuges sur les rampes du pulvérisateur
Fréquence des rechargements (petite capacité des semoirs)
Investissement initial
200 €
Débit de chantier du matériel
10 ha/h
Coût de la technique d’implantation (hors amortissements)
1,10 €/ha
Date de semis
Les épandeurs sont fixés en quelques minutes et branchés sur le circuit des phares. Commande depuis la cabine. Très faible coût comparé à un semoir spécifique.
L’atout de cette technique par rapport à l’utilisation d’un matériel spécifique est son faible investissement
Semis associé à la récolte du précédent – Semoir monté sur la moissonneuse-batteuse
Semoir monté sous la coupe de la moissonneuse-batteuse
Gestion des semences pendant la moisson (autonomie : 150 kg)
Investissement initial
4 000 €
Débit de chantier du matériel
Identique à celui de la moissonneuse
Coût de la technique d’implantation (hors amortissements)
1,00 €/ha
Date de semis
Le semoir est entraîné par la seconde prise de force de la moissonneuse. Réglage par cannelures, distribution par éclateurs. Fixation sur une assise métallique soudée à la coupe.
L’atout de cette technique par rapport à l’utilisation d’un matériel spécifique est son faible investissement
Réussite de la technique
Les agriculteurs interrogés cherchent à produire des couverts très développés. Dans leur contexte, cette technique a été choisie et conservée car elle conduisait la plupart du temps à des couverts plus développés qu’avec leurs pratiques antérieures. Ils expliquent ces résultats soit par l’allongement de la durée de végétation permise par un semis plus précoce soit par une levée plus rapide du couvert bénéficiant de l’humidité résiduelle du sol. Dans le cadre du projet « Multifonctionnalité des couverts d’interculture » des essais ont été mis en place afin d’identifier les espèces et les pratiques (date de semis, gestion des résidus) les plus adaptées au contexte régional (Voir dossier technique : Synthèse des essais de semis à la volée )
Couvert de radis semé quelques jours avant la récolte (Vaux (02) - 25 septembre 2018)
Les agriculteurs enquêtés ont pu tester plusieurs espèces pour mettre au point leur technique :
Retours d’expérience des agriculteurs enquêtés sur les espèces testées selon le contexte et les pratiques.
Source
Agro-Transfert Ressources et Territoires (2022). Synthèse des essais semis à la volée, Projet « Multifonctionnalité des couverts d’interculture ».