Ferme du Chaumont (Lydie et Noel Deneuville)

De Triple Performance
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Données générales

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Surfaces (ha)
SAU 180
SFP 2,2
Surface non cultivée (prairies naturelles, jacheres etc.) 1,1
Surface en grande culture 180
Part de surface en non travail du sol 100%
Irrigation Pas d'irrigation, sauf pour une parcelle de maïs
Historique du terrain
Texture de sol Limon argileux
Taux de MO (2020) 2,5
PH du sol (2020) 6,7
Historique du terrain avant installation Anciennement ferme d'élevage
Données climatiques locales
Pluviométrie annuelle moyenne (mm) 700
T°max moyenne 37,3
T°min moyenne -10,7
Type de climat océanique atténué

Installation et changements opérés dans la ferme:

Système initial: Lydie et Noel Deneuville s'installent en 1994 à la ferme du Chaumont, à Chevenon dans la Nièvre (58). Dès les premières années ils s'implantent en céréales et labourent pour les cultures de printemps, ce qui ne dure pas suite à la visite d'un podologue de l'Aisne resté quelques jours pour faire des profils de sols.


Changements opérés:

  • Ils s'engagent donc dans une démarche TCS ce qui a le mérite de gagner en portance des sols dans un contexte de terres très argileuses et cherchent des synergies dans le territoire allant dans le sens de la conservation des sols en grandes cultures. Dans cette optique, ils se rattachent rapidement à une CETA et créent une CUMA, étant donné qu'en 1997/98 les semoirs en SD n'étaient pas assez répandus, donc investir dans un semoir tout seul n'était pas possible. Ils ont donc testé plusieurs semoirs (Gaspardo, John Deere, Semeato...) mais aucun ne correspondait à leurs besoins. Puis, en fouillant sur internet, ils ont pris connaissance de solutions en Amérique du sud et trouvent leur premier semoir SD (Victor Jury). Pendant cette période ils sont toujours en TCS et se confrontent à de nombreux échecs dans des terres limoneuses où s'il n'y a pas d'humidité les rendements peuvent rapidement baisser.
  • L'effet déclencheur a été toute la gamme de la revue TCS, les voyages et visites de fermes proposés par Frederic Thomas en Europe et l'intelligence collective qui émergeait de ces dynamiques d'une cinquantaine d'agriculteurs et agronomes (dont Jean-Claude Quillet, Carlos Crovetto, Ademir Caligari...). Cela les amène à diversifier leur rotation. Ils feront plus tard la connaissance de Lucien Séguy lors de la 2eme édition du NLSD qu'ils visiteront au Brésil. Il leur donnera accès à son réseau et fera le suivi de nombreux essais sur leur ferme . C'est là qu'ils démarreront les couverts végétaux, les plantes associées notamment de légumineuses, testeront plusieurs graines tropicales de plantes géantes pour faire des comparaisons d'enracinement...


Objectifs et expérimentations:

  • Réussir à se passer de glyphosate (tout en puissant l'avoir en roue de secours).
  • Développer une machine "outil SCV+" pour écorcher les plantes du couvert avant de pulvériser des engrais/herbicides, permettant de diminuer leur dose.
  • Tester l'allélopathie.


Evolution de l'assolement

Blé tendre 40,43
Escourgeon 31,57
Mais grain 53,1
Soja 26,38
Tournesol 16,17
Total cultures de vente 2019 178,69
Colza d'hiver 6,22
Blé tendre 32,99
Sarrasin 27
Mais grain sec 30,02
Soja 75,46
Tournessol 1,09
Orge hiver 26,82
Feverole 4,99
Sem fourrageres

Luzerne/trefle

1,1
Millet rouge 4,22
Total cultures de vente 2022

Gestion des ravageurs, "plus d'anti-limaces depuis 15 ans"

Sur les limaces : avait bcp de pb avec les couverts « plus je mettais de d’anti-limaces » plus j’avais limaces » 🡪 aujourd’hui quand Noel fait ses semis il prévoit de la nourriture pour les limaces et en n’utilisant plus d’anti-limaces fait venir les oiseaux, les carabes qui les mangent, ne les empoisonne plus Ex : dans des semis de céréales met du colza, dans le semis de maïs met du blé du colza du soja du lin, tous disparaissent après au désherbage Bcp de carabes ce qui favorise les oiseaux Mais les oiseaux n’aiment pas les grosses végétations Equilibre qui se refont. Très vite. On souffre une année. Ne pas rompre les cycles et les équilibres Ne rien faire pour les campagnols afin que l’équilibre revienne. Des champs de colzas ravagés par les campagnols. Et interdir les chasseurs de tuer les renards. Planter des haies. Le taupin aime bien la graine de soja traintement de semences sur le moins possible de cultures (difficulté a trouver du mais non traite) Lien entre herbicides et maladies/ravageurs sur les cultures Essais glypho avec lucien: sur un colza en vegetation (courant avril), pulverisation de differentes doses de glypho pour voir son effet sur colza. Car le colza, comme la feverole presente un petit caractere de résistance au glypho.Le but de l'essai etait de voir jusqu'à quelle dose ils pouvaient monter avant de desherber completement un colza arrivé à maturité. Se sont rendus compte que les pucerons venaient attaquer le colza legerement atteint par le glypho. C'est pareil pour le blé, noel dit que "si on cogne la plante, quelle qu'elle soit ça peut avoir une action de declanchement de maladies, c'est la selection naturelle".

Evolution du bilan économique

Année 2022 2021 2020 2019
SAU (ha) 178,69 178,69 178,69 178,69
Cultures de vente (ha) 178,69 178,69 178,69 177,57
Produits dont produits culture de vente (€/ha) 1349 1195 545 886
dont autres produits (€/ha) 517 84 257 229
dont aides (€/ha) 227 210 250 221
Total produits (€/ha) 2093 1489 1125 1116
Charges opérationnelles dont semences (€/ha) 56 73 34
dont fertilisation amendements (€/ha) 279 52 182
dont traitements (€/ha)
Total charges opérationnelles (€/ha) 486 209 207 403
Charges de structure dont fermage et mise à disposition 162 175 150 162
dont mécanisation (carburants,

lubrifiants, amortissements,

entretien du matériel et travaux par tiers)

137 301 436 536
dont eau, gaz, electricité 9 9 10 10
dont frais de gestion 90 83 43 39
dont assurances 30 47 47 51
dont transport et déplacements 13 8 4 6
autres 7 53 336 5
Total charges de structure 453 679 1028 813
Charges de personnel dont salariés et charges sociales 164 58 78 79
dont charges sociales exploitant 15 19 18 18
Total charges de personnel 182 77 96 97
EBE 1052 604 -235 156

Focus semis à la volée

Noel appelle semer à la volée, le "semis nature" car il cherche à imiter les conditions de semis dans les écosystèmes naturels ne subissant pas de perturbation.

Il dénote que c'est un semis opportuniste, opportun si et seulement si toutes les conditions sont réunies pour une germination optimale:

  • Le sol doit être vivant et structuré (les sols de type limons battants sont moins adaptés) .
  • Pour limiter les coûts, Noel opte plutôt pour des semences fermières (vesce, fèverole, tournesol géant...)
  • Il y a des cultures plus adaptées que d’autres au semis nature (plus simple pour les implantations de culture d’hiver : orge, blé, avoine…).
    • Pour les semis d'été, préférer mai - juin (déclenché en avance pour gagner du temps par rapport à semis normal) mais uniquement si météo favorable. Dans ce cas les cultures plus adaptées sont le trèfle et le sarrasin .
    • L'automne est plus adapté aux graines plus grosses car il y a plus de pluies en automne et la terre aura été chauffé l’été.
  • Il y a également des graines plus adaptées que d'autres pour un maximum de contact sol-graine: des graines angulaires comme le sarrasin ou plates du tournesol (plus de contact avec le sol) qui à la volée lèvent mieux que des graines rondes comme les fèveroles (par ailleurs, les grosses graines de légumineuse ont besoin de dix fois leur poids en eau pour germer).
  • Il faut faire attention au désherbant/sulfonylurées qui empêchent la graine de germer. L'objectif étant la récolte, semis d’une seule espèce. Mais il est possible bien évident d’associer (chicorée, luzerne, vesce, amarante). Pas besoin d'y mettre des grandes doses pour obtenir les services écosystémiques de ces plantes. Ex : 500g de luzerne, 300g de chicorée + la culture principale (ex : moutarde).
  • Conditions de semis: Noel semait à la volée avec son épandeur à engrais (enjambeur lopa) : avant il épandait à 30m puis a réduit de 24m. En 2021 ont investi dans un « DP 24 », car avec l’épandeur centrifuge il ne pouvait travailler qu’avec des grosses graines (les graines lourdes vont pouvoir être projetées). Pour les petites graines comme pour le tournesol, colza, le trèfle, millet etc c'était plus compliqué.
    • Pour lever cet obstacle, il a travaillé avec Lucien Séguy à l’enrobage des semences pour les alourdir ou les coller avec d’autres graines (avec de l’argile et de la mélasse qui en même temps fertilisent). cela représente cependant du travail supplémentaire.
      • Préparation de l'enrobage: avec bétonnière ou godet malaxeur. Graines en mouvement, 2-3l mélasse pour 300 l mélange. Y ajouter du fertilisant (granulé fumier porc ou volaille). Sécher avec sciure ou chaux éteinte. Il ne faut pas faire tourner trop longtemps. Le mélange est fait au fur et à mesure et épandu aussi tôt. Il ne faut pas que ce soit collant ni trop poussiéreux.

Répartition des produit en fonction des cultures

Cultures de vente Colza d'hiver Blé tendre Sarrasin Mais grain sec Soja Tournessol Orge hiver Feverole Millet rouge
Surface 6,22 32,99 27 30,02 75,46 1,09 26,82 4,99 4,22
Produit/ha 1662,57 2027,2791 1216,18 1515 300 545 1206,6406 960 1239,0378
Produit/UTH 10341,19 66879,93751 32836,86 45480,3 22638 594,05 32362,10089 4790,4 5228,739516

Focus vente directe, "accomplissement final du métier d'agriculteur"

  • Le choix des cultures et de la rotation se fait à la fois pour des raisons agronomiques et économiques (le cours et le contexte géopolitique doivent être favorables).
  • La conduite de la batteuse est importante pour ne pas faire passer dans la trieuse trop d'impuretés (la récolte est ensuite soit déversée dans une plateforme ou sur un boisseau).
  • Tout est ensuite stocké, trié, répertorié par lots à la ferme. Lydie et Noel ont commencé avec un petit trieur à grilles d'occasion et sont maintenant équipés d'un Trieur Denis D 200 (200 q/h) à plusieurs grilles en fonction du calibre la graine. Il est important de le rendre automatique (le leur peut tourner 2/3 h à tourner seul). En termes de vitesses de triage des semences pour la commercialisation: 100 q/h et on passe à 25/50q/h pour de la semence "plus fine". Parfois trient deux fois car mélange de graines: "on commence par enlever les impuretés avec une grosse aspiration et après, dans un deuxième temps, en changeant les grilles".
  • Après la démarche a été de trouver des solutions pour la commercialisation: la commercialisation est soit faite en direct sur la ferme à travers le marché libre soit par des courtiers.
  • Sélection des récoltes par lots en fonction de la qualité (parviennent à commercialiser aussi bien les très bons lots que les moins bons). Avant de chercher un acheteur il faut chercher à déterminer un prix et voir comment les cours peuvent évoluer en fonction des besoins du marché. Par exemple la France, pour être couverte en besoin de sarrasin, est obligée d'importer. Si les cours ne sont pas favorables il convient de bien gérer son stockage (sec et ventilé), un lot trié et propre et une large gamme de cultures pour les vendre en fonction de l'évolution des prix . Par exemple pour l'avoine d'hiver (graine intéressante pour les couverts) si on est sur une année où tout le monde décide d'en semer car les besoins et donc les prix en avoine augmentent à la récolte il est possible que les prix se cassent car il y a trop d'offre par rapport à la demande. L'année d'après les prix baissent et les agriculteurs sont moins nombreux à produire de l'avoine, donc les besoins en avoine de l'année suivante seront supérieurs par rapport à l'offre disponible. Ça leur est déjà arrivé de stocker l'avoine pendant un an parce que le cours n'était pas intéressant.
  • Ensuite pour trouver des acheteurs, le font à travers des courtiers à proximité, cherchent meuneries, biscuiteries, des huileries en valorisant leurs pratiques ACS, le fait de produire sans insecticides et anti-limaces depuis 18 ans. "Si c'est vendu à la coopérative, il y a une banalisation du lot, sachant qu'ensuite le stockage est passé sous insecticides".
  • Pour bien négocier, il faut attendre que les prix augmentent et négocier par semis entier. Sachant que l'unité de commercialisation aujourd'hui est de minimum 30 tonnes, ce qui équivaut à, chez Lydie et Noël un camion. Ils s'arrangent souvent avec des voisins pour compléter un camion. S'il y a des excès dans les lots de moins bonne qualité qui ne peuvent pas être vendus car ne suffisent pas pour remplir un camion, ces derniers sont gardés pour les couverts. Par ailleurs, comme ils sont équipés d'un trieur, ils envoient un échantillon de très bonne qualité quand il y a une proposition de marché.
  • Le stockage est pour eux le meilleur investissement car c'est "détenir sa récolte": il est fait à plat, d'une capacité d'entre 5 000 et 6 000 t sans insecticides, simple à nettoyer (avec un compresseur de chantier ça retire tous les insectes), ensuite épandent de la poudre de diatomée dans les coins (pour un ordres d'idée avec un sac de 30 kg ils font 2 ans). S'il y a des lots prévus pour de la semence font attention de prendre des bon lots, stocker dans des lieux qui ne vont pas excéder 40°.
    • Pour le stockage et la conservation du sarrasin (qui est délicate car c'est une culture tardive qui se rapproche des pluies): aussitôt la moisson il faut faire le triage car il reste toujours des impuretés et des graines pas mûres (comme pour les cultures blé sa maturation n'est pas homogène). Ensuite, remise au normes avec le séchoir. Il faut bien faire attention à la ventilation car le sarrasin absorbe très facilement l'humidité.
    • Pour les semences, pour la plupart le font en vrac (séparés en petits lots, mais pour les semences de ferme et stockés dans 7/8 remorques d'occasion) .






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