Litière forestière fermentée

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Litière forestière.
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La Litière Forestière Fermentée (LiFoFer) est une technique de lacto-fermentation dont le principe général consiste à sélectionner, multiplier et mettre en solution les micro-organismes de sols de forêts pour une variété d’applications en agriculture et en élevage.

Principe général et origine de la LiFoFer

La LiFoFer fait partie d’une grande famille de préparations naturelles ayant pour point commun la sélection, la multiplication et l’utilisation des micro-organismes présents dans des sols préservés ou éloignés de toute activité humaine. Les autres techniques apparentées sont présentes sur tous les continents :

  • Microorganismos de Montanos (MM) en Amérique Centrale et Amérique Latine, technique dont est directement issue la LiFoFer.
  • Indigenous Micro-Organisms (IMO) en Asie du Sud-Est : probablement la sous-famille la plus ancienne répertoriée à ce jour.
  • Efficient Microorganisms (EM) au Japon : version industrielle commercialisée à travers le monde, faisant l’objet d’un brevet portant sur les recherches du professeur Higa et dont l’appellation est rigoureusement protégée.
  • Sans oublier les Micro-organismes Autochtones Bénéfiques (MAB) et le Super Magro en Afrique de l’Ouest ainsi que le Bio-Muti en Zambie, et probablement toute une myriade de variantes ailleurs dans le monde.


La LiFoFer est apparue en France vers 2013 sous l’impulsion de l’association Terre & Humanisme, dont certains membres avaient pratiqué les techniques de Microorganismos de Montanos (MM) au Costa Rica. Une intense coopération s’est également mise en place avec Cuba (notamment la station expérimentale d’Indio Hatuey), où les MM font aussi l’objet de recherches soutenues sur le terrain. L’histoire de la LiFoFer est bien documentée dans le Manuel de la Litière Forestière Fermentée, édité par Terre & Humanisme et les Editions du Rouergue en 2021.

Une solution riche en micro-organismes et particulièrement intéressante d’un point de vue pH-redox

La LiFoFer contient de nombreux micro-organismes naturels

Des analyses de metabarcoding récentes effectuées en France ont montré que la LiFoFer contient essentiellement des bactéries lactiques du côté des taxons bactériens, ainsi qu’une grande diversité de champignons et de levures du côté des taxons fongiques (présence par exemple de Trichoderma asperellum ou d'ectomycorhizes comme Cenococcum geophilum). Du fait du processus de fabrication de la LiFoFer (fermentations en anoxie), il est logique de considérer que les champignons sont présents dans la solution en petites quantités sous forme de spores, étant donné qu’ils ne peuvent se multiplier dans de telles conditions de fabrication mais que des mycéliums apparaissent rapidement après une application de LiFoFer sur un tas de biomasse (en présence d'un témoin).


Les micro-organismes de la LiFoFer agissent de différentes manières :

  • Cette diversité microbienne contribue de manière générale à enrichir la diversité du milieu où ils sont apportés, mais à une échelle très locale (rhizosphère par exemple).
  • Tous ces micro-organismes ne remplissent pas nécessairement une fonction directe mais leur présence contribue à rétablir certaines chaînes trophiques entre les micro-organismes du sol et à augmenter la complexité de leurs réseaux d’interactions, complexité qui est essentielle pour un bon fonctionnement du sol.
  • Du fait de son faible pH (3,5) et de sa richesse en acide lactique, la LiFoFer est un produit exempt d’organismes pathogènes, qui ne résistent pas – dans la majorité des cas – à de tels niveaux d’acidité. On peut par conséquent considérer que tous les micro-organismes de la LiFoFer sont bénéfiques ou a minima inoffensifs, et qu’en les apportant dans un milieu (sol, plante ou litière) ils colonisent les niches écologiques de certaines communautés pathogènes, empêchant leur développement.
  • Même si elles se multiplient en conditions d’anoxie, les bactéries lactiques sont essentielles dans le sol, qui est un milieu où des organismes aérobies et anaérobies facultatifs cohabitent. Elles contribuent à la transformation des couverts et amendements organiques en molécules complexes liées à l’humus.
  • Les champignons saprophytes, présents sous forme de spores, permettent quant à eux d’améliorer la valorisation de matières organiques ligneuses.


Enfin, la LiFoFer se caractérise par un pH faible (3,5) et un potentiel redox entre 50 et 100 mV, soit un niveau de pE + pH compris en 2 et 5. Cette solution présente par conséquent un pouvoir réducteur important pouvant par exemple aider à contrebalancer l’oxydation provoquée par le travail du sol ou l’apport d’intrants de synthèse.

Utilisations et effets recherchés de la LiFoFer

La LiFoFer peut remplir plusieurs fonctions en fonction de son utilisation.

En application au sol

  • Comme évoqué plus haut, la LiFoFer permet d’améliorer la fertilité biologique du sol du fait de sa grande diversité microbienne. En améliorant la complexité des réseaux d’interactions on améliore ainsi la disponibilité des nutriments présents dans le sol.
  • Les micro-organismes de la LiFoFer participent à l’humification des matières organiques apportées (par les couverts ou par des amendements), ce qui contribue à la régénération des sols. Indirectement, l’amélioration du taux de matière organique permet une meilleure rétention de l’eau dans les sols.
  • La LiFoFer est donc particulièrement efficace en complément d’un apport de matière organique (compost, fumier, BRF, couvert roulé ou broyé.


Doses et périodes d’apport :

  • Entre 10 et 20 L/ha à chaque passage, dilué à plus de 90% soit a minima 180 L d’eau pour 20 L de LiFoFer.
  • Compter 2 à 4 passages/an au printemps et en post-récolte.
  • Appliquer si possible le matin sur sol humide et > 10°C.

En élevage (bovin, ovin, caprin)

  • La LiFoFer présente un effet très intéressant sur l’assainissement des litières d’élevage et l’hygiène générale des bâtiments d’élevage. Les micro-organismes apportés dégradent en effet les matières en putréfaction ce qui réduit rapidement les odeurs d’ammoniac dans le bâtiment et limite la propagation des mouches.
  • Par ailleurs, du fait de l’apport de micro-organismes bénéfiques, nombreux sont les éleveurs qui remarquent des litières plus sèches et une diminution des maladies de pied et des diarrhées sur les litières traitées.
  • Enfin les fumiers issus de litières traitées à la LiFoFer travaillent mieux et s’intègrent particulièrement au sol après épandage.


Doses et périodes d’apport :

  • Diluer 2 L de LiFoFer dans 10 L d’eau afin de traiter environ 500 m² de litière.
  • Compter des passages tous les 1 à 2 semaines en conditions dégradées, puis espacer à 3 semaines quand le milieu est stabilisé.
  • La pulvérisation sur litière ne présente pas de risque en présence des bêtes.

En traitement des matières végétales (bokashi)

  • Tout comme le traitement des fumiers évoqué plus haut, la LiFoFer est particulièrement intéressante dans le cas d’une valorisation de déchets organiques par bokashi, c’est-à-dire sans retournement pour favoriser la transformation de la matière en condition anaérobie.
  • Cette méthode de valorisation permet d’améliorer l’humification de la matière organique et de limiter la minéralisation du carbone sous forme de CO2. Cependant pour que ce processus s’enclenche bien il est nécessaire d’ensemencer le milieu avec les micro-organismes contenus dans la LiFoFer.


Doses et périodes d’apport :

  • Diluer 2 L de LiFoFer dans 10 L d’eau afin de traiter environ 1 m3 de déchets.
  • Compter une application en début de cycle, éventuellement complétée d’une seconde application en milieu de cycle (2 à 4 semaines) pour ré-ensemencer le milieu.

La fabrication de la LiFoFer

Cueillette de la litière de forêt

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Cette étape est la plus délicate puisqu’il s’agit de ramasser à la main une petite quantité de litière de forêt en cours de décomposition, riche d’une grande diversité microbienne. Afin de maximiser cette diversité, la litière est prélevée sous plusieurs essences (feuillus principalement), avec une bonne humidité et une température supérieure à 10°C. La litière est ramassée par petites poignées afin de bien sélectionner la couche de litière en décomposition que l’on reconnaît selon plusieurs critères :

  • Présence de mycélium.
  • Couleur claire des feuilles (dégradation des tanins).
  • Odeur agréable de sous-bois ou de céréale broyée.

La cueillette de la litière s’effectue généralement au printemps et à l’automne quand les conditions d’humidité et de température sont favorables au développement des micro-organismes.

En termes de quantité, il faut savoir qu’un sac de courses (environ 20 L) rempli de litière non tassée permettra de produire in fine à peu près 1000 L de LiFoFer.

Préparation de la mère de fermentation

Quelques heures après le ramassage de la litière, la mère de fermentation ou « F1 » est préparée en mélangeant la litière de forêt avec des prébiotiques qui favoriseront le développement de certains micro-organismes.

Ces prébiotiques sont généralement des co-produits agricoles : son de blé pour un apport en fibres, lactosérum pour un apport complémentaire de bactéries lactiques et de lactose et enfin mélasse de canne à sucre ou de betterave pour un apport de sucres complexes et rapidement fermentescibles.


Le mélange est tassé dans des bacs en inox fermés par des couvercle étanches munis de système de dégazage. Ces bacs sont alors placés dans une chambre chaude à environ 26°C. A cette température, la fermentation dure généralement 1 mois. C’est au cours de cette phase que les micro-organismes sont sélectionnés puisque la production d’acide lactique et l’anoxie élimine les micro-organismes non désirés, tandis que les levures et les bactéries lactiques prolifèrent.


Une fois réalisée, la F1 peut être stockée pendant plusieurs mois, du moment qu’elle reste à l’abri de l’oxygène et à température ambiante.

Activation

L’activation est une phase de multiplication des micro-organismes par une deuxième fermentation en phase liquide. Pour cela, la F1 est mélangée dans une cuve en inox avec de la mélasse, du lactosérum, de l’eau et du moût de la dernière activation, de manière à garder une certaine stabilité.

La cuve est fermée hermétiquement avec un système de brassage automatique et placée à 26°C. Dans ces conditions, l’activation dure environ 1 semaine.

Filtration et conditionnement

Cette dernière étape consiste à filtrer le produit de manière à écarter les grosses particules susceptibles de boucher les buses de pulvérisation. Pour cela un filtre de 200 microns est utilisé, puis le produit liquide est généralement conditionné en bag-in-box, contenant présentant l’avantage de chasser l’air à mesure que le produit est sous-tiré, et donc de limiter l’oxydation du liquide restant. Ainsi conditionné, la LiFoFer liquide peut être stockée jusqu’à 1 an dans un bag-in-box plein et à température inférieure à 20°C.

Au-delà de cette température, il est possible que la fermentation reprenne si le produit contient encore des restes de sucre et fasse gonfler les contenants.

Pour aller plus loin

Guide de fabrication et d’utilisation de la Litière Forestière Fermentée - Terre et Humanisme.

LiFoFer et biofertilisants : autonomie sur les intrants - Ver de terre production.


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Cet article a été aimablement rédigé par Gabriel Vergniaud de Rezomes, spécialistes des LiFoFer, biochar et extraits fermentés pour l'agriculture et l'élevage.

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Annexes

Cette technique s'applique aux cultures suivantes

La technique est complémentaire des techniques suivantes

Cette technique utilise le matériel suivants

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