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Le semis nature

De Triple Performance
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Le semis nature, une technique Ö part entiäre - avec Noâl Deneuville 5.jpg

Le semis « nature », appelé "semis aérien" en Argentine, consiste à déposer des graines en surface dans un couvert ou dans une culture en place. C’est un type particulier de semis à la volée sans travail du sol. L'approche paraît simple, économique et rapide mais elle reste opportuniste et nécessite des conditions particulières pour assurer un bon développement de la plante.

Présentation

Les argentins ont pour habitude de déposer les graines fourragères en avion ou par un épandeur à engrais pneumatique, dans le maïs ou le soja en phase de maturation pour implanter des cultures fourragères utilisées pour nourrir le bétail. La graine arrive au sol par les airs, comme bien souvent dans la nature.

Intérêts

La technique imite la nature : quand les plantes développent leurs graines, elles tombent au sol et germent. 

  • Gain de temps : L’avantage principal est de pouvoir implanter une culture ou un couvert en avance par rapport à un semis post moisson :
    • Implantation d’un couvert multi-espèces dans une céréales 1 mois avant la récolte.
    • Implantation d’un couvert avant la récolte d’un maïs pour garantir son implantation dans de bonnes conditions.
  • Gain économique : L’intérêt est également de réduire au maximum les coûts d’implantation et d’optimiser le développement des couverts, voire d’aller vers une double récolte annuelle.
  • Réduction des adventices : En semis nature, on ne travaille pas le sol et on le garde toujours couvert, cela a tendance à réduire la levée de dormance des adventices. Si on ne sème rien à ce moment-là, les adventices lèvent, et ce, malgré les herbicides. Ce levier est assuré par la mise en place de couverts végétaux performants (au moins 2 t/ha de biomasse). “Je ne mets plus d’insecticides ni d’anti-limaces. Je rajoute du colza dans les semis de céréales; du soja, colza, lin dans les semis de maïs afin. Ces plantes vont apporter de la nourriture aux ravageurs, puis disparaître après passage d’herbicide. Les limaces sont là, mais les prédateurs aussi, un équilibre écosystémique se crée." Noël Deneuville est agriculteur dans la Nièvre (58), il pratique le semis direct sous couvert vivant sur sa ferme depuis 20 ans.

Réussir un semis nature

Un sol vivant

Le premier critère pour pouvoir implémenter cette technique dans de bonnes conditions est d’avoir un sol qui va être capable d'accueillir cette pratique. Le semis nature ne se réussit que sur un sol vivant, la couverture du sol est donc indispensable. Si le sol est croûté, sans présence de résidus, avec peu de MO ou sans activité biologique qui va incorporer la graine au sol, il n’y a aucune chance que les graines déposées à la surface lèvent.

De l’eau

Le deuxième facteur limitant est l’eau, une problématique récurrente en France et surtout ces dernières années. Cette pratique peut donc être plus délicate à mettre en place à l'été, sans système d'irrigation.

De la lumière

Il faut semer au moment où la culture laisse passer la lumière. ‍On sème dès qu’on sent que la lumière arrive au sol. Si on attend trop, le sol peut se dessécher.

  • Dans une céréale : attendre que les premières feuilles commencent à jaunir (environ un mois avant la récolte).

Il faut bien préciser que le semis nature est un semis opportuniste : on le fait quand les conditions sont réunies. Il ne faut pas être dogmatique.

Dose au semis

On peut observer une perte au moment de la germination. Il est donc important de majorer la dose de semis d’environ 30 à 50%, comparé à un semis classique pour compenser ces pertes. ‍

Espèces adaptées

Contrainte matérielle

La plupart des exploitations agricoles sont équipées d’un épandeur à engrais centrifuge.

  • Cet outil fonctionne bien pour les graines lourdes (blé, soja).
  • Ce n’est pas performant pour les petites graines (colza, millet, tournesol). On peut pallier à ce problème par un épandeur pneumatique ou par l’enrobage de semence afin d’alourdir les graines. La technique consiste à créer des boulettes de graines avec de la mélasse et de l'argile à l’aide d'une bétonnière, puis de sécher le tout afin d’en faciliter la distribution. Les petites graines se collent aux plus grosses et à l'argile, améliorant la rétention en eau dans l'environnement proche de la graine. Cela fonctionne bien sur des petites surfaces, mais le processus est très chronophage pour l’implémenter à plus grande échelle.
  • Pour semer le couvert dans le maïs, on peut utiliser un enjambeur, lorsque  le maïs commence à jaunir. S’il fait sec, les graines restent au sol et vont germer dès que la pluie arrive. Dans ce cas, mieux vaut éviter de broyer les cannes sous le cueilleur. Laisser les cannes droites permet de faciliter leur germination.

Selon la période

  • Pour les semis avant l'été : on favorise des petites graines qui germent mieux sur un sol non travaillé. Les graines angulaires comme le sarrasin ont tendance à mieux rentrer dans les interstices du sol et à bien lever. On évite les graminées et les grosses graines.
  • À l’automne : on va vers des périodes de pluies. On peut se permettre de semer de plus grosses graines : céréales avec un peu de légumineuses. Quand la culture de printemps est récoltée, le couvert est en place.‍

Sources

Le semis nature, une technique à part entière - avec Noël Deneuville, AgroLeague

Annexes

La technique est complémentaire des techniques suivantes

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