Haie contre l'ensablement et Culture de Moringa

De Triple Performance
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Parcelle de blé sur la ferme au moment des moissons en Avril 2025

L’objectif principal de cette initiative est de réduire l’impact du vent et du sable sur les cultures en créant une barrière végétale efficace. Cette haie joue également un rôle de brise-vue, constituant une protection physique et symbolique contre le « mauvais œil ». Elle doit contribuer à améliorer significativement le rendement agricole dans la zone protégée et, à long terme, fournit une ressource supplémentaire en bois de chauffage.

Contexte de la ferme

Province Errachidia, Commune de Tinjedad

Répartition des cultures

  • Surface totale : 4,5 hectares (en propriété melk, sans location)
  • Sol : 70 % sable / 30 % argile
  • Cultures pratiquées :

Production animale

  • Activités : élevage de brebis et vaches
  • Forte diminution du cheptel en raison de la sécheresse, l'effectif est passé de 145 têtes à seulement 15.

Main-d'œuvre

  • Permanente : 2 personnes de la famille (probablement son frère et sa sœur)
  • Saisonnière : 7 à 8 journaliers lors de la moisson du blé et 4 journaliers lors de la récolte des dattes (non familiaux)

Irrigation

  • Irrigation : Système goutte à goutte sur toute la ferme, financé à 100 % par l'État.
  • Sources d’eau : 2 puits équipés de pompes solaires.

Haie contre l'ensablement

Contexte de l'implantation de la Haie

Dans un contexte de vents forts chargés de sable dans la région de Tinejdad, il est nécessaire de mettre en place des haies brise-vent résistantes à la sécheresse et adaptées aux conditions locales. De plus, la ferme de Khali et Youssef Kasse se situe dans une zone particulièrement exposée, où le passage du sable est important et l’ensablement des cultures fréquent.

Le faux poivrier (Schinus molle) a été choisi pour ses atouts : feuillage persistant toute l’année, floraison attractive pour les abeilles, bonne tolérance à la sécheresse, effet brise-vue et capacité à retenir le sable.

D’autres espèces ont été envisagées mais écartées :

  • Tamaris : augmente la salinité des sols.
  • Eucalyptus : racines pouvant fissurer ou casser des constructions proches.
Haie contre l'ensablement 18 ans après sa plantation

Étapes mises en œuvre

  1. Implantation
    • Trois lignes en quinconce, espacées de 50 cm à 1 m entre les lignes et environ 2 m entre chaque arbre.
    • Plantation perpendiculaire au vent dominant (sud-ouest).
    • Arbres de 1 à 2 ans, en sachets, hauteur ~1 m.
    • Coût des arbres : fournis gratuitement par une l'Association Oasis Ferkla pour l'Environnement et le Patrimoine (AOFEP) dans le cadre d’un projet, avec prise en charge des tuyaux d’irrigation.
  2. Plantation
    • Pas de technique spécifique pour creuser les trous, trou adapté à la taille du sachet, pas de fosse élargie.
    • Mise en place de tuteurs (roseaux de la ferme) pour les jeunes arbres afin de résister au vent.
    • Plantation simultanée de l’ensemble des arbres (150 m en trois jours à 3-4 personnes, ou une journée avec 4 ouvriers).
  3. Irrigation
    • Goutte-à-goutte improvisé au départ, resté en place jusqu’à installation d’un système plus récent (3-4ans).
    • Fréquence : 2-3 fois/semaine selon la disponibilité d’eau.
    • Durée : 5 à 6 h d’arrosage, pompe solaire (18 à 25 m³/h selon l’ensoleillement).
  4. Entretien
    • Aucun apport de fumier : les feuilles tombées forment un mulch naturel.
    • Élagage léger des branches tous les 1 à 2 ans.
    • Possibilité d’installer un filet entre deux arbres si un arbre est manquant pour limiter le passage de sable.

Résultats technico-économiques

  • Amélioration des rendements agricoles : +50 % derrière la haie au bout de 3 ans, toutes cultures confondues.
  • Faible coût d’entretien de la haie (1 journée de travail tous les 1-2 ans pour la taille).

Résultats environnementaux

  • Réduction significative de la vitesse du vent dès la 2ᵉ année grâce au développement des branches horizontales.
  • Rétention du sable et protection des sols.
  • La mise en place du faux poivrier permet d’attirer les pollinisateurs dans les cultures grâce à sa floraison, favorisant ainsi la pollinisation et le rendement des productions agricoles environnantes.
  • Apport de bois de chauffage.

Clés de la réussite

  • Choix d’une espèce adaptée aux conditions locales (résistante à la sécheresse et non nuisible au sol ou aux infrastructures).
  • Plantation perpendiculaire au vent dominant.
  • Protection initiale des jeunes plants contre le vent (tuteurs, arbres courts).
  • Implication communautaire et soutien associatif pour la fourniture de plants et matériel.

Points de vigilance

  • Ne pas utiliser des espèces problématiques (tamaris, eucalyptus) à proximité de zones cultivées ou de bâtiments.
  • Bien protéger les jeunes arbres contre les vents violents pour éviter la casse.
  • Prévoir un arrosage régulier les premières années.

Bilan

L’implantation de haies de faux poivrier s’est révélée être une pratique efficace et adaptée au besoin de la ferme.

Elle a apporté une protection contre le vent et le sable, amélioré les rendements agricoles, tout en ayant un impact environnemental positif et en restant économiquement accessible. Aucun problème majeur n’a été rencontré.

Culture de Moringa :

Contexte de la pratique

Le moringa (Moringa oleifera) a été introduit dans la région par une infirmière française qui a apporté des graines. L’AOFEP a assuré la germination et mené deux expérimentations, à Merzouga et à Tinejdad avec les agriculteurs Mohamed Ben Barrad et Youssef Kasse.

Ces deux exploitants ont reçu quelques graines, Youssef Kasse en a planté une partie et distribué le reste à des agriculteurs d’Izilf. Dans la zone, cette culture reste rare et marginale, bien que connue pour ses multiples usages, notamment médicinaux.

Objectifs

  • Explorer son potentiel comme fourrage complémentaire.
  • Expérimenter une culture résiliente à la sécheresse et adaptée aux conditions locales.


Potentiel identifié mais non testé :

  • Tester son intérêt en association avec le palmier dattier pour améliorer les rendements (selon Youssef Kasse il y a une association vertueuse entre Palmier dattier et Moringa)
  • Produire du moringa pour ses propriétés médicinales et nutritionnelles (Il ne pouvait pas vendre la production car trop faible).

Étapes mises en œuvre

  1. Implantation : plantation d’arbres issus de graines locales, espacés de 1,5 à 2 m, avec possibilité d’élargir les interlignes pour permettre le passage d’un tracteur ou d’une charrette.
  2. Période de plantation : février-mars, en sol sableux retenant bien l’humidité.
  3. Reprise végétative depuis les racines après la période hivernale.
  4. Entretien : tuteurage avec des roseaux locaux pour éviter la casse au vent. Aucun traitement chimique utilisé afin de préserver la qualité des feuilles.
  5. Irrigation : goutte-à-goutte, 15 à 30 min tous les 7 jours en été et tous les 14 jours en hiver, peut varier selon la saison et les besoins hydriques.

Résultats technico-économiques

  • Première récolte possible dès la première année si la plantation est effectuée en février-mars.
  • Les feuilles séchées et réduites en poudre peuvent se vendre à environ 20 MAD les 100 g dans la région d'Errachidia.
  • Le rendement dépend de la vigueur des arbres et de la qualité des feuilles.
  • Faible investissement initial lorsque les graines sont fournies gratuitement, mais absence de revenus dans ce cas précis car la production n'a pas été étendue pour des raisons familiales.

Résultats environnementaux

  • Créer de la biomasse avec une bonne résistance à la sécheresse et faible besoin en eau.
  • Amélioration des rendements du palmier dattier lorsqu’il est cultivé en association.
  • Contribution à la biodiversité cultivée par l’introduction d’une espèce à forte valeur médicinale.

Clés de la réussite

  • Choisir un sol sableux qui retient l’humidité.
  • Respecter la période optimale de plantation (février-mars).
  • Protéger les jeunes plants contre le vent avec un tuteur.
  • Limiter l’utilisation de produits chimiques pour garantir la qualité des feuilles.

Points de vigilance

  • Ne pas planter après une culture de maïs en raison de l’appauvrissement du sol.
  • Anticiper l’arrêt végétatif en hiver et récolter les feuilles avant les températures basses voir les gelées.
  • Veiller à une gestion régulière de l’irrigation, même si les besoins en eau sont faibles.

Bilan

Le moringa, bien que sous-valorisé dans la région, présente un fort potentiel grâce à ses vertus médicinales, sa rusticité et son intérêt agronomique en association culturale.

L’expérience de Youssef Kasse montre qu’il peut être facilement intégré dans un système agricole local, avec des perspectives économiques prometteuses en cas de valorisation commerciale.

Youssef Kasse aurait souhaité augmenter la production, estimant que cette culture présente de nombreux avantages, mais il a dû confier la gestion de la ferme à son frère pour des raisons personnelles.

Pour aller plus loin

  • Une vidéo réalisée par SNRTnews qui interview Mohamed Ben Barrad (un des deux agriculteurs qui à récupéré les graines de Moringa), la vidéo illustre l’usage et la valorisation du moringa dans la région : https://www.youtube.com/watch?v=hBnhnqqVCQY.

Galerie photo de la ferme de Khali et Youssef Kasse


Sources

Interviews de Youssef et Khali Kasse réalisées en 2025.

Partenaires

Cette page a été rédigée dans le cadre du projet Urbane avec le soutien financier de l'Union Européenne, avec la participation du Centre National d'Agroécologie et de Ver de Terre Production



Ce portrait a été réalisé avec l'aimable participation de l'association AOFEP.