Fascines

De Triple Performance
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Fascine dans le coin d'une parcelle


Une fascine est un dispositif construit, composé de fagots de branches maintenus entre deux rangées de piquets. C’est un ouvrage linéaire d’hydraulique douce placé perpendiculairement par rapport à la pente et permettant de réduire l’érosion des sols.[1]

Les fascines constituent un obstacle perméable qui freine l’eau et retient la terre. Leur rôle est de réduire la charge solide des ruissellements en milieu érosif en piégeant les matières en suspension (sables, limons, etc.). Elles contribuent également au ralentissement du ruissellement à l’échelle de la parcelle ou d’un petit bassin versant sur plusieurs dizaines de mètres en aval en diminuant la vitesse de l’eau.

Elles peuvent facilement être mises en place et présentent de nombreux avantages.

Différents types de fascines

Les fascines sont principalement composées de fagots de bois (et dans de rares cas, de paille) et peuvent être de 2 sortes :

  • Vivantes : Construites avec des rameaux vivants capables de se bouturer qui se “transforment” au fil du temps en une haie qui renforce et pérennise l’action de l’ouvrage. À la mise en place, ce sont les branchages qui sont efficaces pour freiner les ruissellements. Puis les branchages vieillissent et perdent de leur efficacité. Les arbres, qui se sont alors suffisamment développés, prennent le relais vis-à-vis du ruissellement. Elles favorisent également l’infiltration de l’eau.
  • Mortes : Construites avec du bois mort, leur durée de vie dépend du taux de dégradation du bois et sera de l’ordre de quelques années (environ 4 ans).


Construire une fascine

Il est conseillé de se rapprocher d’une chambre d’agriculture ou d’un syndicat de bassin versant avant d’entamer la construction d’une fascine. En effet, la taille, le nombre et le positionnement des fascines dépendra de l’intensité de l’érosion et se fera au cas par cas en fonction des exploitations.


Où implanter une fascine ?

Les fascines sont à positionner sur le trajet des écoulements concentrés, en tête de bassin versant ou en aval des parcelles érodables. Afin de ralentir les écoulements au niveau des têtes de bassins versants, les fascines doivent être perpendiculaires à la pente et donc à l’axe des talwegs :

  • En mitoyenneté ou inter-parcelle.
  • Dans une même parcelle.
  • Au pied des versants de pente plus faible (2 à 5 %) mais concernés par des problématiques de pluies intenses sur sol nu (ex : semis de maïs ou de betteraves) ou avec un type d’occupation du sol très ruisselant (ex : pommes de terre), et a fortiori si les parcelles sont cultivées dans le sens de la pente.
  • En coin de parcelle afin de retenir la terre et freiner l’eau (axes d’écoulements concentrés)[2].
    Avant et après l'installation d'une fascine

Attention aux distances de plantation. Pour rappel, le code civil impose des distances minimales de plantation d’arbre par rapport aux limites de propriété. La distance minimale est ainsi de 50 cm si l’arbre fait moins de 2 m de hauteur, ou de 2 m si l’arbre fait plus de 2 m de hauteur. Ces distances s’appliquent également aux fascines vivantes qui sont  assimilables à des haies.


Ressources nécessaires

  • Pieux en saule de 10 à 15 cm de diamètre, de 1,5 m de hauteur et ancrés à 50 cm de profondeur.
  • Fagots de branches (saule, hêtre, noisetier) de 3 cm maximum de diamètre et de 2 à 3 m de long sur 25-30 cm de diamètre pour les fagots, bien tassés pour leur permettre d’arrêter les particules très fines.
  • Pour une fascine vivante, des gaules fines de saules, une essence qui bouture bien[3].


Construction

  1. Creuser une tranchée d’environ 30 cm de profondeur et 30 à 50 cm de largeur.
  2. Installer deux rangées de pieux de part et d’autre de la tranchée (en quinconce ou en vis-à-vis).
  3. Constituer deux fagots de rameaux de bois de diamètre 3 à 4 cm et longueur maximale de 3 m. Les fagots doivent être le plus dense possible et maintenus à l’aide de ficelles biodégradables.
  4. Déposer le premier fagot dans la tranchée et le second par-dessus le premier. La hauteur totale des deux fagots doit atteindre environ 60 cm.
  5. Pour une fascine vivante, piquer les gaules fines de saules tous les 15 cm environ entre les pieux. Pour assurer leur reprise elles doivent être enfoncées à environ 50 cm de profondeur.
  6. Bien tasser l’ensemble des fagots et installer sur le dessus des tasseaux ou des fils de fer accrochés aux pieux pour maintenir l’ensemble.
  7. Réaliser un joint de terre au pied de la fascine afin d’assurer un bon contact et une bonne étanchéité.


Pour une fascine vivante, les pieux doivent être choisis dans une essence capable de se bouturer (saule, noisetier, sureau…). Attention dans le vignoble pour les essences de saule et noisetier : risque flavescence dorée à l’étude. Les fagots peuvent être réalisés dans la même essence ou avec une essence différente, non bouturable, ou avec un mélange de plusieurs essences. Privilégier l’utilisation d’essences disponibles localement.[4]


Suivre les mêmes conseils pour la création d’une fascine morte, mais utiliser du bois mort non bouturable à la place.


Réussite de l’implantation d’une fascine

Facteurs clés

Les facteurs clés de l’efficacité des fascines sont :

  • La densité du fagot pour créer un frein à l’écoulement. La densité de tiges doit être supérieure à 40 % et si possible à plus de 50 %.
  • La longueur de la fascine pour éviter son contournement par le ruissellement.
  • Une largeur minimum de 30 cm est toutefois nécessaire pour garantir une action correcte.


Evaluation de l’efficacité de la fascine

  • Les fascines créent un frein opérationnel immédiat et efficace pour réduire les vitesses d’écoulement.
  • Le taux d’abattement des charges solides peut aller jusqu’à 99 % pour les agrégats et particules grossières.
  • Les capacités d’infiltration des fascines sont de l’ordre de 170 mm/h mais restent très variables. Pour les fascines récentes, l’infiltration moyenne à leur pied est très faible, et l’activité biologique reste limitée en profondeur. L’intérêt des associations du type haie + fascine, ou haie + fascine + bande enherbée est démontré pour assurer la durabilité de l’action, et pour conjuguer les effets positifs sur l’infiltration et sur la sédimentation des différentes tailles de particules. L’efficacité des fascines est aussi très faible voire nulle sur les particules argileuses.
  • Dans les régions érosives, le concept « une haie doublée d’une fascine sur le chemin de l’eau » est recommandé.
  • Un entretien régulier est également indispensable pour préserver sur le long terme ce rôle de filtre de la fascine.


Entretenir une fascine

  1. Tailler les rameaux issus des boutures tous les ans.
  2. Réutiliser le bois de taille pour recharger les fagots de la fascine. Si le résultat de la taille n’est pas suffisant, des apports de bois extérieurs peuvent être envisagés.
  3. Replanter certains rameaux taillés, pour densifier le réseau de boutures. Si des pieux n’ont pas repris ou sont morts, les remplacer de la même manière.
  4. Si nécessaire, étaler dans la parcelle l’accumulation de terre qui va se produire progressivement à l’amont de la fascine. Si toutefois l’accumulation de terre devenait trop importante et atteignait la hauteur de la fascine, l’aménagement devrait être repensé et éventuellement complété avec d’autres aménagements limitant l’érosion (keyline design, noues, haies, etc.).


Une fascine morte doit également être régulièrement rechargée en fagots de bois morts, dès que sa hauteur commence à diminuer significativement. De même, les pieux doivent être changés lorsque ceux-ci sont trop dégradés.


Coût et intérêt

Coût

Le coût d’installation est généralement estimé à moins de 100 € TTC/ mètre linéaire  pour la main d’œuvre, les matériaux et les engins (en 2022). Ce coût peut être encore inférieur dans le cas d’auto-construction ou d’utilisation de matériaux récoltés chez soi ou dans la nature.

Les fascines ne sont pas reconnues comme Surfaces d’Intérêt Écologique (SIE) auprès de la Politique Agricole Commune (PAC). Leur création peut cependant être aidée au même titre que d’autres Infrastructures Agro-Ecologiques (IAE) dans le cadre des Contrats Territoriaux (CT) Eau. Se rapprocher de la structure animant le CT Eau de votre territoire.


Intérêts et inconvénients

Intérêts Inconvénients
Protection des sols - limite l’érosion et ralenti le ruissellement Entretien régulier (curage des sédiments)
Biodiversité si couplé avec une haie - lieu de gîte d’alimentation et de reproduction Peut représenter une gêne lors du passage des engins agricoles
Localisation fréquente en bord de parcelle Sur un grand bassin versant, solution partielle mais insuffisante
Facilité de montage et faible coût


Sources

Annexes


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