Compostage à la ferme

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Andains de compost, sur une plateforme de compostage.JPG

Compostage à la fermeAndains de compost, sur une plateforme de compostage.JPG

Andains de compost, sur une plateforme de compostage.JPG

Le compostage est un procédé de transformation de matières organiques hétérogènes en un produit homogène hygiénisé, riche en humus et en éléments nutritifs. Tout déchet organique est compostable (déchets agricoles : résidus de culture, fumiers ou déchets verts).

Le produit issu du compostage, le compost, est très utilisé en agriculture car il présente une facilité d’épandage, une concentration importante en éléments fertilisants et en azote organique (moins lessivable) et permet un meilleur enrichissement du sol sans générer de surcoûts.

Mécanisme et composition

Mécanisme

Le compostage repose sur l’action combinée de différents microorganismes (bactéries et champignons) qui vont dégrader la matière organique. Ces microorganismes ont besoin d’oxygène, d’une température maintenue entre 40 et 60°C et d’un pourcentage d’humidité entre 40 et 60%.

Le  compostage se déroule en 2 étapes principales :

Evolution de la température du compost[1]


  • Phase de décomposition : dégradation de la matière organique facilement biodégradable, avec une augmentation de la température (55-65°C).
  • Phase de maturation : les bactéries et champignons dégradent la matière organique récalcitrante, avec une diminution de la température (25-35°C).


Entre ces 2 phases, on observe un refroidissement progressif du tas de compost.

Composition

La composition du compost varie en fonction des effluents de départ, qui peuvent être composés de n’importe quel déchet organique agricole (résidus de culture, fumiers, etc.).[2]


  • Il est conseillé d’utiliser des effluents suffisamment pailleux (fumier de litière accumulée par exemple).
  • Si les effluents sont plutôt mous et humides (lisiers ou fumiers peu pailleux), il est nécessaire de les combiner avec des supports carbonés (déchets verts, paille, copeaux, BRF, etc.)
  • Si le taux de matière sèche est supérieur à 50%, il est nécessaire d’humidifier le compost.
Type de compost Azote total

(kg/t)

P2O5

(kg/t)

K2O

(kg/t)

Compost fumier

bovin

6,7 3,6 10,8
Compost fientes

volailles avec

litière

12,2 14,3 19,3
Compost de

déchets verts

10 6 11

Co-compostage

Le co-compostage est une sorte de compostage à base de matières organiques de natures différentes, comme du fumier et des broyats végétaux de déchèterie. De nombreux avantages peuvent être tirés du co-compostage :

  • Plus de matière organique à épandre.
  • Compostage de lisiers ou de fumiers à fort taux d’humidité grâce à l’incorporation de déchets secs.
  • Apport d’éléments structurants pour le compost.
  • Création d’une filière courte pour la gestion des déchets végétaux communaux par exemple.

Compostage anaérobie

Le compostage en anaérobie se centre sur la fermentation des composés organiques par des bactéries similaires aux bacilles lactiques présents dans la fabrication fromagère. En l’absence d’oxygène, la fermentation ne produit pas de CO2.

La voie anaérobie regroupe plusieurs techniques de compostage avec des objectifs de valorisation différents :


  • Le Bokashi est une méthode japonaise de fermentation simple permettant d’obtenir une phase liquide (le jus de fermentation) riche en matières azotées et une phase solide (le compost “sec”) riche en MO et en micro-organismes nécessaires à la fertilité du sol. Choisir le bokashi est préférable lorsque les déchets du cycle de production ou les déchets collectés sont divers et que l’objectif est d’avoir une alternative aux intrants azotés artificiels et d’entretenir la structure du sol et son humus.

Mise en place du compostage à la ferme en bout de champ

Broyage et mise en andain

  • Choix de la parcelle : Portante, non humide et facile d’accès, sol apte à l’épandage.
  • Broyage de la matière première afin d’avoir une taille homogène, ni trop fine ni trop grossière pour faciliter l’action des microorganismes.
  • Mise en tas, appelés andains, permettant de faciliter le retournement. Dimensions maximales : 1m80 de hauteur, 3m de largeur.
  • Bâchage pour éviter le lessivage des nutriments avec les précipitations. Il est conseillé d’utiliser une bâche en géotextile perméable et lourd, et de la mettre en place après le dernier retournement.

Date de début de compostage

La période de compostage est choisie en fonction de la date prévue d’épandage[3] :

Dates de début de compostage en fonction de la période d'épande souhaitée

Durée de compostage

La durée de compostage varie en fonction des objectifs d’utilisation du compost :

  • Moins de 2 mois : Compost type engrais organique (apport d’éléments nutritifs à la plante) avec des effets fertilisants et stimulant les microorganismes du sol.
  • Plus de 6 mois : Compost type amendement organique (amélioration des qualités physiques, chimiques et biologiques du sol), enrichissant le taux d’humus du sol.

Suivi du compostage

Un suivi est nécessaire pour s’assurer du bon déroulement du compostage. 3 points sont essentiels à la réussite et à la production d’un bon compost :

  • Température : Mesurée à environ 40 cm de profondeur, elle doit être supérieure à 50°C. Elle peut être mesurée directement à la main (si la main ne peut pas rester plus de 5s, les 50°C sont atteints) ou à l’aide d’une sonde thermométrique (environ 200€). Si elle est trop haute, le compost doit être aéré. Si elle est trop basse, le processus de compostage n’a pas démarré, il faut donc vérifier l’humidité du tas.
  • Aération : Les microorganismes ont besoin d’oxygène pour dégrader la matière organique, le tas de compost doit donc être retourné au minimum 2 fois pendant le compostage. Le premier retournement doit être effectué environ 10 jours après la mise en place et le deuxième environ 1 mois après le premier.
  • Humidité : Le compost ne doit être ni trop humide ni trop sec, un simple test de la poignée permet de déterminer le taux d’humidité :


Test de la poignée [4]

Si le mélange est trop humide, de l’effluent sec peut être ajouté, ou l’andain peut être retourné à une fréquence plus élevée pour permettre à l’eau de s’évaporer.

Si le mélange est trop sec, il suffit d’arroser le tas de compost.

Au fil du temps, le compost devient de plus en plus foncé et de moins en moins odorant.

Matériel

Le compostage en bout de champ ne nécessite presque aucun matériel si ce n’est pour aérer le compost. Différents outils peuvent être utilisés :

  • Retourneur d’andains : Rapide (10 tonnes/min) mais un coût élevé, prévoir une prestation extérieure (environ 200€ pour 2 retournements de 150 tonnes de fumier bovin)[3].
Retourneur d'andains[3]


  • Epandeur à fumier équipé de hérissons horizontaux : Plus long (2 tonnes/min), prévoir 2 tracteurs (un pour l’épandeur et un pour le chargement).
  • Godet à composter.
Godet à composter[5]

Utiliser son compost

Incorporation en fonction des cultures

L’incorporation du compost va dépendre du type de cultures :

Dosage

Le dosage dépend de l’effluent de départ et du type de culture :

  • Composts de bovins, ovins, caprins : 0-15 tonnes/ha pour une prairie, 15-20 tonnes/ha pour les cultures de céréales.
  • Composts de volailles : composts très concentrés : Pas plus de 5 tonnes/ha.

Réglementation

La réglementation dépend essentiellement de la quantité de compost produite.

  • Moins de 3 tonnes/jour : Règlement sanitaire départemental.
  • Plus de 3 tonnes/jour : Régime ICPE (Installation Classée Protection de l’Environnement).


Concernant l’implantation de la zone de compostage, plusieurs règles sont à prendre en compte. La zone de compostage doit se situer à :

  • Plus de 10 m des voies de communication.
  • Plus de 35 m des cours d’eau.
  • Plus de 100 m  des habitations (50 m dans certains cas).
  • Plus de 200 m des lieux de baignade.
  • Plus de 500 m des lieux de pisciculture.

Le compostage est interdit en zone inondable et la durée du stockage et du compostage ne peut pas excéder 10 mois. Une même zone de compostage ne peut être réutilisée qu’au bout de 3 ans.

Résumé

Le compostage à la ferme est une technique facile à mettre en œuvre, nécessitant peu de matériel et peu coûteuse (le coût du chantier compostage est similaire à celui d’un chantier fumier traditionnel, environ 450€ [6]). Le compostage permet une valorisation des déchets agricoles et fournit un produit riche en humus et en éléments nutritifs, facilement épandable  grâce à son homogénéité.

Sources

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