Organisation multi-associés pour plus de liberté au GAEC de La Ferme du Castérieu

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Cyril Couderc, agriculteur dans les Hautes-Pyrénées, nous présente l'organisation originale du GAEC de La ferme du Castérieu, composé de 4 associés et qui se prépare à plusieurs départs à la retraite au niveau des associés et des salariés.

Présentation

  • Nom : Cyril Couderc.
  • Statut : Salarié agricole et futur associé du GAEC (Groupement Agricole d'Exploitation en Commun).
  • Nom de la ferme : GAEC de La Ferme du Castérieu.
  • Localisation : Orleix, Hautes-Pyrénées (65).
  • Formation : BEP mécanique agricole.
  • Productions : Bovins lait, Ovins lait, blé, orge, maïs, sorgho fourrager, soja, méteil, fromage.
  • SAU : 140 ha.
  • UTH : 9.
  • Cheptel :
    • 90 vaches laitières Prim’Holstein et Brunes des Alpes. Une partie de l’alimentation des vaches est produite sur la ferme. Les vaches laitières à la traite sont en bâtiment, les génisses elles, sont sur 12 ha de prairie. Elles ne sont pas toutes en prairie car ils n’ont pas assez de surface et ça leur permet de contrôler la ration des vaches et d’éviter les problèmes de butyrique au moment de la fabrication des fromages.
    • 250 brebis laitières en Lacaune. Les brebis sont en pâture sur 18 ha, elles sont rentrées en bâtiment au moment des agnelages et en hiver car la Lacaune est fragile et frileuse, d’elles même elles ne sortent pas en sortie d’hiver quand ils leur ouvrent les portes.
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  • Les activités : Production, transformation et vente.
    • Atelier transformation avec plusieurs formats : de la petite tomme de 500g, à la grosse tomme de 4,5 kg. Ils produisent 50t de fromage /an.
    • 800000 L de lait de vache / an et 200000 L de lait de brebis /an.
  • Type d'agriculture pratiquée : Conventionnel raisonné. En non labour depuis 9 ans.
  • Sol : Boulbène et argilo calcaire avec des sols relativement profonds.
  • Environnement : Zone périurbaine, ils sont situés à 5 km de Tarbes en Piémont Pyrénéen. Le climat est tempéré, mais plus froid que la moyenne piémontaise (neige l’hiver et très chaud l’été).
  • Mode de commercialisation 
    • 100% du lait de brebis et 65% du lait de vache sont transformés à la ferme, les 35% de lait de vache restant sont vendus en coopérative.
    • Leurs fromages sont vendus sous la marque "Castérieu".
    • Leur clientèle est variée : GMS (Grandes et Moyennes Surfaces) à 55-60%, revendeurs en marchés et en boutiques de produits régionaux en montagne à 10-15%, le reste en vente directe à la ferme.

Historique

La Ferme du Castérieu.
  • 1987 : Création du GAEC non familial par 1 personne d’Orleix. De par la souplesse qu'offre la structure de GAEC non familial, plusieurs associés de tous horizons professionnels et géographiques se sont succédés depuis. Il y a eu jusqu’à 7 associés en même temps et même un Irlandais. Ce "roulement" est dû au fait que les associés ne sont pas bloqués sur la ferme et peuvent partir quand ils le souhaitent s'ils ne se plaisent plus, ou s'ils veulent changer de région ou de métier.


  • 2018 : Toute la fromagerie a été refaite à neuf pour la mettre aux normes. Ces travaux ont nécessité un gros crédit (800000 €) qu’ils sont toujours en train de rembourser.


  • 2023 : Le GAEC compte 4 associés, bientôt 5 avec Cyril, et 4 autres salariés. Aujourd’hui aucun associé n'est originaire du secteur Pyrénéen, il y a 2 Vendéens, 1 Breton et 1 Basque et ils ne sont pas tous agriculteurs de formation. Le but est de rester à 5-6 associés maximum.

Fonctionnement et caractéristiques du GAEC

Le GAEC est géré comme une entreprisechaque associé gère l'atelier dont il est responsable comme une micro-entreprise. Ils se réunissent 1 à 2 fois par mois pour faire un point. Il y a 5 ateliers : Vaches laitières, Brebis laitières, Fromagerie, Commercialisation et Cultures.

De gauche à droite : Bruno, Florian, Cyril et Marc.
  • Marc  : Associé depuis plus de 20 ans, en charge de l'atelier brebis laitières. Au début, il s’occupait des cultures et des vaches. Il s’occupe des brebis depuis 10-15 ans. Il gère également la partie administrative, comptabilité et gestion du personnel. Marc est issu du milieu agricole. Il fait partie des associés qu'il va falloir remplacer car il part à la retraite dans 4-5 ans.


  • Gérard : Associé depuis plus de 30 ans, en charge de l'atelier cultures. Il est le frère de Marc et est donc aussi issu du milieu agricole. Il part à la retraite dans 2 ans.


  • Bruno : Associé, il s’occupe de l'atelier vaches laitières. Son parcours est atypique car il s’est installé plusieurs fois. D’abord en GAEC familial en brebis laitière au Pays Basque, puis en 2004 il arrive à Castérieu sur l’atelier brebis laitières. Il a ensuite repris l’atelier fromagerie, puis en 2010, il est parti du GAEC pour reprendre une fromagerie à Tarbes, mais il est revenu en 2016 à Castérieu sur l’élevage brebis. En 2017, il reprend la fromagerie, car l’associé qui s’en occupait est parti. C'est en 2022, suite au départ du vacher, qu'il se propose pour changer d'atelier et s'occuper des vaches laitières.


  • Florian  : Associé, il s’occupe de l'atelier fromagerie et, en duo avec Cyril, de la commercialisation. Il n'est pas issu du milieu agricole initialement, il a un diplôme en comptabilité et gestion, et il gérait une boutique de vente de beignets avant d'arriver au GAEC. Il a fait une reconversion professionnelle à l'âge de 34 ans, et a passé un BPREA pour s'installer au GAEC en 2000. Il y est resté 11 ans puis en est parti pour être commercial dans la grande distribution, mais il est revenu 2020. Actuellement, il est à la fromagerie et est en doublon avec Cyril en tant que commercial le temps que Cyril termine sa formation.


  • Cyril : Salarié agricole, futur associé (en 2024), en charge de l'atelier commercialisation avec Florian. Au départ, quand il est arrivé au GAEC, il était en charge des cultures, puis il est passé un peu aux vaches et ensuite à la fromagerie. Il donne encore un coup de main 1 week-end sur 2 à l’atelier vaches laitières pour que Bruno puisse avoir quelques week-ends. Il n’est pas agriculteur à la base et est hors cadre familial, il a un BEP mécanique agricole, mais il a toujours été passionné par le métier d’agriculteur. Il connaissait la ferme du Castérieu car il en était client et c'est Bruno qui l'y a fait rentrer. Devenir associé l’intéresse pour la partie entreprenariat, pour s'investir, mais aussi parce que l’organisation et l’ouverture des associés l’attirent car chaque associé est autonome et écouté.


  • Les salariés agricoles : Il y a 1 salarié aux vaches laitières, 1 aux cultures et 3 autres en fromagerie. Ils ont du mal à recruter des salariés au niveau de l'élevage car le travail est dur et il y a beaucoup d’heures de travail comparé à la fromagerie. Le salaire pourrait être plus élevé pour les attirer mais pour le moment ils ne peuvent pas augmenter les salaires à cause des remboursements en cours (prêts pour reconstruire la fromagerie + remboursement de départs d'associés). Les salariés sont impliqués dans les décisions prises par le GAEC, leur avis et idées sont pris en compte lors des réunions bimensuelles.

La commercialisation

Les GMS

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L’avantage des GMS sur la vente à la ferme et les revendeurs, c’est la facilité. Les ventes sont régulières et permettent d’avoir une vision à l’année, les commandes sont les mêmes que la période soit touristique ou non. Aucun tonnage n'est fixé. Le GAEC refuse de passer par une plateforme centrale et préfère travailler en direct avec les chefs de rayon.

Actuellement ils fournissent : tous les Leclerc de Hautes-Pyrénées (HP), 90% des Intermarché des HP et quelques uns dans le Gers, 30 à 40 % des Carrefour Market et Carrefour des HP et 2 Super U dans le Gers.

Par manque de temps, ils ont du mal à rencontrer tous les chefs de rayon en physique, alors ils font les commandes toutes les semaines par téléphone. Ils font eux même les livraisons à 80%, dans un rayon de 60 km. C'est Cyril qui les fait 3 jours/semaine, ça lui permet d'échanger en direct avec les chefs de rayon. Ça reste quand même compliqué pour fixer les prix mais ils arrivent à négocier et à travailler en direct. Mais ils sentent que ça va se compliquer à un moment donné au niveau des contrats.

La facturation papier va être interdite prochainement mais ils sont déjà prêts car tout se fait par mail depuis 2 ans.

La GMS n’est pas embêtante au niveau du cahier des charges. Comme les fromages du GAEC sont faits à partir de lait pasteurisé, ils sont en concurrence avec les fromageries industrielles, mais leur avantage c’est qu’ils sont référencés comme "Produit fermier". Ils sont donc moins chers que du lait cru, mais plus chers que des produits non fermiers, et c’est un plus pour eux.

Les revendeurs

10 à 15% des ventes se font grâce aux revendeurs en marchés et en boutiques de produits régionaux en montagne.

Elles sont très liées aux périodes touristiques. Les revendeurs se trouvent dans les Hautes-Pyrénées et quelques uns dans le Gers et les Landes.

La vente à la ferme

La boutique.

La vente à la ferme a perdu 5% depuis 2022. Pour la redynamiser, ils vont changer les horaires, qui sont actuellement des horaires de bureau, pour plus avoir des horaires de vente avec ouverture plus tard en fin de semaine.


Ils vont également remettre une signalisation sur la nationale qui passe près de la ferme et au village, et relancer leur communication au niveau des réseaux sociaux, car beaucoup de gens ne sont pas au courant qu’ils vendent à la ferme. Avec les réseaux sociaux, il doivent faire attention car dès qu’ils annoncent des promos pour écouler les stocks, certaines GMS jouent alors sur les prix et ils ne veulent pas se fâcher avec les chefs de rayon.


Vous pouvez les retrouver sur Facebook : La Ferme du Castérieu, Instagram : ferme_du_casterieu et sur leur site internet : www.fermeducasterieu.com.

La problématique actuelle

Plusieurs associés et salariés vont partir à la retraite d’ici 4-5 ans, il faut donc préparer leur succession. Cela fait plusieurs mois qu’ils ont commencé leurs recherches mais elles ont été infructueuses pour le moment. Le système actuel fonctionne tel quel, la ferme dégage des bénéfices, mais l’idéal pour eux serait d’avoir entre 5 et 6 associés car leur structure est assez importante et cela permettrait de mieux se répartir la tâche et ainsi pouvoir se dégager du temps personnel.


Ils ne recherchent pas forcément des agriculteurs expérimentés, mais il faut au minimum être passionné par ce métier. Ils sont ouverts à tout, et sont prêts à redistribuer les ateliers entre les associés en fonction des personnes qui se manifesteront. Si l’idée d’un autre atelier, comme un atelier viande, est donnée, et que ça apporte de la rentabilité au GAEC, l’idée sera prise en compte. Mais il faut quand même en priorité remplacer Gérard et Marc afin de pérenniser leurs ateliers actuels avant d’en ouvrir de nouveaux.


Pour devenir associé, l’apport en capital demandé n’est pas très élevé. Ce choix a été fait afin faciliter les nouvelles arrivées mais aussi pour ne pas avoir des problèmes de trésorerie pour rembourser les associés lors de leur départ. C’est surtout la motivation et la passion qui comptent.


Si vous êtes intéressé par devenir leur associé, vous pouvez les contacter via cette adresse mail : contact@fermeducasterieu.com.

Les avantages du GAEC de La Ferme du Castérieu

  • Ce système de GAEC non familial permet de faire venir des associés même hors cadre familial qui sont libres de partir facilement si ça ne leur convient pas ou plus. Les personnes ne sont pas bloquées toute leur vie.
  • Une grande partie du matériel de l’exploitation est en CUMA.
  • Ils ont 1 we sur 2 au niveau de l’élevage.
  • Le lait est transformé sur place.
  • Il y a une bonne cohésion entre les associés et les salariés.
  • La ferme a un ancrage local, beaucoup de bâtiments ont été auto construits avec du matériel local.

Les limites actuelles

A cause du gros crédit en cours, suite à la reconstruction de la fromagerie, ils ne peuvent plus prendre d’autres crédits pendant encore 4 ans, pour faire des investissements sur les autres ateliers, comme pour les vaches laitières où il y aurait besoin de faire des travaux d’entretien des bâtiments. Il aurait fallu sortir la fromagerie du GAEC avant de prendre le crédit pour financer sa reconstruction, ça aurait permis au reste de la ferme de pouvoir emprunter.

Cette situation peut faire peur, même si le GAEC fait des bénéfices chaque année.

Ce qu’ils feraient différemment si c'était à refaire

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Selon Cyril, il aurait fallu changer de système de production quand ils ont relancé leur activité suite à la reconstruction de la fromagerie : avoir une plus petite structure, et une plus petite fromagerie, avec moins d’animaux, ça aurait été plus vivable. Il sait qu’ils ne trouveront pas 4 ou 5 associés pour remplacer les départs à la retraite d’ici les prochaines années.

Quand ils auront plus de souplesse (suite au remboursement du prêt), il faudrait peut-être arrêter la laiterie et du coup avoir un troupeau de vache plus petit dont tout le lait serait transformé à la ferme, et répartir le travail différemment sur les salariés.


L’idée de départ du GAEC c’était d’être nombreux pour permettre des rotations et pouvoir avoir 3-4 semaines de congés par an. Concrètement aujourd'hui, il n’y a qu’1 associé qui y arrive parce qu’il s’arrange avec ses salariés. Les autres associés sont à 1 semaine par an voire 0. L’objectif est de retrouver du temps de repos pour tout le monde, mais tout de suite ils ne peuvent pas, car cette année ils ont perdu du matériel suite à des orages et ils doivent composer sans pour honorer les commandes.


Ils sont une grosse structure qui tourne bien, mais à cause de l'inflation, les ventes en GMS ont baissé de 15% et celle en vente à la ferme de 5%. Les consommateurs font plus attention à leurs dépenses et le fromage n’est pas une priorité. Si les ventes repartent à la hausse l’année prochaine, il va falloir être en capacité de suivre. La période actuelle est donc compliquée.

Opportunités

  • Au niveau personnel : Cyril a eu la possibilité de bouger et évoluer au sein du GAEC, il s'est occupé des cultures, des vaches, a fait du fromage et maintenant il fait le commercial, il est épanoui et content.


  • Au niveau de la ferme : Leur participation au concours de la plus belle ferme de France organisé par le #CoFarming et la vidéo réalisée à cette occasion avec Thierry Agriculteur d'Aujourd'hui, leur a apporté de la visibilité et les retours qu'ils en ont eus les motivent à continuer. Des clients ont même fait presque 400 kms pour venir les voir.


Conseil

Cyril Couderc.

Si une personne, issue du monde agricole ou non, est intéressée par s'installer en tant qu'associé, la base c’est de visiter la ferme et de rencontrer les associés. On ne peut pas s’entendre avec tout le monde, mais ça n’empêche pas de travailler ensemble. La 1ère des choses c’est la passion du milieu agricole ! Ce métier est dur et on ne le fait pas en un claquement de doigts.

Sources

Interview de Cyril Couderc réalisée le 02/11/2023.

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Cette page a été rédigée en partenariat avec Banque Populaire

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