Enherber / végétaliser les bords de cours d'eau
Implanter des bandes enherbées, ou maintenir la végétation spontanée, sur une largeur de 5 à 10 m le long des cours d'eau. En cas d'implantation d'une ou plusieurs espèces en mélange, les espèces à démarrage rapide et à bonne pérennité sont à privilégier. Le semis doit intervenir en période de forte pousse (printemps, fin d'été) pour favoriser une couverture rapide du sol et limiter l'envahissement par des adventices indésirables.
Caractérisation de la technique
L'entretien consiste en un à deux passages par an (broyage ou fauchage) visant à éviter la montée à graine des espèces présentes et la contamination de la parcelle attenante. Le broyage / fauchage est interdit entre le 1er mai et le 15 juillet pendant 40 jours consécutifs définis par arrêté préfectoral. L'épandage de fertilisants et produits phytosanitaires est également interdit.
Exemple de mise en œuvre : L'implantation d'une bande enherbée trèfle blanc / ray-grass de 2 fois la largeur du parc matériel (6 ou 8 mètres) représente un coût de 17 à 25 € pour 100 mètres linéaires, comprenant un à deux déchaumage(s) pour la préparation du sol, un passage supplémentaire visant à diminuer le stock semencier d'adventices indésirables et le semis en un à 2 passages (la décomposition du semis en un passage par espèce permet de favoriser l'homogénéité du couvert). Le coût de l'entretien (2 fauches par an) est de l'ordre de 7-8 € pour 100 mètres linéaires. La pérennité de la bande enherbée peut atteindre 4 ans.
Période de mise en œuvre Sur culture implantée
Le cycle de vie d'une bande enherbée est déconnecté du cycle des espèces cultivées.
Echelle spatiale de mise en œuvre Parcelle
L'enherbement d'un bord de cours d'eau est réalisé à l'échelle de la parcelle, mais l'ensemble du bassin versant (angle et longueur de la pente) doit être pris en compte pour définir la largeur de la surface à enherber.
Réglementation
Influence POSITIVE
La norme BCAE protection et gestion de l'eau impose depuis 2010 l'implantation de bandes enherbées d'une largeur minimale de 5 mètres le long de tous les cours d'eau éligibles. La bande enherbée doit être en place du 1er mai au 31 août, respecter la liste des couverts autorisés (définis par arrêté préfectorals) et les conditions d'entretien (pas d'épandage de fertilisants, produits phytosanitaires, pas de stockage de matériel, pas de broyage / fauchage pendant la période d'interdiction...).
Ces contraintes réglementaires peuvent être renforcées en zone vulnérable par des plans d'action départementaux qui peuvent notamment étendre la largeur minimale de la bande enherbée à 10 ou 15 mètres dans les périmètres concernés.
BCAE protection et gestion de l'eau
Directive nitrate
Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : Variable
émission GES : VARIABLE
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
N.P. : DIMINUTION
pesticides : DIMINUTION
Effet sur la consommation de ressources fossiles : Variable
consommation d'énergie fossile : VARIABLE
Autre : Pas d'effet (neutre)
Air : L'enherbement ou la végétalisation des bords de cours d'eau implique la consommation de carburant, donc le dégagement de gaz à effet de serre pour l'entretien, voire l'implantation en cas de semis. A cette quantité de carburant consommée doit être déduite la quantité qui aurait été consommé pour la mise en culture de la zone tampon. Le stockage de carbone par la végétation en place sur les bandes enherbées vient également réduire les dégagements de GES à l'échelle de la parcelle.
Eau : L'enherbement ou la végétalisation permet de diminuer les transferts de produits phytosanitaires, phosphore et azote vers l'eau en limitant les risques de dérive athmosphérique et en favorisant l'infiltration des eaux.
Energie fossile : L'enherbement ou la végétalisation des bords de cours d'eau implique la consommation de carburant pour l'entretien, voire l'implantation en cas de semis. A cette quantité de carburant consommée doit être déduite la quantité qui aurait été consommé pour la mise en culture de la zone tampon.
Critères "agronomiques"
Productivité : Pas d'effet (neutre)
La présence de bandes enherbées présente un effet favorable sur le rendement moyen de la parcelle par atténuation de l'effet "lisière". Cependant, la diminution de surface cultivée implique une diminution de la production.
Biodiversité fonctionnelle : En augmentation
Les bandes enherbées ou végétalisées en bordure de cours d'eau constituent un couvert favorable à la faune épigée (insectes, oiseaux, mammifères…) ainsi qu'à la faune du sol.
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : Variable
Le maintien de la végétation spontanée en bordure de cours d'eau n'occasionne aucune charge pour l'implantation. La mise en place d'une bande enherbée implique des charges pour l'achat de semences inférieure à 5 € pour 100 mètres linéaires. Mais les charges opérationnelles liées aux cultures de ventes se retrouvent réduites proportionnellement à la surface enherbée ou végétalisée en bordure de cours d'eau.
Charges de mécanisation : Variable
L'enherbement ou la végétalisation des bords de cours d'eau implique des charges de mécanisation liées à l'entretien (7 à 8 € par an pour 100 mètres linéaires) voire à l'implantation (15-20 € pour 100 mètres linéaires). Mais les charges de mécanisation liées aux cultures de vente se retrouvent réduites proportionnellement à la surface enherbée ou végétalisée en bordure de cours d'eau.
Marge : En diminution
Les bandes enherbées ou végatlisées en bordure de cours d'eau constituent des surfaces ne génrant aucun revenu mais pouvant impliquer des charges pour leur implantation ou leur entretien. Le rendement moyen de la parcelle peut cependant progresser par atténuation de l'effet lisière.
Critères "sociaux"
Temps de travail : En augmentation
Même si les bandes enherbées ou végétalisées en bordure de cours d'eau viennent réduire les surfaces consacrées aux cultures de vente, donc la charge de travail qui y est associée, elles impliquent d'autres chantiers (implantation, entretien) consommateur en temps de "mécanisation" (20 minutes pour l'implantation de 100 mètres linéaires et 10 minutes pour l'entretien annuel de 100 mètres linéaires).
L'implantation et l'entretien de bandes enherbées en bordure de cours d'eau implique une charge de travail supplémentaire. Cependant, la présence de ces bandes peut faciliter les manœuvres en bout de champ et ainsi améliorer le débit de chantier des interventions sur la parcelle cultivée.
Temps d'observation : En augmentation
L'implantation de bandes enherbées ou végétalisées en bordure de cours d'eau peut impliquer du temps d'observation supplémentaire pour le choix des espèces à implanter ou la gestion de la flore en place.
Pour en savoir plus
- Aménagements et conduites : une palette de techniques au service de la biodiversité
- -Maillet-Mezeray J. (arvalis)
Perspectives agricoles n°360, p34-42, Article de presse, 2009
- Bandes enherbées
- -CRA Centre
Projet IBIS, Brochure technique, 2010
- Pollutions diffuses : Des outils pour maximiser l'efficacité des zones tampons
- -Le Hénaff G., Gril J.J. (Cemagref)
Perspectives agricoles n°379, p38-42, Article de presse, 2011
Etienne Gaujour | AgroSup Dijon | e.gaujour(at)agrosupdijon.fr | Dijon (21) |
---|---|---|---|
Florian Celette | ISARA | fcelette(at)isara.fr | Lyon (69) |
Rémy Ballot | INRA | remy.ballot(at)grignon.inra.fr | Grignon (78) |