Technique du Zaï

De Triple Performance
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Zaï où la matière organique est déjà placée (Photo : Réseau National des Chambres d’Agriculture du Niger).


La technique du "Zaï" ou "Tassa" est une méthode traditionnelle utilisée dans certaines régions d'Afrique pour améliorer la rétention d'eau et la fertilité des sols dans les zones arides ou semi-arides. Cette technique est particulièrement courante dans des pays comme le Burkina Faso et le Niger. Voici comment mettre en place la technique du Zaï en agriculture.

Description

Depuis les années 80, les agriculteurs sahéliens ont expérimenté diverses techniques de conservation des sols et de l’eau en vue de reconstituer, de maintenir ou d’améliorer la fertilité des terres pauvres et encroûtées de certains espaces appelés "Zippéllé". Une des techniques les plus appréciées par les agriculteurs du nord du Burkina Faso a été le système des trous à semis (demi-lunes) ou "Zaï" dans la langue locale. Cette technique a été importée du Mali et a été adoptée et améliorée par les agriculteurs du nord du Burkina Faso après la sécheresse des années 80.

Principe

Le Zaï consiste à creuser des trous pour y concentrer les eaux de ruissellement et les matières organiques. Il faut préparer la terre très tôt dans la saison sèche en creusant ces cuvettes et en rejetant la terre en croissant vers l’aval. Ces micro-bassins piègent des sables, des limons et des matières organiques emportés par les vents. L’ensemble du champ est entouré d’un cordon de pierres ou à défaut de diguettes anti-érosives pour maîtriser le ruissellement très violent sur ces terres encroûtées.

On y dépose de la matière organique que l’on recouvre d’une fine couche de terre. Les termites, attirés par les matières organiques, creusent des galeries au fond des cuvettes qu’elles transforment en entonnoirs. Après les premières pluies, environ deux semaines après l’apport de matière organique, on peut semer les graines.

Les eaux de ruissellement s’y engouffrent et créent des poches d’humidité en profondeur à l’abri de l’évaporation rapide. La technique du Zaï permet donc de concentrer localement l’eau enrichie par le ruissellement et les nutriments transformés par les termites.

Objectifs

La technique de Zaï agricole vise à :

  • Favoriser l’infiltration sur les sols imperméables.
  • Obtenir des récoltes normales voire plus élevées sur des terres encroutées des zones arides.
  • Collecter les eaux et les mettre à la disposition de la culture.
  • Augmenter le stock d’eau du sol.
  • Récupérer les terres encroûtées et les mettre en valeur.
  • Améliorer l'utilisation et l'aération du sol.
  • Améliorer la fertilité des sols par le piégeage de particules fines apportées par les eaux de ruissellement et le vent.

Etapes de mise en place

Paysan creusant des Zaï avec sa daba. ©A. Barro.

Les Zaï agricoles sont applicables dans les zones soudanienne et sahélienne où les sols ont été dégradés par l’action de l’érosion hydrique et sont donc devenus incultes. Ces sols sont généralement nus, encroûtés et indurés et génèrent beaucoup de ruissellement. Ils sont généralement installés sur des terrains à pente faible (inférieure ou égale à 3%) dont les sols ne sont ni très sableux ni très argileux. Le Zaï agricole est pratiqué sur les terres destinées aux cultures pluviales.


  • Repérer le sens général d’écoulement des eaux de pluies puis construire une 1ère courbe de niveau.


  • Préparation du sol : S'y prendre très tôt dans la saison sèche (de novembre à juin). Sur cette 1ère courbe de niveau, creuser des trous circulaires (ou rectangulaires) dans le sol de 20 à 40 cm de diamètre et de 10 à 20 cm de profondeur en rejetant la terre en croissant vers l’aval du creux c’est-à-dire dans le sens de l’écoulement. Les trous sont espacés d'environ 70 à 100 centimètres les uns des autres. Passer ensuite à la ligne suivante en aval de la 1ère en veillant à la disposition en quinconce et ainsi de suite jusqu’en bas de la pente. Les cuvettes peuvent être creusées manuellement à l’aide de daba (houe à manche court) ou mécaniquement (traction animale ou motorisée). La densité moyenne est de 10000 Zaï /ha[1].


  • Fertilisation :
    • Apport de matière organique : Dès les premières pluies, ajouter du compost, du fumier ou d'autres matières organiques dans chaque trou : (300 à 600g/trou = 1 à 2 poignées de fumier/compost = en moyenne 3 t/ha). Cela contribue à enrichir le sol en éléments nutritifs.
    • Cendres et autres amendements : Certains agriculteurs ajoutent des cendres ou d'autres amendements pour améliorer la qualité du sol.

Recouvrir cet apport d’une fine couche de terre (5cm).


  • Semis : Semer des graines après les premières pluies (au moins 20 mm) à l'intérieur de chaque trou. Il peut s'agir de cultures céréalières ou de légumes adaptés à la région. Faire un arrosage initial avec de l'eau pour aider les semences à s'établir dans le trou.


  • Entretien et suivi : Surveiller la croissance des plantes et fournir de l'eau supplémentaire au besoin, surtout pendant les périodes sèches. Protéger les jeunes plants des animaux et des parasites.

Désherber les poquets au moins deux fois par cycle de culture pour éviter l’expansion des mauvaises herbes. Semer dans les mêmes cuvettes la deuxième année.


Vue générale de la disposition des Zaïs (Sani M A G).

Technique du Zaï mécanique

Travail mécanisé pour creuser des Zaï. ©A. Barro.

L’adoption de la technique manuelle du Zaï est limitée par nombre de contraintes dont l’une des principales est la forte demande en main d’œuvre. L’opération, qui se déroule en période sèche et chaude, est donc pénible pour les paysans.

La mécanisation de l’opération est possible. Elle consiste à réaliser des passages croisés de la dent de travail du sol en sec en traction animale ou mécanique. Le premier passage est fait dans le sens de la pente : l’écartement entre passage correspond à l’écartement entre poquets. Le second est perpendiculaire à la pente et croise le premier. Les écartements entre passage correspondent aux écartements entre lignes de semis.

L’écartement entre les trous varie selon la culture envisagée. Pour le petit mil qui talle beaucoup, il peut être de 80 cm x 80 cm. Pour le sorgho qui talle moins que le mil, il peut être de 70 cm x 70 cm. A l’intersection des 2 passages se trouve la cuvette de Zaï : on excave la terre des points d’intersection et on la dépose en aval de chaque cuvette.


Zai Mecanique.jpg

Avantages

  • Protection contre l'érosion : Les cuvettes aident à réduire l'érosion du sol en ralentissant le ruissellement de l'eau.
  • Rétention d'eau : Ils agissent comme des réservoirs d'eau, permettant aux plantes d'accéder à l'eau plus longtemps, même pendant les saisons sèches, car le stockage de l'eau en profondeur diminue les pertes par évaporation et favorise la recharge de la nappe.
  • Fertilité du sol : L'ajout de matière organique enrichit le sol, améliorant sa fertilité et sa capacité à supporter la croissance des plantes. Le piégeage dans les cuvettes des matières organiques déplacées par les vents améliore également la fertilité des sols.
  • Génération des sols : Efficacité de récupération des terres dégradées et encroûtées dans un délai court.
  • Meilleur rendement des cultures : La levée précoce et l'enracinement profond favorisent le rendement des céréales.
  • Gain de temps : Le sarclage étant limité au poquet réduit la main d’œuvre pour l’entretien des cultures.
  • Valorisation optimale du fumier par une application localisée.
  • Séquestration du Carbone.
  • Facilité d’appropriation par la population.

Limites

  • Travail intensif : Creuser manuellement de nombreux trous Zaï peut être un travail intense, nécessitant beaucoup de main-d'œuvre, ce qui peut être difficile dans les communautés où elle est limitée. Estimation du temps de travail : 100 à 120 Zaï/homme/jour.
  • Exigence d’importantes quantités de matière organique de bonne qualité.
  • Risque d’asphyxie des jeunes plants en cas de fortes précipitations.
  • Risques d'attaque des plants par des termites attirées par le fumier quand il est mis tardivement.
  • Dépendance aux conditions climatiques : La technique du Zaï dépend des précipitations pour remplir les trous d'eau. Dans les années de sécheresse prolongée, l'efficacité de la technique peut être réduite.
  • Espace limité : Cette méthode nécessite beaucoup d'espace entre les trous pour un effet optimal. Dans les zones où l'espace est limité, il peut être difficile de la mettre en œuvre à grande échelle.
  • Adaptabilité : La technique du Zaï peut ne pas être appropriée dans tous les contextes. Son succès dépend des caractéristiques spécifiques du sol, du climat et des ressources disponibles.
  • Durée de vie limitée : La durée de vie d’un Zaï agricole est d’1 à 2 ans. Après ce temps, il faut les recreuser au même endroit pour permettre aux impluviums de continuer à jouer leurs rôles et renouveler la matière organique.

Pour aller plus loin


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Cette page a été rédigée en partenariat avec le projet Urbane et grâce au soutien financier de l'Union Européenne.

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Sources


Annexes


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