Optimiser l’application d’un herbicide

De Triple Performance
Aller à :navigation, rechercher

Herbicide Application PulvePreLevee2.jpg


Par définition, un herbicide est toujours toxique. Optimiser son utilisation, c’est se donner le plus de garanties de son efficacité avec les doses les plus réduites possibles. A l’inverse, une mauvaise utilisation peut résulter en une perte quasi totale d’efficacité pour un coût et une pollution supérieure.


Il est possible d’optimiser l’efficacité des herbicides lors de leur utilisation grâce à des méthodes préventives et curatives :

  • Connaissance des adventices pour mieux les combattre.
  • Leviers agronomiques préventifs et curatifs.
  • Prise en compte des différentes conditions d’application (météo, préparation de la bouillie, matériel d’épandage, etc.).

L’efficacité d’un herbicide dépend grandement de facteurs extérieurs, du stade de développement de l'adventice, de la période d’application et du matériel utilisé. Une meilleure maîtrise de l'application des herbicides permet de réduire l'IFT et s'inscrit dans le cadre d'une transition agroécologique.

Conditions météorologiques

Herbicide Application RampeBuse.jpg
  • L’hygrométrie : En période de sécheresse, la cuticule des feuilles aura tendance à s’épaissir et empêchera la pénétration de l’herbicide dans la plante. L’hygrométrie optimale est de 70% ou plus.
  • Le vent : Il peut entraîner des dérives par rapport à la zone ciblée et un assèchement de la surface foliaire. Il doit être inférieur à 19km/h.
  • La température : Elle doit être comprise, pour la majorité des produits, entre 5 et 20°C en évitant les amplitudes thermiques jour / nuit supérieures 15°C.
  • L’humidité du sol : Elle doit être suffisante pour favoriser l’absorption (en particulier pour les herbicides racinaires / pré-levée).
  • Le délai avant la pluie : Une forte pluie peut entraîner un lessivage de l’herbicide, il ne faut pas qu’il pleuve dans les 2h après le traitement[1].

Etat du sol

Pulvérisation sur un sol sans motte.

Les herbicides de pré-levée sont très dépendants de l'état physique du sol.

  • Les applications seront peu régulières sur un sol trop motteux et la détérioration des mottes laissera apparaître du sol qui n’aura pas reçu de produit.
  • Si le sol est couvert par un paillis dense, la pulvérisation sera captée et n’atteindra pas la zone racinaire.
  • Si le sol est trop gorgé d'eau, il y aura des risques de phytotoxicité
  • La disponibilité de l’herbicide dans la solution du sol dépend de la texture :
    • Le produit est adsorbé par les feuillets d'argile ou les colloïdes de la matière organique. Dans ce cas, la dose d'emploi doit être augmentée.
    • En sol sableux, les risques de phytotoxicité sont accrus, puisque tout le produit apporté est disponible.

Conditions d’application

Herbicide Application ReglagePulve.jpg
  • La dose : L’efficacité d’un herbicide dépend de la dose épandue avec une dose limite d’efficacité qui peut varier en fonction de la plante ciblée et de la période d’application (spectre d’efficacité).
  • Choix de la buse et du matériel de pulvérisation : Utilisation d'appareils adaptés aux pulvérisations d'herbicides, équipés par exemple de buses à jet plat (obtenu avec des buses pinceau ou miroir), de plus, un soin particulier doit être demandé aux opérateurs pour son réglage et pour son entretien après usage (rinçage, nettoyage, ...).
  • L'étalonnage des appareils doit faire l'objet d'une vérification régulière, afin de corriger les défauts des appareils (usure des buses) ou les défaillances des opérateurs, la quantité de bouillie épandue par hectare doit être déterminée, pour faire les calculs de dilution de la bouillie.
  • La technique d'application doit être bien maîtrisée, il est indispensable que la répartition sur la surface traitée soit parfaitement homogène.

Préparation de la bouillie & qualité de l’eau

Les adjuvants

Les adjuvants ne sont pas des produits herbicides mais permettent d’améliorer les performances des herbicides, sans diminuer les doses utilisées. Il existe 3 types d’adjuvants : [1]

  • Mouillants : étalent les gouttes et les accrochent mieux au feuillage. Leur efficacité dépend de la "mouillabilité" des plantes (ex : Biofix, Break Thru S240, etc.)
Plantes "mouillables" Plantes "peu mouillables"
Toutes les graminées (vulpin, ray-grass, folle avoine, etc.)
  • Huiles  : elles facilitent la pénétration des produits dans les plantes, et s'utilisent avec des produits systémiques sur des plantes peu mouillables (ex : Actilandes, Actirob B, etc.)
  • Humectants : évite la dessiccation en captant l'humidité de l'air (ex : Actimum, Jonxion, etc.)


Les adjuvants ont également différents rôles de la préparation de la bouillie à la pulvérisation :

  • La précipitation et la mousse excessive dans la cuve : Les adjuvants limitent les phénomènes indésirables et maintiennent les propriétés physico chimiques de la bouillie dans des plages optimales.
  • La qualité de pulvérisation : Notamment en jouant sur l’amélioration du jet de pulvérisation (moins d’embruns, homogénéisation du calibre des gouttelettes, plus grande proportion de gouttelettes).
  • L’étalement des gouttes et leur maintien en surface : Les adjuvants permettent d’obtenir une bonne répartition de la bouillie en superficie du sol ainsi qu’une meilleure rétention du produit à la surface des feuilles.
  • L’efficacité prolongée malgré la pluie : En cas de fortes pluies, les herbicides peuvent être lixiviés, les adjuvants permettent à l’herbicide de rester dans les premiers centimètres du sol malgré de fortes précipitations.
  • Augmentation globale de l’efficacité de l’herbicide : Les adjuvants permettent d’augmenter la pénétration de l’herbicide dans la plante en limitant les phénomènes d’explosion et de rebond de la gouttelette lors de l’impact[2].


Différence d'efficacité selon l'utilisation ou non d'un adjuvant[3]

La préparation de la bouillie

La préparation de la bouillie est également un élément important de la pulvérisation : Il est indispensable :

  • D'employer une eau de bonne qualité pour la préparation des bouillies : Il faut notamment surveiller le pH, la conductivité la température de l’eau et sa dureté. Cette dernière peut être gérée grâce à du sulfate d'ammonium.
  • De s'assurer de l'homogénéité du mélange.
  • D'utiliser un filtre.


Des solutions comme celle d’AG'EAU-VITAL permettent de préparer l’eau afin d’augmenter la solubilité des produits phytosanitaires à 95% (contre 40 à 60% en temps normal) et de régler la température de l’eau à 22°C. Ce genre de solutions permet d’augmenter l’efficacité du désherbage chimique de 30 à 50%.

Dans l'ordre, pour préparer la bouillie, il faut :

  1. Remplir la cuve au 2/3 d’eau souhaité
  2. Arrêter le remplissage et mettre l’agitation en route
  3. Introduire les produits ayant une action sur la qualité de l’eau (acidifiant, correcteur de la dureté de l’eau, sulfate d’ammonium)
  4. Incorporer les produits phytosanitaires dans l’ordre suivant :
    1. Les formulations solides
    2. Les formulations liquides
    3. Les adjuvants (détail chapitre ci-dessous)
  1. Ajouter le 1/3 d’eau restant dans la cuve

Respect des préconisations du fabricant

La réussite d'une application d'herbicide est également conditionnée par le bon suivi des recommandations du fabricant.

  • Les mélanges de produits lors d’une même application doivent tenir compte des caractéristiques de chacune des matières actives employées, pour éviter les assemblages inutiles voire contre productifs et pour adapter les doses à épandre. Attention, un même produit peut changer de formulation, et par exemple changer de niveau de pH, le rendant soudainement impropre au mélange avec d’autres produits. Toujours vérifier les étiquettes même sur des produits "connus".
  • Respecter l'époque d'intervention préconisée. Par exemple, les produits de pré-levée ne doivent pas être appliqués sur des plantes déjà levées. Les herbicides de post-levée sont épandus en fonction du stade de développement des mauvaises herbes, en particulier s'ils ont une action de contact.

Sources

  1. 1,0 et 1,1 Chambre d'Agriculture Ile de France, 2019 : Faire évoluer ses assolements et optimiser ses itinéraires techniques http://www.ile-de-france.chambagri.fr/pro77/rep-agronomie/grande_culture/files/181221_Guide_culture_2019_internet.pdf
  2. AFA, 2014 : Les adjuvants, un outil d'optimisation de la protection phytopharmaceutique https://ecophytopic.fr/sites/default/files/2020-04/AFA%20-%20BROCHURE%20TECHNIQUE%20-%20%C3%A9dition%202014%2011%2028%20-%20LIEN%20PUBLIC.pdf
  3. Sangosse, 2022 : Sécuriser le désherbage d'automne grâce aux adjuvants https://www.reference-agro.fr/innovation/securiser-le-desherbage-dautomne-grace-aux-adjuvants/


Partager sur :