Gérer les besoins en eau en période de pâturage
Pendant la saison de pâturage, il est vital d’assurer l’approvisionnement en eau des animaux, tant en quantité qu’en qualité. L’absence ou le manque d’eau entraînent en effet des pertes en termes de croissance ou de production laitière. Si le pâturage tournant est un moyen efficace d’améliorer l’autonomie fourragère sur son élevage, l’approvisionnement en eau de chaque paddock doit être réfléchi avant sa mise en place.
Déterminer les besoins en eau du cheptel
Quelle que soit la saison, il est préférable de donner aux animaux une eau entre 8 et 14°C. Pour connaître les besoins en eau des animaux, plusieurs facteurs sont à prendre en compte.
Les conditions climatiques :
Pour chaque espèces :
à 20°C, le besoin en eau augmente de 30 %
• à 25°C, le besoin en eau augmente de 50 %
• à 30°C, le besoin en eau augmente de 100 %
L’humidité relative de l’air est également un facteur pouvant faire varier la consommation d’eau : les besoins en eau des animaux sont ainsi plus importants en conditions séchantes, été comme hiver.
L’alimentation :
La quantité d’eau consommée varie en fonction du contenu en eau des aliments ingérés par l’animal.
Par exemple en élevage bovin laitier :
L’animal
La consommation d’eau varie selon le stade physiologique et la production laitière de l’animal :
Élevage bovin
En conditions estivales, il faut multiplier les quantités ci-dessus par 1,5 à 2. Ainsi une vache allaitante de 800 kg en fin de lactation peut consommer près de 130 L d’eau par jour sur l’été lorsqu’il n’y a presque plus d’herbe à pâturer et qu’on l’alimente avec du fourrage sec.
Élevage ovin
Élevage caprin
Pour les chèvres au pâturage, l’eau contenue dans l’herbe pâturée et bue au bâtiment matin et soir est suffisante pour combler leurs besoins. Un abreuvoir n’est donc nécessaire qu’en cas de fortes chaleurs, ou lors de longues journées de pâturage sans retour au bâtiment. La présence d’un abreuvoir peut même attirer fortement les chèvres, et empêcher un pâturage homogène sur l’ensemble du paddock.
Élevage équin
La consommation journalière d’eau varie de 15 à 60 litres en moyenne pour un cheval de 500 kg en fonction de la teneur en eau des aliments, du stade physiologique de l’animal ou de l’activité exercée, et des conditions météorologiques. Les besoins en eau d’une jument gestante (ou en lactation) sont supérieurs à ceux d’un cheval à l’entretien. La production laitière par exemple, qui représente 2,5 à 3L /100 kg de poids vif (PV), soit 12,5 à 15 L/jour pour une jument de 500 kg, génère des besoins complémentaires.
Gérer l’accès à l’eau du troupeau
Les vaches et les ovins ont un fort instinct grégaire : si la distance entre l’abreuvoir et la zone de pâturage des animaux est inférieure à 200 m, les animaux vont venir s’abreuver fréquemment, seuls ou en petits groupes. Si la distance est supérieure à 200 m, ils viendront boire moins souvent, et en grands groupes. Cela signifie que si l’abreuvoir est trop petit pour que tous les animaux y accèdent en même temps, ou qu’il n’y a pas assez d’eau pour tous, les dominés ne boiront pas suffisamment et auront des performances limitées.
Dans le cas d’un pâturage tournant, le dimensionnement des paddocks est réduit : le ou les points d’eau ne sont jamais éloignés de plus de 200 m de la zone pâturée. Il suffit alors que 10 % des animaux du lot puissent s’abreuver en même temps. Si la distance entre l’abreuvoir et le point le plus éloigné du paddock est supérieure à 200 m, préférez des abreuvoirs longs avec une réserve d’eau qui permet à au moins 20 % des animaux du lot de s’abreuver en même temps.
L’abreuvoir ne doit pas se trouver dans un coin pour ne pas en limiter l’accès à quelques animaux. De même, il ne doit pas être placé à l’ombre, pour éviter que les animaux dominants monopolisent l’accès.
Réglementation sur la source
Utiliser un cours d’eau
Tout propriétaire riverain d’un cours d’eau est autorisé à y faire boire ses animaux, mais il a le devoir légal d’assurer son écoulement naturel. Si le piétinement du lit et des berges est excessif (cheptel important et petit cours d’eau), il convient de protéger le cours d’eau : mettre en défens efficacement les berges, installer une pompe à museau ou des abreuvoirs solides en bois. Des syndicats de rivière proposent une aide technique et financière. Des aides peuvent être possibles dans différents cadres (PCAE, CAP, …).
Les travaux importants modifiant le lit mineur du cours d’eau (pose de barrages, modification du profil en long, busage du cours d’eau pour amener l’eau à un point d’abreuvement, etc) doivent faire l’objet d’une autorisation administrative préalable au titre de la loi sur l’eau.
Forage
Un forage est soumis à une réglementation précise :
- S’il s’agit d’une nappe d’accompagnement, le forage est assimilé à un prélèvement en cours d’eau et est donc soumis aux mêmes restrictions estivales.
- S’il s’agit d’une nappe réservée à l’alimentation en eau potable, le prélèvement est limité à 1000 m3 par an par exploitation.
- Les Zones de Répartition des Eaux (ZRE) délimitent des zones où les ressources en eau sont insuffisantes pour combler les besoins, de manière chronique. Le forage peut y être soumis à déclaration, voire à autorisation.
Pour savoir si votre forage actuel ou futur est concerné par ces réglementations, contactez la DDT (Direction Départementale des Territoires) de votre département.
Qualité de l’eau
Il n’y a pas de normes officielles pour la qualité de l’eau destinée à l’élevage mais quelques recommandations. La charte des Bonnes Pratiques d’Élevage demande que les animaux aient un « accès régulier à un point d’eau de qualité adéquate », « eau visuellement propre, sans excréments, claire et régulièrement renouvelée ».
Lorsque l’on investit dans des aménagements qui améliorent la qualité de l’eau d’abreuvement, on peut espérer avoir des avantages durables pour l’élevage :
- Eau plus propre, plus accessible : les animaux boivent davantage, donc mangent plus, d’où un gain de productivité.
- Diminution des risques sanitaires (maladies, parasitisme, baisse de la fécondité, …).
- Meilleure valorisation au pâturage : herbe consommée plus uniformément, plus de temps à paître, meilleure croissance et baisse du coût alimentaire.
Il faut éviter les eaux stagnantes, car elles sont sources de streptocoques fécaux, de larves de parasites, et d’algues.
Pour limiter ces problèmes, il faut d’abord protéger les points de captage des pollutions du milieu. Il est recommandé de faire une analyse sur toute nouvelle ressource d’eau utilisée pour l’abreuvement des animaux, et en cas de pathologie en élevage. Attention : la qualité de l’eau peut s’altérer entre la source et l’arrivée dans l’abreuvoir, notamment en cas de forte chaleur.
Il est donc important de faire une analyse au niveau de l’abreuvoir, en plein été. La qualité peut également varier d’année en année (hors réseau d’eau potable).
Les points de vigilance
- Entretien des abreuvoirs : un manque d’entretien entraîne un salissement des bacs qui verdissent et un refus des animaux.
- Qualité de l’eau : si la qualité n’est pas surveillée régulièrement ou que des courants parasites apparaissent, les animaux refuseront le plus souvent de s’abreuver.
- Positionnement : si les abreuvoirs sont mal positionnés dans la parcelle (dans un coin, à l’ombre d’un arbre) les animaux dominés ne pourront pas avoir accès à l’eau et on verra une baisse de production et un risque plus élevé de mortalité. On peut également voir des abreuvoirs souillés par les déjections.
- Débit d'arrivée d’eau : si le débit d’eau est trop faible, le temps d’attente sera trop important à l’abreuvoir.
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Sources
- Chambre d’Agriculture Centre-Val-de-Loire.2022.Optimiser son abreuvement.