Eviter l'irrigation
Le développement de certains bioagresseurs peut être favorisé par un excès d'irrigation de la culture en place. Un meilleur raisonnement de l'irrigation (voir "Irriguer en maximisant l'efficience des apports d'eau") permettra donc de limiter les dégâts.
La décision de ne pas irriguer une culture peut donc être tactique ou stratégique (pas d'équipement sur l'exploitation, pas d'accès à l'eau…).
Points d'attention
- Le rendement des cultures dont les besoins en eau coïncident avec des périodes de faible pluviométrie (cultures d'été) peut être fortement pénalisé "en sec". Ce phénomène peut être accentué sur des sols à faible réserve utile.
- L'impact de la conduite en sec d'une culture sur le rendement est directement corrélé au contexte climatique annuel (pluviométrie).
Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air :
- Emission phytosanitaires : Neutre.
- Emission GES : Diminution.
Effet sur la qualité de l'eau :
- N.P. : Variable.
- Pesticides : Diminution.
Effet sur la consommation de ressources fossiles :
- Consommation d'énergie fossile : Diminution.
Ne pas irriguer permet d'éviter la consommation de carburants liée à la mise en œuvre de l'irrigation (pompage, déplacement des enrouleurs…).
Transfert de polluants vers les eaux (N, P, phyto ...) : Variable.
Ne pas irriguer peut permettre d'éviter les transferts de nitrates par lixiviation ou de phosphore et de résidus phytosanitaires par ruissellement dus à une irrigation en excès. En revanche, si le déficit hydrique ne permet pas d'atteindre le rendement visé, le reliquat d'azote minéral présent dans le sol en entrée d'hiver pourra impliquer des risques accrus de lixiviation pendant la période de drainage.
Transfert polluant vers air (N, P, phyto ...) : Pas d'effet (neutre).
Dégagement de GES : Diminution.Ne pas irriguer permet d'éviter la consommation de carburants et les émissions de gaz à effet de serre liées à la mise en œuvre de l'irrigation (pompage, déplacement des enrouleurs…). Par ailleurs, la conduite "en sec" des cultures permet d'éviter les émissions de protoxyde d'azote liées à un état d'anoxie de surface provoqué par une irrigation en excès.
Critères "agronomiques"
Productivité : En diminution.L'effet de la non irrigation sur le rendement des cultures dépend :
- de la sensibilité des cultures au stress hydrique,
- de la réserve utile du sol,
- du contexte climatique annuel (pluviométrie).
De façon générale, l'effet est neutre dans les situations où l'irrigation n'aurait pas été justifiée.
Fertilité du sol : Pas d'effet (neutre).
Stress hydrique : En augmentation.
Biodiversité fonctionnelle : Pas d'effet (neutre).
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : En diminution.
La non irrigation d'une culture, lorsqu'elle est décidée de manière anticipée, doit conduire à revoir l'ensemble des éléments de l'itinéraire technique : densité de semis, dose d'azote… en cohérence avec l'objectif de rendement visé.
Charges de mécanisation : En diminution.
Ne pas irriguer permet d'éviter les charges de mécanisation liées à l'irrigation : charges de carburant liées au pompage, déplacement des enrouleurs… voire amortissements des équipements d'irrigation si la décision de ne pas irriguer conduit à ne pas investir (ou réinvestir) dans du matériel.
Marge : Variable.L'effet de la non irrigation sur la rentabilité dépend de l'effet sur le rendement, des réductions de charges permises, voire des aides pouvant être obtenues.
Critères "sociaux"
Temps de travail : En diminution.
Ne pas irriguer permet de s'affranchir de la charge de travail liée à l'irrigation.
Pour en savoir plus
Mots clés
- Méthode de contrôle des bioagresseurs : Contrôle cultural.
- Mode d'action : Atténuation.
- Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Reconception.
Contacts
Estelle Meslin - INRA - estelle.meslin@rennes.inra.fr - Rennes (35). Rémy Ballot - INRA - remy.ballot@grignon.fr - Grignon (78).