Acétonémie de la vache laitière : prophylaxie, détection et traitements

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L'acétonémie ou cétose est un dérèglement métabolique, caractérisé par une élévation de la teneur du sang en corps cétoniques. Bien que souvent asymptomatique, elle peut avoir de fortes conséquences sur les performances des animaux d'élevage.


Description et causes possibles

Description générale

En élevage de ruminants, l'acétonémie apparaît principalement en début de lactation, lorsque les besoins alimentaires sont élevés.

Chez les bovins, la fin de gestation est caractérisée par une hausse des besoins énergétiques et une baisse de la capacité d'ingestion, car le rumen est comprimé par le fœtus. Le vêlage et la production de lait qui en découle, entrainent un accroissement brutal des besoins énergétiques. La capacité d'ingestion des vaches remonte lentement (il faut environ un mois pour qu'elle retrouve la normale) : pendant cette période l'animal doit puiser dans ses réserves graisseuses pour couvrir ses besoins.

D'un point de vue métabolique, l'énergie utilisée par une vache suite à sa mise bas est alors principalement issue d'acides gras. Ceux-ci sont normalement dégradés par le foie en glucoses ou en corps cétoniques qui fournissent l'énergie aux tissus. Cependant, il arrive que le foie soit surchargé par les acides gras, et que leur dégradation soit incomplète : il y a alors une accumulation de corps cétoniques dans le sang (notamment le BHB : Béta-Hydroxy Butyrate) . La vache est alors en manque d'énergie : c'est l'acétonémie.


Causes

Cette carence en glucose est quasi-systématiquement synonyme de dysfonctionnement du foie ou d'une alimentation inadaptée.

On distingue trois types d'acétonémie[1] :

  • Syndrome "vache maigre" : pour les animaux en sous-nutrition, les apports énergétiques alimentaires sont insuffisants par rapport aux besoins .
  • Syndrome "vache grasse" : pour les animaux avec beaucoup de réserves graisseuses (note d'état corporel > 4) après leur mise bas.
  • Cétose alimentaire : par ingestion d'aliments cétogènes ou riches en acides butyriques (souvent de l'ensilage mal conservé).

Détection des cas cliniques et sub-cliniques

Cas cliniques

Les cas les plus sévères, dits cliniques, peuvent être détectés par simple observation des symptômes[2] :

  • Amaigrissement de l'animal
  • Chute de la production de lait
  • Abattement ou titubement
  • Arrêt de l'alimentation
  • Odeur caractéristique d'acétone ("pomme reinette") dans l'haleine, le lait ou les urines de l'animal


Cas subcliniques

À l'inverse, les cas subcliniques regroupent l'ensemble des formes asymptomatiques difficilement détectées visuellement. Il faut alors avoir recours à des tests (par exemple le Ceto TEST, voir plus loin), qui analysent le taux de corps cétoniques dans le lait, le sang ou les urines des animaux pour identifier les vaches malades. Certains de ces tests sont complétés par une étude des taux butyreux (TB) et protéiques (TP) du lait : on considère souvent que des concentrations en matières grasses trop élevée et en protéines trop faible (ratio TB/TP > 1,40) est indicateur du risque acétonémie.


Prévalence des cas : l'exemple de la Bretagne

Une pathologie courante

Certaines études ont observé une forte prévalence de cette pathologie dans les élevages laitiers. En Bretagne, une étude a été réalisée via l'indicateur "Ceto TEST", sur plus d'1 250 000 échantillons de lait présente les résultats suivants pour 2013 - 2014[3] :

On observe en moyenne 4 à 5 cas sub-cliniques pour 1 cas clinique, sa présence peut donc être délicate à déceler pour les éleveurs.

Graphique représentant les différentes formes d'acétonémie par gravité, au sein des élevages bretons
Répartition des différentes formes d'acétonémie par gravité, au sein des élevages bretons. Eylips 2013-2014.


Dans plus de la moitié des élevages bretons, un risque d'acétonémie a ainsi été détecté pour au moins 25% du troupeau, avec des disparités dans les élevages. Un quart des élevages ont plus de 40% des fraiches vêlées en acétonémie[3].


Facteurs de sensibilité

Il existe un certain nombre de facteurs, autres que l'alimentation ou l'état sanitaire de l'animal, qui peuvent rendre celui-ci plus souvent sujet aux cétoses. L'étude a notamment mis en évidence l'impact du rang de lactation, ou encore de la race qui peuvent impliquer une certaine sensibilité ou une résilience à cette pathologie.


Ce graphique représente la proportion des vaches en situation d'acétonémie, parmi toutes celles testées, selon leur rang de lactation. Étude Acétonémie, EILYPS 2013-2014, 1 252 975 échantillons - vaches < 100j de lactation.
Cas d'acétonémie, en pourcentage des vaches testées, selon le rang de lactation.


Ce graphique représente la proportion des vaches en situation d'acétonémie, parmi toutes celles testées, selon leur race. Étude Acétonémie, EILYPS 2013-2014, 1 252 975 échantillons - vaches < 100j de lactation.
Cas d'acétonémie, en pourcentage des vaches testées, selon la race.


On constate notamment que les primipares, ainsi que les races Normande et Montbéliarde sont moins sujettes à l'acétonémie.


Conséquences à l'échelle du troupeau

Même pour les cas subcliniques, l'acétonémie engendre des conséquences sur les différentes performances des animaux. Cet impact a été quantifié via l'étude sur le cheptel breton, présentée précédemment.


Chute de la production de lait

Selon la note obtenue à l'indicateur "Céto TEST" (0 = animal sain ; 1 & 2 = cas subclinique ; 3 - 4 - 5 = cas clinique), la production journalière moyenne est fortement impactée. Pour les cas les plus sévères, elle peut être amputée de plus de 5Kg par jour en moyenne.

Graphique représentant la production de lait (kg) journalière moyenne d'une vache de moins de 100 jours de lactation en bretagne, selon la sévérité de l'acétonémie (via le score obtenu à l'indicateur Céto test).
Production de lait journalière moyenne d'une vache en Bretagne, selon la note obtenue à l'indicateur "Ceto TEST". Eilyps, 2014.


Affaiblissement du système immunitaire

Cette seconde conséquence, plus difficile à mesurer, est causée par le déficit en énergie des vaches. L'acétonémie peut donc favoriser l'apparition d'autres pathologies comme les non délivrances, les métrites, les mammites, les boiteries ou les retours en chaleur. D'un point de vue économique, on peut mesurer notamment cet impact via le taux de cellules dans le lait, pouvant entraîner des pénalités s'il est trop élevé  :

Ce graphique représente la part des vaches dont le lait comporte un taux cellulaire supérieur à 300 000 cell/mL, selon la sévérité de l'acétonémie (estimée par l'indicateur Céto test). Étude sur le cheptel breton, Eilyps, 2014.
Pourcentage de vaches dont le taux cellulaire est supérieur à 300 000 cell/mL de lait, selon la note obtenue à l'indicateur "Céto TEST". Étude sur le cheptel breton, Eilyps, 2014.


Il est estimé que l'acétonémie clinique engendre une perte économique moyenne de 250€ par vache[4].


Traitements curatifs

Lorsque des cas d'acétonémie sont identifiés via des tests, ou suite à l'apparition des symptômes, il est possible d'apporter des traitements afin de stimuler la production de glucose et ainsi rétablir l'équilibre énergétique des animaux concernés.

Pour cela on préconise l'administration de Mono Propylène Glycol (MPG) ou de Propionate de sodium directement par voie orale, ou d'injections de solutions énergétiques par voie intraveineuse.


Mesures de prévention

Afin de prévenir l'apparition d'acétonémie dans le cheptel, il existe une série de mesures préventives à adopter[5].

  • Concentrer la ration en énergie en fin de gestation pour couvrir les besoins
  • Réaliser de bonnes transitions alimentaires
  • Éviter de surengraissement des vaches en fin de lactation
  • Effectuer un apport ciblé de MPG, avant et après la mise bas pour les vaches "à risque"


Pour aller plus loin

Consulter le site web d'EILYPS, entreprise de conseil et expertise en élevage :

https://www.eilyps.fr/sante/prevention-sante-troupeau/acetonemie/


Infographie récapitulative

Infographie Acétonémie de la vache laitière : prophylaxie, détection et traitements


Annexes

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Références


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