Approches essentielles pour la gestion des arbres et des haies

De Triple Performance
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Arbres destinés à la production de bois d’œuvre à la ferme de Pierre Pujos © Ver de terre production

Dans les systèmes agricoles et paysagers, arbres et haies jouent un rôle stratégique, à la fois productif, écologique et esthétique. Leur gestion durable ne se limite pas à leur entretien : elle conditionne leur longévité, leur résilience et leur capacité à fournir des services essentiels. Face à la régression du bocage et aux besoins croissants en ressources locales — bois, fourrage, biodiversité — il devient crucial de mettre en œuvre des pratiques de taille et de régénération adaptées à chaque type de peuplement. Ce guide explore les principes fondamentaux d’une gestion raisonnée, au service de la productivité et de la durabilité.

Pourquoi une gestion durable des arbres et des haies est-elle essentielle ?

En cultivant les arbres comme fruitiers, forestiers, haies ou ornementaux, les humains ont influencé leur développement pour répondre à des besoins variés : protection, aménagement paysager, ou valorisation des ressources. Pourtant, malgré la plantation annuelle de nouvelles haies, leur régression se poursuit, principalement en raison d’un défaut ou d’un excès d’entretien du réseau bocager existant et vieillissant.

Il convient de souligner les bénéfices économiques liés à la gestion durable des haies. Celle-ci permet notamment la production de bois énergie, tandis qu’une taille annuelle excessive réduit ce potentiel et affaiblit la haie. De même, la taille des arbres fruitiers permet d’optimiser leur rendement, et les interventions sur les arbres forestiers favorisent leur croissance et améliorent la qualité du bois. Les haies, quant à elles, jouent un rôle clé dans les paysages bocagers et nécessitent une gestion régulière pour conserver leur fonctionnalité. Un bon entretien permet de maîtriser leur développement ou leur densification selon les objectifs visés. Il convient également de prendre en compte les moyens humains et financiers disponibles.

Quelles sont les bonnes pratiques pour la gestion des haies ?

Le choix des outils doit être adapté aux caractéristiques des arbres, des haies et à la fréquence des interventions. En cas de récolte régulière de bois, il est recommandé d’alterner les tronçons taillés et d’éviter de tailler l’ensemble de la haie en une seule fois.

Pour un entretien durable, il faut éviter de couper des branches de gros diamètre et privilégier des interventions régulières sur des branches plus fines. Les coupes doivent être nettes et précises pour éviter les éclatements et les plaies ouvertes, vecteurs de maladies. Tous les outils utilisés doivent être adaptés, bien nettoyés et affûtés.

D’un point de vue écologique, il convient d’éviter les recépages en hauteur (top pruning), qui affaiblissent la haie si la transition n’est pas progressive. Il est essentiel de maintenir une largeur minimale de 1,5 m pour la haie, ainsi qu’une bande herbacée d’au moins 1 m de large servant de refuge à la faune auxiliaire.

Repères techniques

  • La taille et le renouvellement sont des pratiques essentielles pour orienter la croissance, préserver la santé des arbres et atteindre les objectifs de gestion.
  • Il faut privilégier les périodes favorables et intégrer les enjeux écologiques, notamment la préservation des habitats naturels.
  • Le choix du matériel a un impact direct sur la dynamique végétale de la haie et influence les modalités d’entretien.

Techniques de taille selon l’âge, la fonction et l’état de l’arbre

Haie de haut jet

Constituée exclusivement d’arbres de haute tige. La taille de formation est effectuée annuellement à partir de la deuxième année après plantation, jusqu’à l’atteinte de la taille souhaitée (en général entre 10 et 20 ans). L’objectif est d’orienter la croissance pour former un tronc équilibré et robuste, capable de supporter les charpentières. Cela implique l’élimination des fourches (division du bourgeon terminal), des branches dominantes trop vigoureuses, ou encore des rameaux verticaux au sommet de la couronne. La taille des branches basses permet d’élever la couronne, de favoriser la lumière pour les strates basses et d’améliorer la qualité du tronc en réduisant les nœuds.

Têtard

Technique traditionnelle favorisant la production de biomasse et de fourrage tout en offrant un réservoir de biodiversité. Elle consiste à couper toutes les branches au plus près de la tête de têtard tout en conservant le bourrelet cicatriciel. La première taille est réalisée lorsque le tronc atteint un diamètre de 5 à 10 cm, puis tous les 4 à 5 ans pour le saule (ou plus, selon les espèces). Le diamètre des rejets à couper ne doit pas excéder 15 cm.

Taille latérale

Elle peut commencer 6 à 8 ans après plantation pour maîtriser la largeur de la haie. Un passage annuel sur les pousses de l’année permet un entretien durable. On peut utiliser un broyeur à fléaux ou une barre de coupe. Pour les branches de plus de deux ans, il est conseillé d’utiliser une scie circulaire ou une scie couteau pour des coupes propres.

Cépée (ou taillis)

Les haies en cépée sont composées d’arbres ou arbustes à multi-troncs. Le recépage permet de rajeunir la haie et de produire du bois de chauffage. Il s’effectue environ tous les 10 ans pour les arbustes et tous les 15 ans pour les arbres, à quelques centimètres au-dessus du collet, à la tronçonneuse, entre décembre et mars. Il permet d’épaissir la base, de renforcer le système racinaire et de rajeunir la haie.

Éclaircie

Elle peut être pratiquée entre 15 et 30 ans selon les essences. Elle consiste à faire évoluer une cépée en arbre de haut jet en ne conservant que le plus beau tronc et en supprimant les autres.

Pour aller plus loin (Bibliographie)

La version initiale de cet article a été rédigée par Camille Archambaud, Angeline Almeida et Esther Le Toquin.