État des pratiques d'insémination des vaches laitières en Ille et Vilaine

De Triple Performance
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Insémination artificielle d'une Prim'Holstein

L'insémination artificielle (IA) est une pratique de reproduction à laquelle ont recours une majorité des élevages laitiers français[1].

Elle s'est imposée comme la pratique de reproduction dominante grâce à divers avantages, parmi lesquels :

  • Un coût abordable.
  • Un gain de temps et une simplification de l'organisation du travail.
  • Une meilleure maîtrise sanitaire de la reproduction.
  • Une meilleure gestion du renouvellement et de la génétique, avec notamment les semences sexées ou les inséminations croisées.


On distingue généralement 3 types d'inséminations artificielles :

  • L'IA en race pure, dont le but est d'accroître la génétique du troupeau, notamment via les semences sexées qui garantissent la naissance d'un veau femelle.
  • L'IA en croisement industriel : les vaches sont inséminées avec des spermatozoïdes de race à viande, ce qui permet de mieux vendre les veaux qui ne seront pas intégrés au troupeau.
  • L'IA de service ou l'IA de réforme, généralement effectuées à partir de semences viande, elles sont parfois pratiquées avant réforme et permettent ainsi de calmer les animaux en bloquant leur cycle de chaleur. Ces inséminations sont néanmoins régulées par la loi : ne peuvent être transportées ou abattues des vaches gestantes prêtes à vêler (a partir de 90% de la gestation) ou ayant mis bas depuis moins d'une semaine [2].


Dans un élevage laitier moyen, on considère souvent qu'une bonne stratégie de renouvellement (avec un taux entre 25 et 30%) et une bonne maîtrise de la reproduction des animaux permettent de réaliser de très fortes économies. Les pratiques d'insémination conditionnent donc la productivité des animaux et la génétique du troupeau, ainsi que l'efficience économique de l'atelier de production. Par conséquent les éleveurs doivent réfléchir à un protocole d'insémination permettant d'atteindre leurs objectifs, à partir des outils et technologies à leur disposition .


Ille et Vilaine

Cet article présente les résultats d'un observatoire des pratiques d'insémination, mené dans le nord de l'Ille et Vilaine au printemps 2021 par la société de conseil EILYPS à l'aide de l'application Landfiles. Par le biais d'observations dans 180 élevages, la part des inséminations en semences sexée sur génisses laitières et vaches laitières, ainsi que des inséminations en croisement industriel ont pu être étudiées pour cette région. L'échantillon est composé de vaches de race Holstein à plus de 80%.


Résultats de l'observatoire

Inséminations sexées sur génisses :

Distribution des réponses obtenues par catégorie de pourcentage de génisses inséminées avec de la semence sexée. Observatoire sur le protocole d’élevage - EILYPS 2021

La moitié des éleveurs interrogés ont affirmé utiliser des paillettes de semence sexée sur leurs génisses laitières, et ce dans les proportions du tableau ci-contre.

Pour les élevages qui ont recours à cette pratique, l'étude a permis d'observer qu'en moyenne 52% des génisses sont inséminées par des semences sexées.


Le regard de David Buan, consultant responsable génisse :

“Le pourcentage observé semble assez cohérent et illustre la volonté des éleveurs de maîtriser leurs coûts de renouvellement. En inséminant leurs meilleures génisses avec de la semence sexée, ils garantissent la naissance d’un nombre défini de femelles à fort potentiel génétique. De cette manière, ils parviennent à  optimiser à la baisse le nombre d'animaux élevés, ce qui est un paramètre non négligeable puisque le coût d’élevage d'une génisse varie entre 1500 et 1900 €.  Pour optimiser encore davantage ce compromis entre efficience économique et progrès génétique du troupeau, cette pratique s’additionne très bien au génotypage par exemple.”


Génisse Prim'holstein - Wikipédia Commons

Semences sexées sur vaches laitières :

Distribution des réponses obtenues par catégorie de pourcentage de vaches laitières inséminées avec de la semence sexée (pour les 15% d'élevages concernés). Observatoire sur le protocole d’élevage - EILYPS 2021

Sur les vaches ayant déjà vêlé, le recours à la semence sexée est bien moins fort, avec seulement 15% des éleveurs interrogés qui expliquent mettre en œuvre cette pratique.

Parmi cette trentaine d'élevages concernés, la part des multipares inséminées en semence sexée reste assez faible : avec un pic de réponse entre 5 et 10% (12% en moyenne).


Le regard de l'expert de David Buan :

"Ces pourcentages correspondent toujours à cette volonté de gérer le coût de renouvellement. La fécondité des génisses est plus grande car il n’y a que les besoins d’entretien à couvrir. Dans le cas d'une primipare ou d'une multipare plusieurs facteurs comme des maladies notamment dues au vêlage précédent , comme l'acétonémie, entraînent une capacité de fécondité inférieure. Il est donc cohérent de préférer inséminer grâce à des semences sexées ses génisses plutôt que ses vaches primipares ou multipares pour une meilleure gestion du renouvellement."

Croisements industriels sur vaches laitières :

Distribution des réponses obtenues par catégorie de pourcentage de VL inséminées avec en croisement industriel. Observatoire sur le protocole d’élevage - EILYPS 2021

Comme expliqué en introduction, le croisement industriel est une technologie qui permet de faire naître un veau avec de meilleures aptitudes pour la valorisation en carcasse. Cette pratique permet donc une certaine optimisation des recettes de l'exploitation, sans réelle contrainte technique ou organisationnelle. Il semble donc logique qu'elle soit fortement mobilisée dans l'échantillon de l'étude, avec plus de 80% des éleveurs qui disent y avoir recours.

L'observatoire des pratiques d'insémination a également permis d'observer qu'en moyenne, ce sont environ 18% des vaches laitières qui sont concernées par ces inséminations en semence viande.


Le regard de l'expert de David Buan :

“On pourrait s'attendre à ce que ce pourcentage soit plus élevé, mais globalement les élevages laitiers bretons sont caractérisés par de forts taux de renouvellement. On estime que ce taux est souvent compris entre 35% et 40% (33% en 2016-2017 en moyenne pour l'Ille et vilaine[1]) alors qu'en rythme de croisière on préconise plutôt 25 à 30%. De fait, on observe logiquement moins de recours au croisement industriel dans ces élevages. La fréquence d'utilisation du croisement industriel peut également varier selon la dynamique de l'exploitation (agrandissement ou réduction du troupeau). Si cette dernière est en développement il est normal que le taux de renouvellement soit entre 40% et 45 % : celà évite d’acheter des animaux à l’extérieur et limite ainsi l’impact sanitaire. Cependant pour exploitation en régime de croisière un taux de 25 % à 30 % est largement suffisant. Lorsque la sélection des génisses est bien maîtrisée, l'insémination par croisement industriel offre de meilleurs taux de réussite et permet d'ajouter une meilleure valorisation des veaux en plus des économies déjà réalisées sur le coût d'élevage."


Taureau Bleu Blanc Belge, race principale pour laquelle la semence est utilisée en croisement industriel


Si l'intérêt économique du croisement industriel semble avoir été relativement bien intégré par les éleveurs, sa pratique peut également offrir un meilleur taux de succès pour les animaux qui rencontrent des problèmes de fertilité.

Histogramme de distribution du nombre d’IA minimum pour inséminer les VL avec de la semence viande. Observatoire sur le protocole d’élevage - EILYPS 2021

Le graphique ci-contre présente le nombre d'échec d'insémination en race pure à partir duquel les éleveurs interrogés ont choisi d'utiliser une semence viande. On constate qu'à partir de 3 à 4 inséminations infructueuses en race pure, la plupart des éleveurs ont recours au croisement industriel.


Le regard de l'expert de David Buan :

“La semence de race allaitante peut aussi être utilisée dans l'objectif de couper une mauvaise dynamique de reproduction (NB : par phénomène d’hétérosis, le taux de conception peut être ainsi accru[3]). Le croisement industriel est donc intéressant pour les animaux à problèmes (sanitaires ou réforme) ainsi qu'à ceux pour lesquels plusieurs inséminations en race pure ont successivement échoué. De cette manière, les éleveurs peuvent éviter un trop fort allongement de l’intervalle vêlage-vêlage, ainsi que les conséquences économiques que cet allongement impliquerait. La seule réserve à émettre réside dans le fait que les veaux croisés sont souvent mieux conformés et peuvent entraîner des vêlages plus difficiles.”

Pour résumer

Le recours à l'insémination par semence sexée en race pure est une technique performante dans une optique de maîtrise du coût de renouvellement. Dans un protocole d’insémination optimal vis-à-vis des objectifs de l’éleveur, elle peut être combinée avec d’autres pratiques telles que l’utilisation de doses croisées pour augmenter l’efficience économique ou encore le génotypage pour affiner davantage l’amélioration génétique.

Pour aller plus loin

Consulter le site web d'EILYPS, entreprise de conseil et expertise en élevage :

https://breeder-connect.com/article/reproduction-semence-sexee-et-croisement-industriel

Annexes

La technique est complémentaire des techniques suivantes

Références

  1. 1,0 et 1,1 Reproscope, observatoire de la reproduction des bovins en france.
  2. RÈGLEMENT (CE) N°1/2005 DU CONSEIL du 22 décembre 2004 relatif à la protection des animaux pendant le transport et les opérations annexes et modifiant les directives 64/432/CEE et 93/119/CE et le règlement (CE) no 1255/97.
  3. C. Dezetter, Helene Leclerc, Sophie Mattalia-Elie, Anne Barbat, Didier Boichard, et al.. Estimation des effets de la consanguinité et du croisement pour les caractères de production chez les vaches de race Prim’Holstein, Montbéliarde et Normande. 21. Rencontres Recherches Ruminants, Dec 2014, Paris, France. hal-01194023. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01194023/document


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