Semis de colza à la volée : retour sur 4 ans d'essais, Bastien Boquet (AgroTransfert)
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La réunion intitulée "Semis de colza à la volée : retour sur 4 ans d'essais" présentée par Bastien Boquet d'AgroTransfert a abordé les principes et objectifs de cette technique expérimentale visant à réduire la pression des adventices et l'utilisation d'herbicides, sans travail du sol préalable. L'expérimentation, menée sur trois ans en collaboration avec Alpha Semence et la Chambre d'agriculture de l'Oise, a montré une densité d'adventices significativement plus faible et une réduction des intrants phytosanitaires, tout en permettant d'abaisser les charges de 25%. Les résultats indiquent un rendement légèrement inférieur, mais une marge brute équivalente grâce aux économies réalisées. Des actions ont été décidées pour poursuivre l'amélioration de la technique et sa performance, notamment une évaluation continue des populations de bio-agresseurs et l'optimisation de l'épandage des semences.
En septembre 2024, l'association AgroTransfert organise une journée de retour sur le projet Adventurh sur l'exploration de nouvelles voies pour maitriser les adventices. Ici, Bastien Boquet revient sur les essais de colza à la volée sans travail du sol en Haut de France.
Par ici pour en savoir plus sur Agrotransfert : https://www.agro-transfert-rt.org
Cette vidéo a été créée dans le cadre du projet CONSERWA, pour valoriser les résultats du projet mené par AgroTransfert-RT, avec le financement de l’Union Européenne, de la confédération suisse et du Royaume-Uni. Par ici pour plus d'info : https://conserwa.eu/
Notes
🌱 Principes et objectifs du semis à la volée (00:03 - 05:06)
- Technique expérimentale de semis de colza à la volée avant moisson
- Objectif principal: réduire la pression des adventices et l'utilisation d'herbicides
- Absence totale de travail du sol avant et après moisson
- Principe fondamental: ne pas provoquer de germination d'adventices
- Un jour d'août équivaut à deux jours de septembre en termes de somme de température et développement
- Réduction de moitié du temps de travail et d'environ trois fois moins d'IFT herbicide
🔬 Méthodologie de l'expérimentation (05:06 - 10:34)
- Expérimentation menée sur 3 années en partenariat avec Alpha Semence et la Chambre d'agriculture de l'Oise
- Mélange testé: 3 kg de colza enrobé avec du trèfle d'Alexandrie et 10 kg de vesce
- Semis idéalement 1 à 3 jours avant la moisson (entre 15-30 juillet)
- Densité de levée moindre (15 pieds/m² en moyenne) mais suffisante
- Peuplement plus hétérogène mais qui s'équilibre naturellement
- Biomasse entrée hiver généralement supérieure dans les semis à la volée
- Conservation obligatoire des pailles sur la parcelle pour former un mulch protecteur
🐛 Performance contre les bioagresseurs (10:34 - 14:06)
- Densité d'adventices significativement plus faible en entrée hiver (moins de 10 à 26/m²)
- Réduction de l'IFT herbicide (environ 3 fois moins)
- Moins de larves d'altises par plante (moins de 3 vs plus de 5 dans le témoin)
- Points de vigilance: repousses de céréales, léthrons rudes et vivaces
- Nécessite des parcelles propres au départ
- Technique préférable en années plutôt sèches
💰 Bilan économique et perspectives (14:06 - 20:22)
- Rendement légèrement inférieur (3-4 quintaux/ha de moins)
- Charges réduites d'environ 25% (pas de travail du sol, moins de passages)
- Marge brute équivalente (+60€/ha en moyenne pour le semis à la volée)
- Coût estimé du mélange de semences: 120-130€/ha
- Points de vigilance: réglage du semoir, timing du semis, propreté de la parcelle
- Technique compatible avec l'objectif de réduction des produits phytosanitaires
- Gain de temps significatif (5 minutes/ha pour semer)
Transcriptions
Cet après-midi, je vais vous parler d'une expérimentation qu'on a menée en partenariat avec Romain d'Alpha Semence. Et Juliette notamment de la chambre d'agriculture de l'Oise, une expérimentation sur le semis de colza à la volée avant moisson. Donc vous allez me dire quelle drôle d'idée.
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Alors en fait c'est parti d'un précédent projet qui a été piloté par mes collègues Romain Crignon et Antoine Galland à Gros Transfert sur lequel, parmi, donc un projet sur les couverts d'interculture et parmi les techniques qu'ils avaient expérimentées, ils avaient testé le semis de couverts à la volée avant moisson et en fait dans cette configuration on avait toujours des couverts très productifs, dans 80% des cas supérieurs à la modalité témoin à côté, donc aux pratiques de l'agriculteur, avec des couverts qui démarraient très vite avec un développement et une dynamique de végétation très rapide à l'été, et donc on s'est dit finalement on fait ça avec du couvert, pourquoi pas tester avec un colza, donc pas un colza seul bien sûr, un colza associé à une plante compagne, donc un couvert d'intérêt, Le principe en fait, enfin l'objectif, c'est surtout de, nous dans notre idée dans le projet ADVENTURE, c'est de mettre au point une technique de Smith-Colza qui permette une pression moindre en adventice, et du coup de voir si avec un colza robuste et compétitif en début de cycle, qui couvre donc vite le sol, on a ou pas la possibilité de se passer de certaines interventions, notamment herbicides.
Et on a vu en fait, vous le verrez ensuite, qu'on peut même se passer d'autres produits, notamment insecticides. Donc l'idée ça a été d'évaluer la multiperformance de la technique avec, comme je vous le disais, dans un objectif adventice et réduction herbicide, de mobiliser deux grands principes. Dans un premier temps, de ne pas provoquer de germination adventice du fait qu'on ne travaille pas le sol au semis, à l'inverse du reste de la parcelle où ici ça a été semé à 45°C. Bon ben voilà, il y a une ou deux interventions de travail du sol au préalable du semis. Ici, vous le verrez, on pourrait vous avancer après, mais dans la bande de colza qui a été semée à la volée derrière vous n'avez aucune intervention de travail du sol, même avant la moisson, ni avant ni après la moisson.
L'idée c'est de partir quand même sur une parcelle qui n'est pas trop sale à la récolte, c'est un peu un impératif, une parcelle qui n'est pas trop envahie de vivace ou bien même de dicotilédone annuel qui pourrait poser problème et rebrancher ou repiquer suite à la moisson et déjà avoir une longueur d'avance sur le colza, donc ça c'est un peu un impératif et une fois qu'on part sur une parcelle qui est plutôt propre à ce niveau là, ben en fait on s'est rendu compte que, et on l'avait déjà montré dans le projet couvert, qu'un jour d'août c'est équivalent à deux jours de septembre. En quel sens ?
Dans le sens où finalement vous allez emmagasiner une somme de température beaucoup plus conséquente sur les jours d'août que sur les jours de septembre, en fait vous gagnez 2 fois ce que vous pouviez gagner en septembre en termes de vitesse de végétation et de somme de température accumulée. Donc on a comparé pour ça, vous avez ici des résultats de 3 années d'essai, On a travaillé avec Romain qui est de la société Alpha Semens sur un mélange composé de colza qu'on a enrobé. L'objectif a été de trouver le moyen d'envoyer le colza sur la totalité de largeur des pendages. Parfois on est en 30 mètres, ici on est en 27 mètres, mais parfois on est en 30 mètres, en 36 mètres. Envoyer du colza seul à 30 mètres c'est un peu illusoire.
Donc on s'est dit, il faut trouver le moyen d'alourdir la graine de colza. Puis tant qu'à faire, on va essayer d'alourdir avec des plantes compagnes. Donc on l'a alourdi avec des plantes compagnes. Donc là, le mélange qu'on a testé sur ces 3 années, c'est 3 kg de colza enroubé avec du trèfle d'alexandrie, donc 3 kg. Et de la veste qu'on a mis en complément en plantes compagnes, donc 10 kg. Et qu'on a testé. Cette année, on a changé un petit peu le mélange. Mais grosso modo, on reste sur la même base. C'est un mélange qu'on a semé idéalement 1 à 3 jours avant la moisson. Donc ça s'est toujours passé entre le 15 et le 30 juillet grosso modo, et ça c'est un des critères d'importance, c'est vraiment de respecter ce 1 à 3 jours avant moisson.
Vous verrez dans l'autre essai où vous aurez la présentation et cette image, c'est aussi censé être une parcelle de colza se met à la volée, sauf qu'il n'y en a pas parce qu'en fait la moisson a été retardée, décalée par un souci technique, et on a moissonné 10 jours environ après le semis de colza, et en fait ça a été préjudiciable par diverses raisons, des germinations de plantes qui sont mortes dans la foulée, de la pression limace, les dégâts occasionnés par les engins sur des plantules qui auraient déjà germé, notamment, un cocktail de facteurs qui fait que finalement, quand vous se met trop en amont de la récolte, il se peut, c'est pas le cas toujours, mais il se peut que ça réussisse pas, et ça a été le cas cette année pour cette parcelle là-bas.
Ici, heureusement, on a semé la veille, il a récolté lendemain cette parcelle, et donc vous avez le résultat ici devant vous, dont je vous parlerai après. Donc de manière générale sur les 3 années qu'est-ce qu'on a montré en termes de performances techniques concernant les densités de colza déjà par modalité, donc on a comparé, les semis témoins on attend toujours une densité visée aux alentours des 25-30 m², il faut savoir que sur le semis à la volée généralement on a une densité de levée qui est moindre. Nous dans nos essais on a toujours environ 40 à 50% de moins de pieds au mètre carré, et donc là on a travaillé sur des années très contrastées, des années très sèches, des années très humides.
En moyenne pluriannuelle on est autour des 15 pieds mètres carrés, donc on est au-dessus du seuil de retournement du colza qui est bien en-dessous, mais il ne faut pas s'inquiéter du fait d'avoir des parcelles parfois un peu moins denses en termes densité de colza, ce n'est pas du tout le cas cette année ici on est à peu près à 35-40 mètres carrés, donc on est bon, on est à peu près comme le témoin à côté, mais il ne faut pas s'inquiéter d'avoir moins de pieds, la meilleure année qu'on ait faite en semi à la volée c'est l'année où j'avais le moins de pieds. C'est vraiment très très aléatoire le colza, et il ne faut pas s'inquiéter non plus d'avoir un peuplement qui est assez hétérogène, c'est-à-dire qu'on a un étalement d'élevée beaucoup plus important.
On se met en ligne ici, vous voyez des petits colzas qui sont tous à peu près au même stade, très réguliers. Sur le semis à la volée, vous avez des gros colzas, vous voyez derrière vous il y a des très gros colzas, et si vous mettez le nez dedans, vous retrouvez des colzas qui sont encore qu'à deux feuilles. Donc ça, il ne faut pas s'étonner de ça non plus, entre guillemets, ça s'équilibre naturellement et entrée hiver-sortie hiver, vous ne voyez plus la différence entre les deux colza. Donc ça, c'est pour les densités de colza.
Pour les biomasses entrée hiver, forcément, comme on a un colza qui démarre plus vite, vous voyez bien la différence de stade entre la bande et le reste de la parcelle, forcément on a des biomasse entrée hiver qui en moyenne sont un petit peu supérieures en semis à la volée, je ne vous parle pas aujourd'hui du semis direct parce que j'ai testé ça uniquement l'année dernière, c'est une seule année d'essai, donc voilà je pourrais en parler à ceux qui s'intéressent ensuite, je compare surtout le semis à la volée avec le semis témoin agriculteur, sur les biomasse entrée hiver on est sur des moyennes sur les 3 ans qui sont systématiquement supérieures en semis à la volée, Pour autant les écarts ne sont pas significatifs, il y a pas mal de variabilité, mais de manière générale on est toujours supérieur, c'est logique, avec une plante qui démarre 2 mois avant, ou quasiment 2 mois, 1 mois et demi avant, on a une biomasse centrée hiver qui est plus importante, et par contre cette biomasse centrée hiver, cet écart s'estompe en sortie hiver, quand on a fait les biomasses en sortie hiver, généralement on a beaucoup moins d'écarts avec les colzas smalavolées qui ont tendance à défolier un peu plus que les colzas témoins.
Je peux préciser un truc. Première chose, c'est que le semi-avant-moisson impose d'avoir des pailles qui sont laissées sur la parcelle. On ne peut pas exporter les pailles. Une année humide comme cette année, ça pourrait fonctionner, mais ce n'est pas toujours le cas. Donc on évite d'enlever les pailles pour laisser un mulch deux pailles pour que le colza puisse s'implanter correctement. Et deuxième chose, la crainte qu'ont les agriculteurs, c'est souvent d'avoir des problèmes d'élongation des colzas. Et on n'a pas observé d'elongation particulière cette année. On avait des craintes aussi les premières années, c'était de l'expérimentation. Mais en fait, pour avoir l'élongation, il faut avoir trois facteurs. Un, beaucoup de pieds par mètre carré, ce qu'on n'a pas ici.
Deux, un choix variétal qui n'est pas adapté, c'est-à-dire des colza qui sont très rapides et on a fait exprès de choisir les variétés qui ne sont pas trop à risque d'élongation. Et troisième facteur, c'est le fait d'avoir beaucoup d'azote disponible. Or, le fait de ne pas avoir de déchômage de feu auparavant, il n'y a pas de minéralisation, ou elle est en tout cas plus faible, ce qui n'impose pas d'avoir un gros reliquat disponible tout de suite, donc les colza ne sont pas forcément hyper nourris, et on n'observait pas forcément de problèmes d'allongage.
On a testé une année, la première année où on a testé, on avait des colza à la même date qui était à peu près le double de ça encore. Donc on s'est dit là, ça ne va passer l'hiver, l'apex, ça va geler. Donc ce qu'on a fait, c'est qu'on a testé un broyage mécanique, parce qu'on n'allait pas se passer d'un herbicide pour rajouter un régulateur, ce n'était pas la philosophie. Donc on a testé de broyer une zone et en fait dix jours plus tard tout était déjà revenu au même stade, on voyait plus la différence et en sortie d'hiver pas de dégâts de gel et à la récolte pas de dégâts de gel non plus.
Donc c'est bien tombé cette année là, on n'a pas eu des années avec du moins 25 pendant deux semaines ou trois semaines au mauvais moment non plus mais ça s'est toujours bien passé à ce niveau là. Ensuite, si je parle maintenant des performances sur les bio-agresseurs, donc déjà, sur ce qui nous intéresse aujourd'hui, les densités adventisses. Et là, c'est révélateur en ce qui concerne les densités adventisses entrée hiver, vous le voyez sur ce graphique, mais là on a un écart significatif entre le semis à la volée et le témoin, avec des densités adventisses nettement plus faibles en semis à la volée.
Encore une fois, à partir du moment où on part sur une parcelle propre, Je suis jamais parti sur une parcelle envahie de chardon, ni envahie de dicote, ni même sur des parcelles où il y aurait une population de graminées très très importante. On a toujours fait en sorte de partir d'une parcelle relativement propre à la récolte du précédent et donc là on est sur des écarts importants avec en général entrée hiver, moins de 10 à 26 m² sur les semis à la volée, là où on dépassait les 20 dans certains cas, en moyenne, on est à peu près autour de 20-26 m² sur 3 ans entrée hiver sur à peu près 4 ou 5 parcelles dans le jeu d'analyse.
Donc densité adventice moins faible et donc forcément on s'est dit on ne va pas traiter pour rien donc on a conduit ces parcelles avec moins de traitement Et donc en fait le seul et unique traitement qui a été réalisé sur ces semis à la volée, c'est surtout le traitement que vous voyez qui a été fait aussi ici aujourd'hui, c'est pour gérer les repousses de céréales. Forcément vous ne déchaumez pas, donc les repousses de céréales en année humide posent souci dans le semis à la volée, comme elles posent souci d'ailleurs dans le reste du champ, vous pouvez le voir derrière vous, l'agriculteur, ici le lycée, ont aussi fait un antigraminé.
Et on s'est arrêté là nous sur le semis à la volée là où sur le témoin on a en moyenne à peu près 1,66 IFT donc on est à peu près à trois fois moins d'IFT herbicide sur les semis à la volée sur les trois années d'essai.
Comme je le disais ça nécessite des parcelles propres au semis on le voit bien dès lors qu'on a des parcelles un petit peu moins propres il faut être vigilant même au démarrage à certaines espèces, là des années humides comme celle-ci on se retrouve avec beaucoup de létrons rudes dans certaines parcelles qui peuvent poser soucis parce qu'ils sont très rapides, très dynamiques, et donc ils peuvent coloniser assez facilement l'espace aussi, donc vigilant sur les létrons rudes, sur les vivaces, forcément vous ne chamboulez pas le sol, vous ne travaillez pas le sol, les vivaces sont d'un accord joie, et sur les repousses de céréales j'en ai parlé.
Concernant les altises, Donc on a fait des berlaises en tri-hiver, c'est pareil, forcément on est sur des colza beaucoup plus robustes à l'approche de l'hiver et on va avoir des populations de larves d'altises dans les berlaises nettement moins importantes en semis à la volée, donc moins de 3 altises par plante alors qu'on est sur les témoins où on est à plus de 5 altises par plante. Donc pareil, un nombre de larves d'altises aussi inférieures en semis à la volée. Donc ça c'était fait uniquement en 2023, on répétera cette année. Et enfin, si on réfléchit plus globalement sur les performances globales de la technique et notamment économiques, ce qu'on a vu depuis 3 ans, c'est qu'on a des rendements qui sont un petit peu moins élevés, donc c'est la moyenne de 2 années, l'année dernière et l'année d'avant.
On est à peu près à 3-4 eaux par hectare de moins en semis à la volée par rapport aux témoins. Par contre, forcément, un peu moins de produit, mais forcément aussi beaucoup moins de charge. Vous n'avez pas de travail du sol, vous n'avez pas de coût de semis autre que les pendeurs à engrais et on gagne aussi en débit de chantier. Donc vous avez à peu près moins de 25% de charge. Et donc quand on met tout ça cumulé, vous êtes à un différentiel de marche qui est à peu près équivalent. Là ici, sur ces années-là, on est à peu près à 60€ hectare de plus pour le semis à la volée. Globalement, on est à un différentiel de marge qu'on peut considérer équivalent avec une économie d'à peu près moitié moins en temps de travail.
Forcément, vous n'avez pas toutes les interventions qu'il y a à faire pour le smith colza classique. Vous n'avez pas les passages d'insecticides au départ, les passages de désherbage autres que l'antigraminé pour le blé. Donc voilà, une économie de temps également. Donc si je conclue un petit peu, c'est une technique qui est plutôt prometteuse. Je vous l'ai dit, économe en charge, économe en temps. Ça peut être un peu plus complexe en année humide, le disait aussi Romain, plus de dégâts de limaces, plus de pression adventice post-moisson avec des adventices qui n'ont pas forcément besoin d'avoir un travail du sol pour germer. Et finalement, c'est contradictoire, mais nous on préfère cette technique en années un petit peu plus sèches.
On est sûr avec l'humidité résiduelle post-récolte, comme disait Romain, avec le contact avec les pailles, qu'on va avoir nos germinations, qu'on va avoir nos pieds de colza, et à l'inverse, ces adventices, elles ne sont pas trop favorisées quand il fait un peu trop sec. Donc on préfère qu'il fasse un petit peu plus sec, malheureusement on ne choisit pas le climat. Et donc les points de vigilance sur cette technique, c'est un, optimiser la régularité des pendages, donc le réglage du smoir très important, très très important. On a travaillé déjà un peu avec Romain à l'amélioration de la balistique de la semence parce qu'au début ça c'était pas forcément évident de savoir vraiment avoir une belle régularité des pondages. Ne pas trop anticiper la date de semis, ça c'est vraiment le point pour moi le point majeur, vraiment l'enseignement.
Et comme je vous l'ai dit, choisir une parcelle plutôt propre à la récolte de la céréale. Je laisse Juliette peut-être parler de son retour.
Speaker 3 Parce que le choix de l'agriculteur n'a pas été évident dans le sens où il fallait avoir moissonné au 15 juillet. Ça, ça peut être un point quand même... Moi, je n'en avais pas beaucoup dans l'Oise. Pour la parcelle que j'ai suivie qui est près de Trafford-le-Grand, je ne sais pas si vous voyez un peu, ce n'était pas forcément évident. Après, il fallait aussi être technique, comme tu disais, pour le réglage du sommet et ce n'était pas... Après, que dire ? Oui, moi, j'étais un peu... J'ai eu un peur au départ par rapport à la densité de peuplement et à la taille des colzas par rapport aux colzas que j'avais en monograine, ça n'a absolument rien à voir, mais effectivement après les résultats étaient là.
Et après, juste pour te compléter, la date du 15 juillet, effectivement c'est surtout de trouver quelqu'un de motivé pour se lancer à tester ça, parce que ce n'est pas du tout limitant. Si vous avez un blé récolté tard, vous pouvez très bien semer votre colza à la volée au 1er août, il n'y a pas de souci là-dessus. Le tout étant vraiment de profiter au maximum si on a une moisson compliquée et qu'on récolte les blés au 20 août.
Bon bah effectivement la technique peut être qu'elle serait un peu en deçà d'un semi classique puisque le semi classique vous allez semer quasiment en même temps avec un rappuyage beaucoup plus, enfin voilà, une graine qui est clairement mise en condition pour germer, ce qui est moins le cas quand même, ici on lui voilà, on lui mène la mire un peu plus dure entre guillemets à notre graine pour qu'elle germe au départ et qu'elle vraiment qu'elle démarre quoi voilà.
Speaker 3 Après, pour donner un autre exemple, j'ai un agriculteur qui a abîmé ses colzas la semaine dernière, et pourtant ça ne se fait pas non plus, et les colzas ont aussi gagné en vigueur, etc. Alors je ne sais pas si toi tu as déjà vu ça.
En fait oui, finalement c'est des techniques très… Il n'y a pas de bonne technique, il y a cette méthode qui est une méthode… Voilà, sans travail du sol, qui économise un petit peu de temps, qui est peut-être un petit peu plus risqué aussi. C'est vrai qu'il ne faut pas avoir peur, entre guillemets, de se lancer. C'est vrai que se mettre 10 hectares comme ça, c'est peut-être un pari. Mais voilà, c'était l'idée de l'expérimentation. Et après, il y a une autre technique complètement opposée qui se met comme ça, à 45. Effectivement, il y a le binage qui est possible et ça fonctionne aussi très bien. Donc, je ne dis pas que c'est une technique miracle. Je dis juste que c'est une nouvelle possibilité de voir les choses. Et voilà, ça donne une ouverture un petit peu différente à nos méthodes de semis. Voilà.
Speaker 3 Et Romain, tu saurais nous renseigner un peu sur le coût des semences ou pas ?
Alors, c'est un prototype pour l'instant, mais on travaille sur un coût de semences qu'on avait estimé avec Bastien autour de 120-130 euros par hectare. Sachant qu'un coup de semis, c'est 5 euros. Et quand vous semez avec des méthodes comme celle-là, avec des chômages, puis semis derrière en ligne, on est déjà à 90 euros de semis. Il faut encore rajouter l'essence derrière, sur ce côté-là.
C'est ça. Donc finalement, il y a effectivement un coup de semis si on raisonne juste le mélange qu'on sème qui est nettement plus cher, on est d'accord, mais si vous mettez tout bout à bout en termes de coups de semis avec la mécanisation derrière, finalement, ça devient intéressant.
Là où notre travail était vraiment en adéquation avec Bastien et Agrotransfert, c'était qu'eux, ils recherchaient à baisser les applications phytosanitaires. Et de mon côté, je me suis dit, il faut essayer de trouver des solutions pour faire gagner du temps aux agriculteurs. C'est là où on s'est rejoint, en fait, sur une méthode qui peut paraître un petit peu complètement étonnante, complètement déroutante et inappropriée, mais il s'avère que les deux se rejoignent et on s'y retrouve quelque part. Sauf dans des situations un peu complexes avec vivace, mais dans beaucoup de cas, ça peut correspondre à la fois à baisser les phytos et gagner énormément de temps parce que 5 minutes par hectare pour semer, c'est évidemment abattable. Le tout, c'est d'arriver à quelque chose qui soit financièrement convenable.
C'est ça, voilà. J'ai le temps pour une ou deux questions grand maximum. Après, je vais devoir vous renvoyer là-bas parce que vous avez du chemin pour retourner à l'autre parcelle. Non, ici, non. Non, le lycée, ils sont pas trop friands de l'antilimace, ils ont pas voulu en mettre, donc ici, ils en ont pas mis. Moi, j'ai essayé par tous les moyens de sauver l'autre de l'autre côté, j'en ai mis, ça n'a rien changé, vous verrez. En fait, non, finalement, ce qui se passe, c'est que les altis, elles arrivent un peu plus tard, en fait, elles arrivent vraiment au moment des semis de l'autre colza, et vous le verrez pareil de l'autre côté, on a eu des dégâts d'altis.
Ici, en fait, vous passez à un moment donné où on a déjà des gros colzas comme ça, arrivé fin août, donc moins gros que ça, mais on a déjà des gros colzas arrivés fin août qui passent déjà le seuil de nuisibilité pour les altises. Donc on n'a vraiment pas de soucis avec les altises, de toute façon ça se retrouve dans les berlaisses qu'on fait, il y a nettement moins de larves dans ces colzas-là que dans les colzas après moisson. C'est de la semence agglomérée essentiellement avec le trèfle, puis on rajoute de la vesque et à peu près la même ballistique qui s'épand bien ensemble. On essaye au plus de se rapprocher de la ballistique des engrais. Tous les couverts qui sont associés généralement gèlent assez facilement. On a fait en sorte de choisir des couverts qui ont tendance à geler.
Et au pire, il y a une année où ça n'a pas gelé. C'était beau, mon colza était rose. Ça ne pose pas de soucis, ça ne repique pas derrière. Chez l'agriculteur de Juliette, l'année dernière, on avait aussi quelques pieds qui avaient grainé avant l'hiver. Et voilà, ça ne pose pas de soucis. Une graine de veste issue d'un pied en couvert ne donne pas grand-chose. Donc ça ne pose pas trop de soucis. Le colza n'a pas le même poids, ça passe au-dessus et là il a tendance à vouloir aussi vite prendre le dessus sur les pailles qui sont au-dessus et du coup ça se passe plutôt pas mal.