Plan Marval - Indicateurs des sols vivants
Le plan Marval a réuni pendant deux jours des chercheurs, agronomes et passionnés en une rencontre interdisciplinaire visant à mettre en perspective les connaissances et les pratiques pour améliorer les compréhensions autour de la régénération des sols. Nous proposons en vidéo la journée de restitution de ces travaux en présence de certains d'entre eux pour présenter ces rencontres et échanger avec les agriculteurs praticiens et des accompagnants techniques
Table ronde sur les indicateurs des sols vivants, en bonne santé : mise en commun des indicateurs (physiques/chimiques/biologiques) des sols vivants : mise en commun par les experts et questions-réponses avec les professionnels.
- Plan MARVAL : Collectif interdisciplinaire créé pour approfondir la compréhension des mécanismes de régénération des sols. Objectif : outils collectifs pour évaluer et améliorer la qualité des sols. Approche low-tech, sans biocides.
- Fertilité des sols : Composée de trois types : physique, chimique et biologique. Structure idéale et porosité essentielle pour la fertilité physique ; disponibilité des minéraux pour la chimie ; interactions fondamentales entre les trois types soulignées.
- Indicateurs de fertilité : Gilles Domenech a présenté des méthodes d'évaluation de la fertilité physique (tests de stabilité, porosité). Benjamin Pieru a introduit des tests chimiques (analyse de sol par Dr Rick Haney) utilisant extractants naturels, avec mesures (azote labile, carbone organique). Importance de l'analyse de sève pour évaluer la santé des plantes.
Notes
Introduction au Plan MARVAL
- Présentation du contexte : malgré les avancées dans la compréhension du microbiome des plantes, certains mécanismes demeurent inexpliqués
- Création du plan MARVAL : collectif interdisciplinaire visant à approfondir la compréhension des processus de régénération des sols
- Objectif : créer des outils collectifs et accessibles pour diagnostiquer, suivre et améliorer la qualité des sols agricoles
- Approche basée sur des techniques low-tech, accessibles à tous, visant à se passer des biocides
Les bases de la fertilité des sols
- Définition de la fertilité d'un sol : capacité à faire pousser correctement des plantes
- La fertilité physique (premier étage de la fusée) : bonne structure du sol avec porosité adéquate permettant l'implantation des plantes, la rétention d'eau et le développement de la vie du sol
- La fertilité chimique : disponibilité des éléments minéraux et statut acido-basique permettant l'absorption des nutriments
Fertilité biologique et interactions
- La fertilité biologique : rôle des organismes vivants dans le sol
- Interactions entre les trois types de fertilité :
- La biologie améliore la fertilité physique (ex: vers de terre créant des galeries)
- La biologie contribue à la fertilité chimique (recyclage des éléments minéraux)
- La physique du sol influence la biologie (espaces vitaux, oxygène, eau)
- La chimie impacte la physique et inversement
Indicateurs de fertilité physique
- Présenté par Gilles Domenech, pédologue
- Réalisation de profils de sols : différentes méthodes (profil pédologique, profil cultural, etc.)
- Observation visuelle de la structure (VESS - Visual Estimation of Soil Structure)
- Tests de stabilité des agrégats (slide tests) : mettre des agrégats dans l'eau
- Mesure de la porosité par calcul de la densité apparente (idéal : environ 1)
- Tests d'infiltration : mesure de la capacité du sol à absorber l'eau
Indicateurs de fertilité chimique
- Présenté par Benjamin Piru, conseiller en nutrition des sols
- Tests d'analyse de terre développés aux États-Unis (Dr Rick Haney) utilisant des extractants naturels (eau, acides organiques faibles)
- Mesures : azote labile, carbone organique soluble, biodisponibilité des nutriments
- Indicateurs biologiques liés : pH, matière organique, test de respiration du sol
- Analyse de sève végétale : mesure directe des nutriments dans les plantes, complément aux analyses de sol
Compléments sur la fertilité biologique
- Comptage des vers de terre et observation des galeries
- Observation de la distribution des racines dans le profil
- Analyses microscopiques pour identifier les organismes (macro et micro)
- Ratio champignons/bactéries comme indicateur d'évolution du sol
Questions et réponses
- Plantes bio-indicatrices : prudence dans l'interprétation, à utiliser en complément d'autres méthodes
- Impact des animaux domestiques sur la structure du sol
- Influence de l'hydrométrie sur les analyses et la vie du sol
- Taux idéal de matière organique : variable selon la texture du sol (environ 17% de la teneur en argile selon Pascal Boivin)
- Incidence du travail mécanique du sol : à utiliser 'le moins souvent possible, mais aussi souvent que nécessaire'
Questions finales et conclusion
- Variations saisonnières des indicateurs de fertilité et moments optimaux d'intervention
- Importance de la tensiométrie pour déterminer le moment opportun pour intervenir dans un sol (idéal à partir de 25 centibars)
- Impressions des participants sur le plan MARVAL : espace d'échange riche avec des spécialistes de haut niveau dans un cadre agréable
- Succès du projet qui a permis de faire se rencontrer et collaborer des experts de différentes disciplines
Transcriptions
Malgré les avancées considérables dans la compréhension des interactions entre les micro-organismes et dans la description du microbiome des plantes, certains mécanismes demeurent encore inexpliqués et nous avons une vision imparfaite de l'activité microbiologique des sols. Dans le contexte de crise profonde que traverse l'agriculture, des retours de terrain font état de résultats significatifs concernant la régénération de la biologie des sols, la fertilité et la porosité. Ces résultats sont obtenus grâce à l'utilisation de produits simples, peu coûteux, et cela d'autant plus que les sols sont dégradés. Face à ce constat et dans l'optique de relier les avancées de terrain à la science, le plan MARVAL a vu le jour. Ce collectif interdisciplinaire regroupe des personnes engagées, des experts passionnés, qui travaillent ensemble pour approfondir la compréhension des processus de régénération des sols.
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L'objectif est de créer des outils collectifs et accessibles fondée sur l'expérience de terrain afin de diagnostiquer, suivre et améliorer la qualité des sols agricoles à destination des agriculteurs et des techniciens. Notre approche repose sur des techniques low-tech et accessibles à tous, visant à se passer de l'usage des biocides dans la production alimentaire en réintégrant la biologie des sols. Cela contribue ainsi à renforcer l'autonomie des systèmes agricoles tout en respectant nos écosystèmes.
Bonjour à tous, il faut planter le décor. De quoi parlons-nous ? Indicateur de la fertilité des sols vivants. Ok, c'est quoi un sol ? C'est quoi un sol vivant ? Qu'est-ce qu'on attend d'un sol ? J'ai un premier élément pour introduire le sujet. Quel est le contexte ? Un sol est là pour faire pousser des plantes. Si on est d'accord avec ce préciposé, la question c'est que ces plantes, il faut qu'elles poussent bien. Donc, si tout le monde est d'accord, qu'est-ce qu'un sol fertile ? C'est un sol où les plantes poussent bien. On est d'accord avec ça ? Il n'y a pas d'objection ? Donc je peux un peu dérouler et donc un sol où ça pousse bien c'est un sol fertile. Donc on parle ici de fertilité.
Dans le monde de l'agronomie, cette fertilité, histoire de se structurer l'esprit, est décomposée en fertilité physique. Avant tout, premier étage de la fusée de la fertilité, entre agronomes on est tous d'accord, il faut que le sol ait une bonne physique pour que les plantes poussent bien. Fertilité physique, c'est quoi ? C'est qu'il y ait suffisamment de trous dans le sol. Le sol est constitué d'éléments minéraux, ça va du caillou jusqu'à l'argile en passant par le sable, les limons, et de la matière organique. On va y venir. La fertilité physique, c'est un sol. La fertilité physique, elle est bonne lorsque les plantes arrivent à s'implanter dans le sol arrive à retenir l'eau nécessaire à la croissance de ces plantes et la vie du sol arrive à se développer dedans.
Dans un sol il y a de la terre, de l'eau et de l'air et il faut une bonne proportion entre tout ça. Sans une bonne fertilité physique, sans une bonne structure de sol, ça ne pousse pas bien. Ou ça pourrait pousser mieux si cette fertilité physique était meilleure. Premier étage de la fusée fertilité, la fertilité physique non négociable. On va y revenir tout à l'heure sur les indicateurs qui nous seront présentés de la fertilité physique. Je suis Xavier Dubreuil, conseilleur maraîchage et j'adapte des techniques d'agriculture de régénération au secteur du maraîchage, Sud-France essentiellement. Fertilité physique. Quoi d'autre ? La plante a réussi à s'installer, il faut qu'elle puisse trouver des éléments minéraux et autres pour sa croissance.
Ces éléments minéraux, de manière générale, il s'agit de fertilité Chimique, dedans on trouve les éléments minéraux, on trouve aussi des notions de statut acido-basique, bref l'EPH, un certain nombre de choses qui fait que la plante va pouvoir absorber ces éléments minéraux pour son développement. Fertilité chimique Un peu de provocation dans cet atelier qui est un atelier qui a pour but de faire de l'agriculture durable. Ces deux fertilités suffisent à faire pousser les plantes. Je n'ai pas dit que ce ne sera pas durable, mais les techniques de production hors sol, où on cultive dans des sacs de laine de roche ou de laine de coco ou d'autres choses, on assure une fertilité physique avec un substrat qui est favorable à la croissance des racines, on apporte de l'eau et de l'engrais en biberonnage toute la journée et on a des plantes qui poussent bien.
C'est non négociable. La culture hors sol respecte les notions de fertilité physique et fertilité chimique. Tout ça, vous avez compris que c'est très bien et c'est essentiel, mais ce n'est pas durable. C'est-à-dire que les engrais viennent d'ailleurs d'un certain nombre de choses qui fait qu'on n'est pas dans l'idéal. La fertilité du sol, de manière générale, est aussi une fertilité biologique. C'est quoi la fertilité biologique ? C'est un petit truc accessoire qui a une fonction absolument essentielle dans le monde du vivant et dans le monde du vivant durable. C'est quoi la fertilité biologique ?
C'est lorsque la vie du sol, les organismes qui vivent dans le sol ou sur le sol, rendent des services à la fertilité physique On a tous en tête l'image du ver de terre parce que c'est un gros animal, on le voit facilement quand on fait un trou dans un sol. C'est un exemple parmi d'autres, mais en tous les cas, celui-là, tout le monde l'a en tête. La fertilité biologique, un ver de terre, il fait des trous, il améliore la fertilité physique. Le ver de terre, on le voit bien, mais c'est aussi le cas pour les nématodes, les bactéries, etc. Qui, de par leur fonction métabolique, vont entretenir, développer une bonne fertilité physique. Bref, des trous dans le sol qui vont rendre service aux plantes.
La fertilité biologique rend service à la notion de fertilité chimique donc pour nourrir les plantes en éléments minéraux pour aller vite. Comment ? Eh bien par les cadavres de cette vie du sol parce que quand il y a de la vie, il y a de la mort. Plus il y a de vie, plus il y a de mort. C'est un cycle, c'est ainsi. Et donc les plantes vont pouvoir à un moment donné dans la chaîne trophique récupérer des éléments minéraux mais aussi des acides aminés, des sucres aminés, etc. Qui vont pouvoir nourrir les plantes. La fertilité biologique rend service à la fertilité physique. La fertilité biologique rend service à la fertilité chimique. Ce n'est pas tout. C'est que une bonne physique du sol rend service à la vie du sol.
Il y a de l'eau, il y a des éléments minéraux, il y a des espaces vitaux, donc c'est lié. Les deux sont en interconnection. La biologie rend service à la chimie, mais la biologie a besoin d'éléments chimiques pour pouvoir vivre. Donc, c'est lié. La physique et la chimie sont deux fonctions qui sont également reliées entre elles dans les deux sens par différents mécanismes. Dans un sol, s'il y a des mauvais équilibres entre les cations, il y a un tas de détails qui vont peut-être être évoqués avec toi tout à l'heure Benjamin, où une mauvaise chimie de sol peut rendre les sols plus compactants par exemple. Et donc on a une notion où la chimie rend service à la physique et la physique rend service à la chimie.
L'exemple est simple, un sol très compacté qui contient peu d'oxygène va poser des problèmes en termes de chimie du sol. Chimie du sol qui pourra poser des problèmes à la biologie et donc d'impacter de manière générale la fertilité. Voilà pour ça. Je vais donc maintenant passer la parole à Gilles qui va nous présenter des indicateurs de la fertilité physique parce que dès lors que je vous ai planté le décor de quoi on parle et bien maintenant il faut se dire je regarde mon sol et comment j'apprécie cette fertilité physique.
Merci. Bonjour à tous, moi c'est Gilles Domenech, je suis pédologue, c'est-à-dire spécialiste des sols. J'ai co-créé le réseau maraîchage sur le sol vivant il y a quelques années. Je travaille beaucoup en formation et aussi en études de sol, notamment auprès de maraîchers qui s'installent, pour savoir justement de quoi on part. Ici, je vais vous parler de la fertilité physique. La fertilité physique, on a vu, c'est l'idée de la structure du sol. La structure du sol, c'est comment le sol est construit ou comment sont agencées les particules minérales entre elles. Donc il y a des plans, il y a des vides, donc c'est ça qui va nous intéresser.
Donc si on prend la structure interagit avec tout, interagit avec la chimie, interagit avec la biologie et si on regarde non plus en termes de fertilité mais en termes de fonctionnement, il y a également une interaction avec le végétal puisque le végétal va participer à créer la structure et la structure va aider bien sûr au bon développement du végétal puisque c'est l'objectif comme nous l'a dit Xavier. Donc qu'est-ce que l'on peut observer ? Il y a plein de choses que l'on peut faire soi-même sans forcément passer par le labo pour vraiment connaître la structure du sol. Et même c'est mieux de regarder directement soi-même ou de faire regarder un technicien, peu importe, mais il y a beaucoup de choses qu'on peut voir directement. Alors, la première chose à faire, je dirais, c'est ce qu'on appelle un profil de sol.
Alors, il y a différentes manières de faire des profils de sol. Voilà, ça peut être carrément un profil pédologique où on va essayer d'aller jusqu'au matériau parental si possible ou jusqu'à la naphréatique, suivant les situations. Un simple profil, soit un profil cultural, soit une petite fosse, soit soulever un échantillon de sol avec un télescopique, soit des profils à la gouge. Il y a différentes manières de faire les profils mais ça va nous permettre d'observer à différentes profondeurs la structure du sol. On peut observer la porosité. Est-ce qu'il y a beaucoup de trous dans ce sol ou pas ? Est-ce que le sol est tassé, compact. Si on cherche à rentrer un couteau par exemple, est-ce qu'il va rentrer facilement ? On peut regarder la forme des agrégats.
Donc là, il y a une technique notamment que des Suisses ont mis au point qui s'appelle VESS. Je ne sais même plus ce que veut dire le sigle d'ailleurs. Mais voilà, en tout cas, vous trouvez sur internet très facilement des fiches du référentiel VESS C'est un visual estimation of soil structure, il me semble que c'est ça. Voilà, donc déjà avec la forme des agrégats, leurs couleurs, on peut vraiment dire beaucoup de choses sur la structure et ça c'est visuel, c'est des choses que vous pouvez faire, c'est une compétence peut-être à acquérir, mais c'est des choses que vous pouvez faire et on peut regarder ça à différentes profondeurs du sol, même jusqu'à 2 mètres de profondeur si on est sur un profil pédologique, sur la surface. Si on est sur un profil cultural.
Différentes manières de réaliser ces profils, mais cette observation-là est vraiment la base. Je dirais qu'une bonne structure, c'est à la fois une structure aérée, poreuse, Mais ça ne suffit pas, parce que si vous passez par exemple, vous avez un sol très pauvre en activité biologique en matière organique, vous faites un bon coup de labour, vous affinez tout ça avec un outil, vous avez une structure qui est très aérée. Super ! Mais qu'est-ce qui risque de lui arriver à cette structure ? Première pluie, premier tour d'irrigation, premier passage de tracteur ou premier passage de troupeau si on est en élevage, ça risque de se tasser. Donc cette structure est instable. Donc ça va être intéressant de regarder la stabilité de la structure. Donc là aussi on a différents tests. Donc on appelle ça notamment les slide tests, les tests de stabilité.
Alors il y a différentes manières de le faire. Le truc le plus basique serait de mettre les agrégats dans un verre d'eau. C'est purement qualitatif. Après on peut faire un peu mieux, il y a vraiment des petits dispositifs. Avec un pot de cornichons par exemple, on peut le faire en agitant toutes les minutes un petit peu l'échantillon qu'on dépose sur le petit plastique qui est dans le pot de cornichons et regarder la quantité de terre qui se dépose. Là pareil, il y a des grilles pour apprendre à lire ça. Et puis on peut faire ça de manière plus précise, il y a des matériaux, des matériels pour faire ça de manière plus chiffrée. On peut aussi, alors ça c'est pour la stabilité, on peut mesurer aussi la porosité. Plus finement que juste en l'observant.
Donc là ça exige un peu plus de technicité, mais ça peut se faire. Par exemple, une petite mesure densité apparente. C'est pas très compliqué mais ça donne énormément d'indications et là, contrairement à ce qu'on avait jusqu'à présent, on est sur des indications vraiment mesurées. Il suffit d'avoir un petit cylindre de métal, par exemple, un bout dessus d'irrigation en métal qu'on a coupé, une petite section, prélever un peu de sol, donc du coup on garde toute la structure du sol, prélever un peu de sol, On sait exactement quel volume de terre on a dans le cylindre et puis après on peut sécher ça, le peser pour savoir quelle est ce qu'on appelle la densité apparente. La densité apparente c'est la densité du sol et de ses ports. Pas juste la densité des éléments minéraux. Donc ça nous permet de savoir s'il est très pourreux.
Par exemple, si je donne des chiffres, une densité apparente de 1, donc équivalente à celle de l'eau, c'est vraiment un sol qui est déjà très pourreux. C'est ce qu'on va trouver dans une prairie, dans une forêt, on va trouver des densités comme ça. Si on commence à être dans un sol tassé, on va avoir des densités apparentes, 1,5, 1,6, 1,7, là ça commence à aller mal. Voilà, donc ça c'est des choses que l'on peut mesurer assez simplement. Parmi les autres choses qu'on a pu dire sur la structure, les tests d'infiltration effectivement, différentes méthodes aussi. Donc là c'est des choses relativement faciles à faire aussi. Ça peut être très basique, simplement avec... Des fois on va faire simplement un trou, ou quelqu'un nous décrivait simplement une petite manip à la truelle, créer une flaque d'eau et voir si la flaque s'infiltre.
Si au bout d'une heure, l'eau est toujours là, c'est que ce n'est pas bon signe. Après, on peut faire ça de manière plus chiffrée, plus rigoureuse. Il y a des protocoles avec des infiltrations, avec deux anneaux en métal. Un qui va saturer le sol sur les côtés. Puis, on mesure la vitesse à laquelle s'infiltre l'anneau du centre. Là, pareil, on a des données chiffrées sur la vitesse d'infiltration. Ce qui nous permet de remonter également à la porosité du sol qui est en dessous. Voilà, je crois que j'ai un peu fait le tour. On a aussi parlé un peu des plantes bioindicatrices. C'est intéressant, je me méfie quand même un petit peu. Je pense qu'on le surutilise un petit peu, on tend à la surinterpréter je pense aujourd'hui.
Mais c'est vrai qu'effectivement si on sélectionne vraiment des plantes qui supportent les sols tassés, ça peut être une indication de tassement, c'est un outil en tout cas qui peut se rajouter à tous les autres. Voilà, je crois que j'ai à peu près fait le tour des indicateurs de la fertilité physique. Donc voilà, et puis l'avantage c'est que vous pouvez surtout être très autonome là-dessus pour peu que vous ayez les grilles de lecture j'ai envie de dire. Alors je vais passer la parole à Benjamin pour les indicateurs chimiques.
Donc moi c'est Benjamin Piru, je suis conseiller et formateur en nutrition des sols et des plantes pour Symbiotic Agroécologie depuis maintenant deux ans et donc on pratique une approche qui s'appelle l'approche nutritionnelle en agriculture et donc je vais vous parler des outils qu'on peut utiliser. On en a choisi, il existe plein d'outils sur le marché que vous pouvez utiliser pour regarder la chimie, que ce soit dans le végétal ou dans la terre, parce que malheureusement l'œil humain ne permet pas d'estimer les niveaux de nutriments, que ce soit dans le sol ou dans la plante. Donc là on va avoir besoin de passer par des outils de laboratoire. Je vais commencer par vous présenter une analyse de terre un petit peu particulière.
Qui a été développé aux Etats-Unis, qu'on utilise avec Symbiotique, on commence à avoir pas mal de recul dessus, et ça marche très très bien. D'ailleurs qui ne s'intéresse pas qu'à la chimie, mais aussi à la biologie, parce qu'une bonne analyse de terre doit aussi avoir un regard sur la biologie. Donc voilà, c'est le Dr Rick Haney, des Etats-Unis, qui a développé ce test. Pour répondre qu'il n'était pas satisfait des extractants qui étaient utilisés par les analyses conventionnelles. Nombre d'entre vous ont sûrement déjà fait des analyses standards. Ces analyses-là utilisent des extractants très forts et ce n'est pas ce qu'on retrouve dans la nature. Donc Riccanet a dit qu'est-ce qui tombe sur une parcelle ? Il tombe de l'eau. Qu'est-ce qui sort des plantes ?
Des exudas racinaires qui contiennent des acides organiques faibles et donc on n'utilise que ça pour mesurer les niveaux de nutriments dans le sol. Donc un des tests, ça ressemble à ça, on l'a extrêmement simplifié, donc ça tient sur une page, c'est pareil une usine à gaz, il y a une partie sur la biologie, On va voir un petit peu plus en détail. Une extraction à l'eau. On va mesurer de l'azote labile à l'eau. C'est la protéine pour les micro-organismes. Du carbone organique soluble à l'eau. C'est très bien corrélé aux exudas racinaires. Ces deux indicateurs là vont donner un regard intéressant au niveau de la biologie.
Et on a toute une partie sur la biodisponibilité des nutriments parce que les extractions qu'on va utiliser sont extraites avec un petit cocktail qui s'appelle le H3A qui contient ce qu'on retrouve dans les exudés racinaires qui sont de l'acide citrique, acétique et malique. Et donc là on va savoir qu'est-ce que le sol peut fournir à la plante, à quoi la plante aura facilement accès avec ses exudats racinaires. De ça, il va en découler des indicateurs mesurés sur l'horizon d'échantillonnage, on est sur de 0 à 20 cm, ou de 0 à 15 cm en général, pour les pans de terre, et on va connaître la disponibilité de l'azote, du phosphore et du potassium pour la culture suivante. Donc ça va permettre aussi de raisonner des plantes fertilisées. Ce qui est très intéressant parce que souvent les producteurs en mettent trop ou des fois pas assez.
Donc ça va permettre de raisonner les plantes fertilisées. Donc voilà, là on va avoir toute la disponibilité des nutriments, le soufre, le bore, le phosphore organique, qui est pour les systèmes bio un indicateur très intéressant. Moi je suis là toute la journée, donc si vous voulez venir plus en détail sur d'autres indicateurs, vous pouvez venir me poser des questions. Donc là, on revient un petit peu sur la biologie. Donc les indicateurs importants sur l'analyse de terre, on a quand même le pH qui va beaucoup déterminer la disponibilité de nutriments, qui est très dépendante du pH. Sur les sols acides, des sols basiques, on n'aura pas la même disponibilité selon les éléments. Le niveau de matière organique, qui est considéré comme la maison des micro-organismes.
Donc plus on aura un bon taux de matière organique, plus la maison sera grosse, plus on pourra héberger de monde. Sur ce test, on a un test de respiration du sol qui va permettre d'estimer le potentiel d'activité biologique. C'est un indicateur qui peut être très intéressant. Un sol qui est fertile, c'est un sol qui respire. Qu'il y a de la biologie. Et quoi d'autre ? L'extraction à l'eau, donc l'azote labile on va dire c'est les protéines pour les micro-organismes pour qu'ils se développent. Et je l'ai dit tout à l'heure, le carbone organique c'est les exsucteurs racinaires, le sucre. Donc il faut du sucre, des protéines pour que ça respire avec une grosse maison. Voilà donc des indicateurs simples qui permettent d'avoir un regard un petit peu différent des analyses standards qu'on peut trouver en France.
Donc là on a vu une analyse de terre, mais ça va être très intéressant aussi d'aller mesurer dans le végétal. Et là il y a différents outils, nous on utilise l'analyse de sève. Mesurer dans le végétal, parce qu'une analyse de terre peut avoir ses limites, c'est que, en fonction des cultures que vous voulez cultiver, Elles n'ont pas toutes les mêmes capacités à récupérer les nutriments qu'il y a dans le sol. Les nutriments peuvent être disponibles sur une analyse de terre, mais vous pouvez ne pas les retrouver dans vos plantes. Donc là, ça va être très intéressant d'aller regarder directement dans les plantes. Pour ça, il y a un outil qui est formidable que nous, on utilise qui est l'analyse de sève. Il existe aussi des analyses de pétiole, de bois, de matière sèche. Mais la sève commence maintenant vraiment à faire référence.
Donc là, on va avoir plein d'autres indicateurs. Des paramètres bioélectroniques, les différents calcium, potassium, calcium, les différentes formes d'azote. En termes de santé du végétal, ça va être très intéressant parce que des taux d'azote minéral important dans les plantes font de la sensibilité aux maladies. Donc ça va être important d'avoir une bonne protéosynthèse dans les plantes, les agnons et les différents oligo-léments. Végétal et l'analyse de terre sont très complémentaires entre elles. Elles vous permettent d'établir un diagnostic pour de la formation, donc comprendre comment nos sols fonctionnent ou comment nos cultures se débrouillent dans nos parcelles. C'est pas obligé d'être interventionniste derrière, mais c'est vrai que si on intervient et qu'on a les bonnes informations et qu'on intervient, ça marche très bien quoi. On a souvent des très bons résultats parce qu'on a bien identifié et bien ciblé les facteurs limitants.
Voilà, moi j'ai fini pour ma partie chimique.
Je vais juste compléter un tout petit peu sur la fertilité biologique même si en fait on en a parlé depuis le début puisque la structure de sol c'est lié à la biologie, la chimie on voit qu'il y a plein de liens avec la biologie aussi donc en fait on en a déjà beaucoup parlé. Quelques petites choses qu'on peut mesurer aussi, des choses qu'on peut mesurer soi-même par exemple ça peut être un comptage de vers de terre ou observer, donc ça c'est connecté à l'observation de la porosité mais observer toutes les galeries qu'on a dans le sol, tous les turicules de vers de terre, la distribution des racines à l'intérieur du profil de sol. Donc là, il y a plein d'observations aussi visuelles que l'on peut faire directement sur la biologie. Ensuite, on peut bien sûr observer.
Alors là, c'est plus des labos qu'on va pouvoir observer au microscope pour savoir vraiment quels sont les organismes, soit les insectes, les larves, les vers, etc. Toutes les bestioles qui vivent là-dedans. Ou bien sûr, après, si on va au microscope, les micro-organismes, les bactéries, les champignons, etc. Et on a aussi un indicateur qui peut être assez intéressant, bien sûr qu'il y a un mesurant en labo, qui est l'indicateur champignon sur bactéries. Là aussi on a des grilles de lecture là-dessus. En gros, un sol très peu évolué va être plutôt à zéro, donc avec très peu de champignons et quasiment que des bactéries. Un sol à l'inverse très évolué, de type forêt primaire, va avoir un ratio de 50 ou 100, je crois, un truc comme ça. Et donc bien sûr, on va devoir se situer sur des intermédiaires.
On ne va pas chercher à imiter une forêt primaire, ce n'est pas l'objectif. Pour cultiver des légumes ou des céréales, ce n'est pas le but. Mais en tout cas, ce ratio champignons sur bactéries aussi est un indicateur qui nous intéresse, qui va être intéressant. Voilà, donc là on vous avait fait une petite liste rapide, je ne sais pas combien de temps on a pris, des indicateurs dont on a parlé ces jours-ci. Donc on va vous donner la parole. Voilà, s'il y a des questions.
Vous pouvez y passer. Merci, j'ai une question par rapport au.
Plan de vue indicatrice.
Est-ce que tu pourrais développer sur ce.
Que tu disais comme quoi c'était peut-être.
Un petit peu surutilisé ? Alors mon sentiment, le plan de vue indicatrice, si vous regardez dans les milieux forestiers, aujourd'hui il y a eu un travail énorme de fait dans les années. Sur la bio-indication de toutes les plantes qu'on peut trouver en milieu forestier et un travail pluridisciplinaire qui a été fait, qui a été abouti, je dirais. Donc là, on a vraiment des données très précises à ce niveau-là. Donc là, vous avez par exemple les trois tomes de la flore forestière française où vous avez vraiment les caractères bio-indicateurs de chacune des plantes. En milieu agricole, ce travail-là n'a pas été fait. Alors, il y a des pionniers, je pense bien sûr, vous avez sûrement en tête le nom de Gérard Dusserf, donc c'est tout à son honneur d'avoir été débroussailler ce sujet.
Mais aujourd'hui, ce travail vraiment scientifique poussé n'a pas été fait en milieu agricole comme il a été en milieu forestier. Donc je dirais y aller avec prudence, on est sur une discipline qui émerge. Après, et là si on reprend par exemple les caractères bio-indicateurs qu'on trouve dans la flore forestière française par exemple, on va voir que les plantes, le vrai plant bio-indicatrice, c'est une plante qui va être indiqué précisément une donnée particulière. Par exemple une plante de sol acide, ça va être une plante qui ne va se développer qu'en sol acide. Et souvent on va surinterpréter ça, on dit souvent, on entend plein de choses sur le solacide, on dit j'ai de la prelle ou je dis rumex j'ai un solacide, c'est complètement faux par exemple.
Après c'est peut-être des interprétations de mauvaise qualité, mais si on prend le rumex par exemple, il n'y a qu'un seul rumex qui indique un solacide, c'est la petite oseille. Rumex a cette oseille là, c'est le seul qui indique un solacide. Les autres peuvent se développer en milieu neutre, voire légèrement basique. Mais donc voilà, de faire attention et pareil, je pense qu'il y a certaines plantes, je pense par exemple l'iseron, le chien d'an, des plantes qui ont des très très larges spectres, c'est très compliqué de les faire parler en termes de bio-indication. Parce que justement elles se développent sur une très large gamme de sol et c'est pour ça qu'on est envahi par elles un peu partout. Donc c'est pour ça prudence.
Après il y a certaines plantes bien sûr qui, voilà, suivant le caractère bio-indicateur que l'on veut trouver, c'est vrai que si on est envahi de plantains, c'est possible qu'il y ait un tassement. Alors ce n'est pas parce qu'il y a du platan qu'il y a du tassement. Attention, parce que le plantain, il va très bien se développer sur un sol bien structuré. Mais si vraiment il n'y a plus que ça, c'est probablement que oui, que là, le sol est tassé.
Mais voilà.
Mais du coup, à utiliser avec prudence. Une méthode intéressante, mais utilisée avec prudence et surtout, accouplée avec toutes les autres méthodes qu'on a vues ici, je pense que ce serait une illusion de n'utiliser que les plantes bioindicatrices. Je ne sais pas si vous voulez compléter.
Une autre question ?
D'autres questions ?
Je ne sais pas si je vais bien formuler, mais qu'est-ce que vous pensez.
Des animaux domestiques, genre faire passer des.
Moutons, faire passer des poules, pour la structure du sol, est-ce que c'est chouette.
Ou pas chouette ? De la vie des agronomes, de mettre un animal dans un système agricole, c'est une bonne chose. Mais on est déjà dans la deuxième partie de la matinée qui est comment faire pour entretenir, développer la fertilité du sol. Donc c'est une question qui va falloir être remise tout à l'heure. D'accord. Voici l'assidence de l'eau puisque vous parliez de l'hydrique là en haut de votre tableau et dans tout ce qui vient d'être dit, qu'est-ce qui peut changer selon la manière dont le sol est hydraté? Je pense surtout à la chimie, à la biologie, à la structure physique. À mesure de votre test apparemment, par exemple test densité, vous séchez la terre. Donc le paramètre hydrique, il est éliminé. Mais en chimie et en biologie, comment ça peut changer les analyses ? Benjamin, comment ça peut changer les analyses biologiques ?
J'imagine qu'un sol qui sèche, c'est un sol qui meurt aussi. Et donc la biologie, qu'est-ce qu'il en reste ? Alors, histoire de préciser les choses, un sol qui sèche, c'est un sol qui sèche. Et quand on remet de l'eau, ça repart. Alors il y a peut-être des organismes qui vont se redévelopper avec des équilibres différents. Mais si un sol sec était un sol mort, on aurait des problèmes et on ne serait pas là. Donc c'est exagéré. C'est mieux dans un développement de sol vivant, mais là on parle déjà de la deuxième partie, d'avoir un sol qui est maintenu suffisamment humide, sans excès, puisqu'il faut de l'oxygène, pour entretenir une activité biologique convenable. Il faut qu'il y ait de l'eau. Et au moment où il n'y en a pas, l'activité biologique est plus au ralenti.
Avec Xavier, dans la nature, le sol sèche, se réhumidifie, c'est comme ça, c'est des cycles. Sur les derniers tests, par exemple, le test de respiration du sol, il a été fait pour simuler une pluie après une sécheresse. Donc l'échantillon est séché, il est réhumidifié par capillarité. Est mis à incuber pendant 24 heures et là la biologie redémarre parce qu'il y a des sucres, des micro-organismes et donc on peut déterminer un potentiel d'activité biologique. Cela ne pose pas de problème en termes d'analyse.
Juste par rapport à l'histoire du test densité, c'est parce que là, on cherche juste à savoir le poids de matière minérale qu'on a dedans. Donc effectivement, on est obligé d'enlever l'eau. Après, tout ce qu'on a dit là, c'est vrai qu'on n'a pas parlé directement de l'eau. Si, j'en ai parlé quand j'ai évoqué les méthodes d'infiltration, la technique d'infiltration. Donc ça sert à savoir l'infiltration, à quelle vitesse, à quelle capacité du sol à absorber l'eau. C'est sûr qu'un sol qui est capable d'absorber 700 mm d'eau, tu n'auras pas la même réserve qu'un qui est capable d'absorber péniblement 10 mm. Mais là, de toute façon, la physique du sol est intimement liée à l'eau.
C'est vrai qu'on a parlé pour le développement des plantes ici, sous l'angle de la fertilité, mais c'est aussi qu'une structure aérée va permettre de bons échanges d'air et d'eau à travers le sol. Et puis après, c'est vrai qu'on pourrait dire beaucoup de choses sur l'eau puisqu'il fait aussi évoluer les propriétés chimiques. Donc là, on a un grand spécialiste, je ne sais pas où il est, du rédox dans la salle. Donc effectivement, l'humidification d'un sol aussi va modifier les conditions chimiques.
Comment dire ça simplement, je ne sais pas si tout le monde est familier de ces notions de rédox, mais en tout cas, plus un sol va être engorgé en eau, plus il va s'appauvrir en oxygène et ça va modifier les équilibres chimiques au sein du sol et donc modifier aussi le comportement des plantes dans ce sol, modifier aussi la structure parce que l'engorgement en eau peut être un facteur de tassement, etc. Encore une ou.
Deux questions si vous voulez. Bon bah y'a pas de question.
Ils ont tout compris, bravo. C'est un peu timide ce matin. Ils sont forts. Ouais. Y'a une mec qui se lave là-haut. Oui c'est lui, pardon c'est lui. Complété. Tiens le micro va t'arriver.
Bonjour, c'est Marc. Je suis microbiologiste. Je vais plutôt répondre par rapport à la partie biologie, peut-être en complément d'information. On peut avoir une destruction de la fertilité physique, une destruction de la fertilité chimique, de notre point de vue. On n'aura pas destruction de la fertilité biologique. On peut éradiquer tout ce qu'il y a sur Terre, on aura toujours des bactéries. Donc un sol qui est sensiblement mort La condition, les conditions sont combien de temps ? Et je pense que c'est important de comprendre deux choses, c'est qu'il y a des successions dans le sol et il y a des successions dans la biologie. On travaille beaucoup avec les bactéries qui sont toujours là, mais on a aussi toute une succession que vous connaissez bien de chaînes trophiques. D'accord ?
En haut de la chaîne, on a les bactéries et les champignons et ensuite on a toutes des successions de prédateurs qui viennent les manger, relâcher ces minéraux. Ainsi mis là par les plantes. Quand on dit qu'on peut ressusciter en arrosant ou on peut retravailler un sol C'est une question de succession. On va avoir un redémarrage qui peut être rapide au niveau des bactéries. On va avoir besoin de temps toujours pour avoir des champignons. En clair, une bactérie, pour vous donner un exemple, ça se reproduit tous les 20 minutes. Un champignon, ça prend 3 semaines à 1 mois. Des protosers, ça peut venir 6 mois. On aura toujours une fertilité biologique du moment qu'on maintient une fertilité physique et chimique dans le temps. Le fait d'avoir une sécheresse, ça peut dévaster tout. On a aussi besoin de temps pour reconstituer tout ça.
On travaille sur des dynamiques différentes.
Dans l'atelier suivant, ils vont vous expliquer comment on peut accélérer ces choses-là, accélérer la remise en vie des sols, peut-être pas après une sécheresse, mais en tout cas sur un sol qui a été fortement matraqué par les pratiques antérieures.
Je voudrais demander combien de matières organiques voulez-vous dans la Terre ?
C'est une question pas évidente parce que ça va beaucoup dépendre... Je vais faire une première réponse. Le truc c'est qu'on a plusieurs, on va dire deux grandes formes de matières organiques. Ce qu'on appelle les matières organiques libres qui se décomposent relativement rapidement et des matières organiques liées qui sont très stables. Si on est sur un sol qui a 5% de matière organique mais que tout est de la matière organique liée, ça va poser problème. Alors ça va structurer le sol très bien, mais par contre, pour libérer des éléments chimiques, ça va être très poussif. Donc, ce qui est important, c'est qu'il y a un bon équilibre entre ces matières organiques liées et ces matières organiques libres. Après, je dirais qu'il faut qu'il y ait au moins 2-3%, ça paraît un minimum, mais ça va vraiment dépendre des endroits.
Des endroits, on peut avoir 5-6% et ça ne va pas parce que c'est trop des matières liées.
Ajouter qu'il y a eu les travaux de Pascal Boivin, moi c'est un expert de référence, pour estimer un petit peu le bon taux de matière organique. Il faudrait donc matière organique, celle qui est mesurée en routine sur les analyses standards, qui serait de l'ordre de, pour une teneur adéquate, de 17% de la teneur en argile. Donc voilà, pour connaître la teneur en argile. Si on a un sol très sableux, on ne fera pas avoir beaucoup de matière organique. Peut-être 1 ou 2% d'un sol sableux, ça va être bien, correct. A l'inverse, dans un sol argileux, on peut monter à 8% de matière organique pour avoir une structure correcte. Et ce n'est pas trop. Moi je me sers de ça.
Et moi je repartirai sur mon petit schéma du début. Quand on dit combien on veut de matière organique, c'est dans un but de fertilité. Et donc il y a la fertilité physique où selon la texture du sol on a besoin de plus ou moins de matière organique pour avoir une structure qui soit solide. Une structure qui résiste aux compactions, une structure qui résiste à l'eau et une structure qui autorise le passage des racines, etc. Et donc ça dépend vraiment de la texture. D'où les travaux de Pascal Boivin. Mais on peut aussi se dire, je veux un certain pourcentage de matière organique parce que je ne veux plus rajouter d'engrais dans mes cultures.
Et donc là on fait appel à la fertilité chimique et dans ce cas là on peut se dire, combien il me faut de pourcentage de matière organique parmi laquelle on trouve de la libre, c'est à dire celle qui va se dégrader probablement rapidement et nourrir les plantes. Et après la question c'est une question de contexte, si chaque année vous faites une culture qui va exporter 100 kg d'azote, C'est un classique pas très élevé. Pour que la matière organique du sol fournisse 100 kg d'azote, considérant que l'humus contient 5%, il faut détruire 20 fois plus que ces 5%, donc il faut détruire 2 tonnes d'humus par an. Là ça fait appel au bilan humique.
Qui vaut ce qu'il vaut, parce qu'on peut le faire bouger énormément, mais dans le bilan humique, il y a les coefficients de minéralisation et on se dit, pour que mon sol de manière naturelle dégrade 2 tonnes d'humus par an et que mon pourcentage de dégradation d'humus Ce qu'on appelle le K2, dans le jargon, est de 2%. Vous faites le calcul et vous dites qu'il vous faut 100 tonnes d'humus présents dans le sol pour qu'au final vous pouvez espérer avoir vos 100 unités d'azote qui seront libérées dans l'année. Et ça c'est bien beau mais ce n'est pas fini, c'est que la minéralisation a besoin d'humidité et de chaleur et donc cette minéralisation est deux fois plus élevée dans le deuxième semestre que dans le premier. Donc c'est contextualisé. Donc votre question est tout à fait pertinente et la réponse dépend.
Une petite question un peu plus embêtante parce qu'ils ont été gentils encore. L'incidence du travail mécanique, moi j'aimerais bien vous entendre. On connaît l'incidence en travail maraîcher qui peut être très conséquente dans les systèmes intensifs. Il y a encore du labour qui est couramment pratiqué. J'aimerais bien vous entendre sur ces aspects-là, sur la structure et l'incidence sur la fertilité. On est en cours, donc je reste sur mes bases de fertilité. Le travail du sol a été mis en place par nos aïeux depuis longtemps pour rendre certains services, détruire les mauvaises herbes, incorporer des matières qui sont en surface. Et de fournir de la fertilité au sol. Historiquement, l'homme ne travaillait pas le sol. Il y a peut-être même des civilisations, à ce qu'on dit en Amérique, où en fait, ils n'ont jamais travaillé le sol.
Je ne sais pas si c'est vrai, mais si ce n'est pas vrai, je colporte une bêtise. Mais en gros, travailler le sol lorsqu'il y a de la matière organique, c'est accélérer la minéralisation, donc fournir de l'engrais. Donc à l'origine, les hommes se sont aperçus qu'en grattouillant la terre, ça poussait mieux qu'en ne la grattouillant pas. Parce qu'il y avait une réserve de fertilité qui s'appelle l'humus. On n'en est plus là aujourd'hui et si on se dit est-ce que c'est une bonne idée de travailler ces sols, ça dépend et ça dépend de la question de la fertilité. Est-ce que c'est une bonne idée de travailler un sol qui a déjà une bonne porosité stable ?
Non, pardon d'être aussi catégorique, mais ce n'est pas une super idée, ça peut nous rendre certains services qui sont annexes, mais en termes de fertilité générale, ça peut être considéré comme une erreur. Et en fait c'est ce qu'on pense, c'est que c'est une erreur. Il y a un mais, c'est que c'est sous condition, le contexte. Et ce contexte c'est qu'il faut que cette fertilité physique soit bonne. C'est le premier étage de la fertilité. Si les sols infiltrent mal parce qu'ils sont trop tassés et que les plantes ont du mal à y injecter leurs racines, eh bien il faut travailler le sol.
La question c'est comment on le travaille de manière à engager, et on y vient après, à engager une restauration de la fertilité du sol vivant où on se dit on va travailler le sol pour favoriser l'infiltration, on va régler des histoires de profondeur de travail de sol, au moins on le travaille profond, au moins on le dégrade, ça c'est logique, mais le travail du sol est une habitude, une tradition, une vraie tradition et qui fait que ça fait partie de l'itinéraire culturel classique. On est en train de vivre un changement depuis une quarantaine, cinquantaine d'années avec des agriculteurs qui ne travaillent plus les sols ou qui les travaillent beaucoup moins. Deux manières à changer le paradigme dans notre tête à tous, c'est de se dire le travail du sol c'est plus une règle et un systématique, c'est une exception.
C'est un cas particulier qui nécessite de restaurer rapidement pour la culture d'après qui le nécessite une bonne fertilité physique.
Juste pour compléter, c'est vrai que quand je fais des formations, souvent je commence par faire un tableau quels sont les rôles du travail du sol et on peut remplir un tableau grand comme celui-là avec tous les rôles possibles et imaginables du travail du sol, il y en a plein. Donc je ne vais pas rentrer dans tous les détails, ça prendrait trop de temps. Si je prends mon exemple, moi je suis en montagne, je suis en Haute-Loire, c'est le massif central. Donc je suis à fond sur le zéro travail du sol et il y a deux choses qui vont me faire choisir de travailler le sol chez moi. Alors c'est du jardin mais effectivement ça pourrait tout à fait s'extrapoler à du petit maraîchage. C'est un la présence de plantarhizome.
Donc orties, le raminé de prairie notamment, donc effectivement, il n'y a rien de mieux qu'un travail superficiel pour aller sortir un peu ces rhizomes et les problèmes de réchauffement du sol en début de printemps. Et c'est vrai que là, un petit travail du sol en début de printemps, si on veut faire un semis de carottes dessus, ça aide bien à la réussite du semis. Donc il y a des petites choses. Mais à part ça, effectivement, la fertilité physique étant très bonne, je n'ai aucun besoin de travailler en profondeur.
Pour finir, je le résumerai en une phrase qui est valable pour pas mal de choses, mais qui est très opportun ici. Je reprends ça d'un grand agronome qui s'appelle Frédéric Thomas. Le travail du sol, c'est le moins souvent possible, mais aussi souvent que nécessaire.
Alors moi j'ai une petite question qui me taraude, quand on parle de régénération des sols, il y a un peu deux écoles qui se bataillent, on va dire l'agriculture conventionnelle et le biologique, où on arrive à des assez bons résultats en régénération des sols en utilisant du désherbant, et justement quel est l'impact en fait pour le coup de désherbant sur la vie biologique comparé à un travail du sol même modéré. C'est pas vraiment dans le sujet des indicateurs de sol vivant mais bon je sais pas si les organisateurs je sais pas si plus tard il y aura le place on y répond quand même ou pas ouais ok ça marche bonjour merci messieurs arnaud dernière question alors.
Arnaud ici Je suis agriculteur et conseiller agricole. C'est effectivement important qu'on ait fait un état des lieux de ce qu'on considérait comme les bases de la fertilité. Vous avez bien précisé les interactions, les interdépendances entre le côté physique, chimique, biologique. Et là ce que tu viens de dire Xavier, c'est vraiment l'introduction à la question qui m'amène, c'est qu'on parle donc d'état de fertilité idéal, on parle des interventions positives ou négatives de l'agriculteur. Mais je pense qu'on est convaincu que ce qui conditionne avant tout la fertilité du sol et ce qui la... Encouragé et mis en place sur des temps très longs, c'est la climatologie. Et à titre d'agriculteur, moi ce qui m'intéresserait c'est qu'on puisse préciser ces notions de fertilité, qu'on puisse leur donner un petit peu plus d'observabilité aux différents moments de la saison en agriculture.
Et je ne crois pas que ça existe ça, sous un climat tempéré comme le nôtre, j'imagine qu'en janvier, en juin, en août, en septembre, Les indicateurs de fertilité, d'une bonne fertilité physique, chimique, biologique pourraient être différents. Et en tant qu'agriculteur et qui doit décider des moments d'intervention, moi je trouverais intéressant de savoir au mois de février quand tu fais quelque chose, quel est le lien avec l'état de fertilité physique, chimique, biologique de ce moment là. Parce que du coup on en parle souvent d'une manière absolue de ces éléments de fertilité alors que dans la réalité ils sont mouvant à l'échelle au moins d'un cycle saisonnier.
Juste un truc, c'est vrai que c'est que déjà dans les indicateurs qu'on vous a listés très rapidement, on a commencé à faire un grand tableau où justement on parle aussi de la saisonnalité, en quelle saison on va considérer tel ou tel indicateur. Donc effectivement c'est des choses, on n'est pas rentré dans ces détails-là ici, mais effectivement on a bien en tête.
Oui et puis c'est le pont sur l'atelier suivant, c'est que dans la régénération des sols, qui est avant tout, selon moi, une régénération de la physique grâce au reste, et donc dans ce cas là, à quel moment on intervient, puisque tu dis à quel moment on intervient dans ces sols, à quel moment on passe dans ces sols, c'est vraiment une question de pourcentage d'humidité qu'on a dans son sol pour ne pas risquer des compactions qui sont aggravées par la circulation des engins ou même le travail du sol en conditions trop humides. Et donc là il y a des indicateurs, c'est vrai, dont on n'a pas parlé, qui ne sont pas assez exploités mais la tensiométrie donne des résultats qui sont vraiment formidables pour savoir à partir de quel moment on peut rentrer dans un sol sans faire mal.
En tensiométrie mesurée en centibars, à partir de 25 centibars, dans la plupart des sols, on abîme beaucoup moins la structure que quand on est à 10 centibars. 10 centibars c'est très humide, c'est le plein en eau du sol, capacité de rétention, et au fur et à mesure qu'il y a moins d'humidité dans ce sol, la structure est rendue plus solide. Structures rendues plus solides par des sols plus secs. C'est un indicateur qui rentre dans les notions de à quel moment j'interviens. Alors là j'ai mis des chiffres mais évidemment très vite et c'est la compétence d'un agriculteur de savoir qu'il ne faut pas s'aventurer dans les sols parce que la terre est encore trop humide. Merci pour vos questions. Merci à vous. On va passer à la suite.
Cendres, 2 kilos. Sulfate de fer, 2 kilos. À la place de la cendre. On évite de trop mélanger.
La consommation des bactéries aussi, et aussi des champignons, et donc la libération... Vous.
Cherchez les bactéries du fer et de l'azote, le sang séché fonctionne très bien, sans frais d'hydrite, sans sécher... Ça se trouve facilement en Jardimé, et ça vous permet d'avoir vos propres adaptations locales, parce qu'en fait, là, l'intérêt, c'est de trouver.
Le génétique pour lui-même. C'est déjà croisé.
Là, par exemple, là, sur de la.
Précoce, je crois que j'ai formé un pouls de 40 variétés.
Un agrégat de matières organiques, la densité des chemins, et des choix de ce que vous allez implanter. Effectivement, on peut prendre le risque de la prévenir.
Si vous avez des sols flingués avec très peu de matière organique, très peu dans des conditions compliquées, ça, ça va être un support en plus pour augmenter la fertilité.
Le plan Marval, c'est bien.
Alors, le plan Marval, c'était super. Trois jours passés ensemble.
C'était chouette. J'ai été content d'être là, d'être convié parmi ce panel d'experts.
Un espace d'échange extrêmement riche avec des spécialistes de très très haut niveau. C'est vrai que ça me fait très plaisir d'être au milieu de gens qui ont ce niveau de compétence.
C'est hyper important.
Parce que moi, tous les gens qui.
Étaient là, je ne les avais presque jamais vus réunis tous ensemble.
C'était un événement, je dirais, merveilleux, le mix de ce qui se passe en journée et de ce qui se passe.
Le soir, la rencontre avec des gens.
Très pointus dans leur domaine.
Et puis très riche en idées, en échanges. Le cadre est sympa, les jeunes sont sympas, moi je suis super ravi de vous y retrouver l'année prochaine. Ça a été une super belle organisation, des rencontres excellentes.
Merveilleux et qui donne beaucoup d'idées pour le futur.
Super heureux.
Je trouve que l'objectif a été atteint dans le sens où je l'entendais au.
Départ, c'est-à-dire mettre en relation des gens.
Qui ont des disciplines différentes.
Voilà qu'une organisation au top est un.
Lieu, de ma foi, très sympathique.
Vraiment, trois jours au top. C'était un super plateau, des super gens, et le pari qui était de faire non seulement se rencontrer des chapelles, mais aussi de les faire travailler ensemble et devenir des copains, en gros, je pense que le pari est gagné et c'est.
Tout ce qu'on va en tirer.