Haricot Lablab

De Triple Performance
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Zone géo origine : Afrique sub-saharienne


T° du sol au semis : 12°C
T° de croissance : 17-30°C




Production

Le haricot lablab (Lablab purpureus), aussi appelé pois antaque ou Dolique d’Egypte, est une légumineuse annuelle estivale de la famille des Fabaceae. Cette espèce est native de l’Afrique sub-saharienne.

Le lablab est cultivé majoritairement en Asie tropicale, en Malaisie, en Afrique orientale et à Madagascar comme source de protéine végétale pour l’alimentation humaine. Aujourd’hui, en plus de l’alimentation humaine, il est utilisé comme fourrage, surtout en association avec du sorgho ou du maïs, comme engrais vert et en plante de couvert.

En France, le lablab a été introduit sur le marché en 2017. Il est souvent associé au maïs afin d’améliorer la teneur en matières azotées totales (MAT) de l’ensilage. Cependant, de par sa forte teneur en protéines (10-22% dans la plante entière et 14.5-38.5% dans les feuilles) et ses propriétés structurelles, le lablab représente une alternative au soja ainsi qu’un moyen de protection des sols.

Description

Le lablab est une plante herbacée vivace grimpante, s’il a un tuteur, ou buissonnante, sinon. S’il a une plante support, la plante peut atteindre une longueur de 3 mètres. Sinon, le lablab forme un couvert d’environ 40 centimètres de hauteur.

  • La tige est pourpre, ramifiée et très robuste. Chez les plantes cultivées, elle est érigée et peut être pubescente ou glabre, en fonction des cultivars.
  • Les feuilles sont alternées et composées de trois folioles. Elles sont ovales-triangulaires et atteignent 15 centimètres de long et 14 centimètres de large. Enfin, tout comme la tige, les feuilles sont pubescentes à glabres.
  • Les fleurs ont une corolle allant du blanc au violet foncé et sont disposées en inflorescences en grappe.
  • Les fruits sont des gousses oblongues mesurant entre 4 et 15 centimètres et contenant généralement 2 à 6 graines. Les graines sont de formes ovoïdes à oblongues et peuvent être blanches, rouges ou noires.
  • Le système racinaire du lablab est pivotant et profond, pouvant atteindre 2 mètres de profondeur. Il développe de nombreuses racines latérales ce qui lui permet d’assurer sa croissance pendant les périodes de sécheresse. En France, le lablab ne développe pas spontanément de nodosités. En effet, les populations bactériennes spécifiques au développement des nodulations du lablab (rhizobia) ne se trouvent pas dans les sols français. Lorsque les nodosités sont présentes, le lablab, comme toutes les autres légumineuses, ont la capacité de fixer l’azote atmosphérique dans le sol.

Itinéraire technique

Exigence pédoclimatique

Le lablab peut s'adapter à une grande variété de types de sol (des argiles aux sables). Il lui faut un sol dont le pH est compris entre 4.5 et 7.5. Contrairement à la plupart des légumineuses, le lablab est tolérant aux sols acides.

Cependant, le lablab tolère mal les sols mal drainés et souvent immergés. Il faut également que le sol soit bien pourvu en phosphore afin d’optimiser la fixation de l’azote.

Les températures journalières pour le développement optimal du lablab se trouvent entre 17 et 30°C. Il supporte les fortes chaleurs et est résistant à la sécheresse grâce à son système racinaire.

Il a un zéro de végétation de 12°C et peut tolérer les faibles températures et un gel léger sur une courte période.

Semis et conduite de culture

En France, les semences de lablab doivent être achetées inoculées pour qu’il y ait le développement de nodosités.

Le semis se fait lorsque la température au sol atteint un minimum de 12°C, ce qui correspond généralement au mois de mai.

Le poids moyen des graines (PMG) du lablab est de 220 grammes. Ce poids est similaire à celui du maïs ce qui en fait une bonne association au champ. Le semis se fait généralement avec un semoir à céréales réglé à 20 kg/ha.

La densité de semis du lalab varie en fonction du type de conduite :

  • en irrigué : 65/85 000 graines/ha
  • en culture sèche : 55/75 000 graines/ha

Lors du semis, il est conseillé de biner dans le but de dynamiser le développement du lablab. Il faut aussi apporter de l’insecticide lors du semis.

En termes de fertilisation, l’élément fondamental pour le développement du lablab est le phosphore. Il faut un apport compris entre 150 et 200 unités de phosphore. De plus, il ne faut pas oublier que le lablab est souvent associé avec une autre espèce. Il faut donc adapter la fertilisation en fonction des besoins des deux cultures. Enfin, si les semences de lablab ne sont pas inoculées, il faudra un apport de 130 à 230 unités d’azote minéral.

L'irrigation est bénéfique pour le lablab, mais il doit respecter les exigences en eau car il est sensible aux sols humides.

Récolte

Le lablab cultivé pur peut être récolté pour du foin, de l’enrubannage, de l’ensilage, ou même du pâturage, car sans plante tuteur il forme un couvert de 40 cm de hauteur.

Les techniques de fauches sont les mêmes que pour les autres espèces fourragères, les choix de modalité de récolte dépendent de la valorisation souhaitée et du contexte pédoclimatique. La fauche se fait, en fonction de l’usage voulu, avant ou après la floraison, qui a lieu entre septembre et octobre lorsque la durée du jour est inférieure à 11 heures.

Alimentation animale

L’ajout du lablab à la ration fourragère apporte de nombreux bénéfices :

  • Augmentation de la matière azotée totale : la teneur en MAT du lablab seul est élevée, se situant entre 145 et 175 g par kilo de MS. Si on compare avec un maïs seul, l’association maïs-lablab a une teneur en MAT 30% plus élevée. Cette augmentation de la MAT permet de réduire l’écart moyen entre les protéines digestibles dans l’intestin permises par l’énergie (PDIE) et celles permises par l’azote (PDIN) (écart moyen de 22/23 points pour le maïs seul, 13 points pour l’association maïs-lablab). Un écart PDIN/PDIE réduit rend la ration plus facile à équilibrer.
  • Réduction de l’amidon : en ajoutant le haricot lablab au fourrage, le taux d’amidon diminue. Cette dilution n’a pas d’impact sur les unités fourragères lait (UFLs) et digestibilité de la matière organique (DMO) et permet de réduire les risques d’acidose chez les ruminants.
  • Augmentation et digestibilité des fibres : les ensilages riches en lablab montrent une augmentation du contenu total en fibres de 5 à 35%. La dégradation des fibres (dNDF) atteint des niveaux de 53 à 60% ce qui est bénéfique pour l’animal (augmentation de la rumination et amélioration du système digestif).

Rôle dans la fertilité et la protection du sol

Le lablab permet de fixer l’azote de l’air grâce à ses nodosités racinaires, permettant d’enrichir le sol pour la culture associée ou suivante. Il peut fixer de l’ordre de 15 à 40 kg d’azote par 1000 kg de matière sèche. De plus, la production importante de biomasse aérienne et racinaire du lablab, une fois restituée, fournit de la matière organique qui permet une amélioration de la structure, de l’activité biologique et de la capacité de rétention en eau du sol.

Comme couvert ou en interculture, le lablab est dense et recouvre le sol, diminuant l’érosion par ruissellement et le lessivage. Le couvert limite aussi l’évaporation. Enfin, le tapis végétal freine le développement des adventices par compétition pour la lumière et l’espace.

Rendements et coûts de production

En France, le lablab pourrait atteindre entre 4 à 7 tMS/ha de rendement (16-17% de MAT), mais seulement si la semence est inoculée. Sans inoculum pour assurer la fixation de l’azote, on observe une diminution du rendement en matière sèche d’environ 1.5 tMS/ha

Or le coût moyen des semences de lablab est d’environ 90€ pour une densité moyenne de 80 000 graines/ha. Souvent utilisé en mélange avec le maïs, il faut ajouter le coût lié à l’achat des semences de maïs. L’association entraîne une hausse nette des charges opérationnelles presque entièrement à l’achat des semences de lablab.

On rencontre donc un problème de rentabilité. Si les performances agronomiques ne sont pas atteintes, les surcoûts liés à l’achat des semences de lablab ne sont pas rentabilisés. En conventionnel, le calcul des marges semi - nettes montre des pertes de 238€/ha par rapport au maïs pur. En bio, ces pertes sont de 269€/ha. Pour un rendement équivalent, une différence de - 1% de MAT par rapport au maïs seul compromet la rentabilité en système laitier conventionnel.

Conclusion

Le haricot lablab est un ingrédient assurant un apport qualitatif et quantitatif de protéines dans le fourrage des ruminants et pourrait remplacer les apports de soja dans la ration sèche.

Souvent associé au maïs pour l’ensilage, il permet un apport plus élevé de MAT que pour un fourrage de maïs seul et permet une digestibilité plus élevée du fourrage. De plus, le lablab, en tant que légumineuse, a des effets bénéfiques sur la structure et la fertilité des sols et est résilient aux températures élevées et aux sécheresses.

Cependant, il ne faut pas mettre de côté certaines limites. Le développement du haricot lablab nécessite une température au sol plutôt élevée et c’est une plante qui supporte mal les sols humides. Enfin, le coût des semences de lablab est un frein important, d’autant plus qu’en France un bon rendement dépend de la réussite de l’inoculation des semences.