Equipements de la chaîne de méthanisation

De Triple Performance
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Matériel


Cet article cherche à comparer les processus techniques des différentes étapes d’une unité de méthanisation dont l'installation coûte :

  • 200 000 à 500 000 euros si la puissance électrique est de 50-100 kW
  • 500 000 à 1,5 millions d'euros pour 100-300 kW
  • 1,5 à 5 millions d'euros si la puissance est supérieure à 300 kW

Voie sèche ou voie humide/liquide ?

Voie sèche

Ce type de méthanisation est réalisable si les intrants ont une teneur en matières sèches entre 20 et 40%, il faut alors choisir parmi les deux technologies possibles :

  • la méthanisation en voie sèche discontinue qui consiste à remplir le digesteur de façon séquencée, les intrants sont donc stockés avant d’être utilisés (dans des silos bâchés, des garages, des box ou encore des fosses).
  • la méthanisation en voie sèche continue (dite piston) dans laquelle le digesteur est alimenté continuellement.
Stockage des intrants dans des garages

Avantages

  • Production d’un digestat solide
  • Capacité à traiter des produits contenant des indésirables (ferrailles, cailloux…)
  • Demande moins d’équipements que la voie liquide et peu d’énergie

Inconvénients

  • Le procédé discontinu induit un besoin en main d’oeuvre non constant pendant les chargements/déchargements du digesteur
  • La matière doit être pré-compostée si elle est difficile à dégrader
  • Dégradation des matières moins efficace qu’en voie liquide infiniment mélangée car le milieu est moins homogène
Schéma d'un digesteur en voie solide continue

Voie liquide

Ce type de méthanisation est possible quand le mélange de substrats entrant est composé de 5 à 20% de matières sèches.

En voie liquide, le brassage du mélange est important car il permet :

  • une homogénéisation de la température
  • la mise en contact des bactéries avec la matière en fermentation
  • et la réduction des risques de sédimentation

Ce processus se fait par brassage mécanique (pales avec moteur ou hélices avec moteur immergé) ou bien hydraulique pour les mélanges à faible taux de matière sèche (par injection de biogaz ou recirculation du digestat).

Schéma d'un digesteur en voie liquide infiniment mélangée

Digestion en une ou plusieurs étapes ?

La digestion des intrants peut se faire en une étape ou bien plusieurs, par exemple grâce à l’ajout d’un post-digesteur.

Le principal avantage d’une digestion en plusieurs étapes est de pouvoir augmenter le temps de séjour des intrants qui est en moyenne de 50j dans un digesteur et 45j dans un post-digesteur. Un séjour plus long permet une plus grande production de biogaz (une association digesteur/post-digesteur augmente la production de 30% par rapport à un digesteur seul) et un meilleur contrôle des agents pathogènes.

Digestion psychrophile, mésophile ou thermophile ?

Psychrophile

La digestion psychrophile se déroule entre 4 et 25°C, elle se fait donc sans chauffage et généralement dans des digesteurs enterrés afin qu’ils bénéficient de la température constante du sol tout au long de l’année (de l’ordre de 12°C).

Mésophile

La digestion mésophile est la plus courante, elle correspond au chauffage de la matière digérée à 35-40°C, elle n’est donc pas très énergivore, en effet, elle consomme en moyenne 20% de l’énergie qu’elle produit (contre 35% en régime thermophile). Le régime mésophile est moins sensible aux variations de température que le thermophile et permet d’avoir une grande variété de micro-organismes. Finalement, il offre un meilleur rapport : cinétique de production/consommation thermique.

Thermophile

La digestion thermophile se déroule entre 50 et 65°C, elle permet :

  • un temps de séjour plus court
  • une hygiénisation plus poussée de la matière entrante
  • une meilleur dégradation des chaînes carbonées

Le problème des hautes températures est qu’elles rendent les conditions de vie des micro-organismes plus difficiles.

Bilan

Le tableau suivant résume les avantages et les inconvénients des régimes mésophile et thermophile (plus communs) selon le type de méthanisation.

Technologie de la méthanisation Température Avantages Inconvénients
Voie humide/liquide Mésophile
  • Exploitation de plus de potentiel méthanogène des déchets
  • Faible production de boues
  • Coût d’investissement plus important
Thermophile
  • Production de méthane et d’hydrogène
  • Taux de charge organique élevé
  • Problèmes de stabilité
  • Concentration élevée d’acides volatils
Voie sèche Mésophile
  • Moins de formation d’acides volatils
  • Diminution de la croissance des micro-organismes
  • Nécessite un temps de séjour plus long pour obtenir la dégradation du méthane et de la matière organique (MO)
Thermophile
  • Dégradation plus efficace de cellulose et d’hémicellulose
  • Moins de temps nécessaire à la dégradation de la MO
  • Les acides gras volatils sont agrégés
  • Amélioration des taux de croissance spécifiques des micro-organismes

Type de digesteur

Le type de digesteur est à choisir en fonction de :

  • la nature et la concentration des intrants (notamment le taux de matières sèches)
  • la disponibilité et la main d’oeuvre locale
  • les coûts énergétique et de construction engendrés

Digesteur anaérobie à flux piston

Ce réacteur est utilisé en voie sèche continue, il a de hauts rendements et peut être utilisé pour tout type de déchets.

Digesteur anaérobie à flux piston

Réacteur à cuve agitée en flux continu

Ce réacteur est utilisé en voie humide continue, le mélange d’intrants y est maintenu homogène par agitation régulière ce qui permet l’obtention de bons rendements. Les principaux inconvénients du processus sont :

  • le rallongement du temps de rétention dans le digesteur pour dégrader entièrement la matière organique
  • l’énergie demandée par l’agitateur
Réacteur à cuve agitée en flux continu

Réacteur à biofilm

Dans ce type de méthanisation, les bactéries sont fixées sur un support au lieu d’être libres dans le digesteur. Ce processus peut supporter des charges organiques élevées et résister aux variations d’intrants (quantité et nature) s’il y a beaucoup de biofilms (c’est-à-dire de bactéries fixées sur leur support). Le seul problème est le possible colmatage des bactéries, il faut donc remplacer les biofilms périodiquement.

Digesteur Batch

Ce réacteur est utilisé en méthanisation discontinue, il est adapté à tout type d’intrants, cependant c’est un système assez complexe qui a de grands besoins énergétiques.

Schéma d'un digesteur en voie sèche discontinue

Digesteur à plusieurs phases

Ce processus permet de séparer les phases de méthanisation (hydrolyse, acidogenèse, acétogenèse et méthanogenèse) dans différents réacteurs afin d’optimiser les réactions.

Stockage du biogaz

Les unités de méthanisation comprennent des réservoirs de stockage de gaz pour pouvoir lisser les fluctuations de production et de consommation du biogaz. L’installation des gazomètres coûte entre 50 000 et 100 000€ en fonction du modèle et de son volume.

Il existe plusieurs types de stockage, les plus communs sont :

  • le ballon souple : une poche fabriquée à partir de plastiques résistants aux rayons UV, aux intempéries, aux moisissures, aux microbes et au biogaz. C’est une solution  simple, économique et durable.
  • la double membrane souple (épaisseur >1,5mm) sur le digesteur, la membrane de stockage est alors séparée de l’air ambiant par une poche d’air et une membrane de protection couvrant le toit. L’air contenu dans la poche peut augmenter (grâce à une soufflante à air) ou bien diminuer (grâce à une vanne de registre) selon les besoins en stockage ou déstockage du biogaz. L’avantage de ces stockeurs est qu’ils permettent de maintenir constante la pression relative du biogaz entre 15 et 30 mbar.
Gazomètre à double membrane souple, individuel (a) et au niveau du ciel gazeux (b)


Tableau récapitulatif de tous les types de stockage de gaz :

Type Matériaux Volumes Pression Avantages Inconvénients Coûts
Toit digesteur Béton, béton armé 10-10000 m³ < 100 mbar Economie du gazomètre Variation de pression
Simple membrane sur le digestat PVC, PEHD ou cahoutchouc 10-7000 m³ < 5 mbar -Facilité de nettoyage du digesteur par le haut

-Résistance  à la corrosion

-Moindre résistance au poids de la neige

-Pertes thermiques

-Durabilité inférieure au béton

-Faible résistance aux impacts

+à ++
Double membrane sur le digesteur PVC, PEDH, EPDM, PPR ou cahoutchouc 10-7000 m³ < 30 mbar -Facilité de nettoyage du digesteur par le haut

-Résistance  à la corrosion

-Pression constante sur le réseau

-Faible résistance aux impacts

-Durabilité inférieure au béton

++
Ballon souple de stockage PVC, PEHD, nylon, polyamide ou cahoutchouc 1-500 m³ <10 mbar -Economique

-Simplicité d’utilisation

-Pas de maintenance

-Absence de construction

-Transport facile

-Facilité du montage

Faible résistance aux impacts +
Double membrane PVC 1-7000 m³ < 35 mbar -Résistance à la corrosion

-Pression constante sur le réseau

-Esthétique

-Besoin en génie civil

-Faible résistance aux impacts

+++
Cloche FRB (Fiber Reinforced Plastic), acier, béton/acier 5-150000m³ < 200 mbar -Robuste

-Pression d’utilisation supérieure

-Simplicité d’utilisation

-Faible maintenance

-Pression variable

-Peu pratique pour la plupart des digesteurs

+++
Réservoir pressurisé Acier 0,1-2 m³ <60 bar -Robuste

-Faible occupation d’espace

-Faible maintenance

-Pression disponible pour la réduction à la pression du brûleur

Révision périodique certifiée +

Isolement thermique

Les isolants du tableau suivant peuvent être utilisés en intérieur ou en extérieur du méthaniseur, selon leurs caractéristiques.

Isolant Avantages Inconvénients Prix
Rockwool (fibre) Densité, disponible sous de nombreuses formes, non corrosif, résistance mécanique lorsqu’il est manipulé 5-15€/m² selon la densité, l’épaisseur, la forme
Fibre de verre Ne se désagrège pas avec l’âge pH non neutre (pH=9), peut corroder l’acier si des traitements ne sont pas appliqués 3-8 €/m²
Silicate de calcium Très faible conductivité, léger, résistance mécanique, non combustible, non sensible aux moisissures, non corrosif 67,52 € pour une plaque 1000 x 610 mm, 30 mm
Polyéthylène Pare-vapeur, barrière imperméable, résistance à la lumière directe du soleil Non résistance au feu
Polystyrène expansé ou extrudé Pare-vapeur, barrière imperméable Non résistance à la lumière directe du soleil.

Non résistance au feu

6-10 €/m²

Il est aussi possible de renforcer l’isolation thermique en enterrant le digesteur car le sol a une température stable de 10 - 12°C

Type de chauffage

Il est important de chauffer les matières premières ou bien le digesteur pour avoir une méthanisation efficace, cependant, il faut vérifier que la fluctuation de température ne dépasse pas 2-3°C en une heure pour assurer un processus de digestion optimal.

Les sources de chaleur sont diverses : le soleil, la combustion du biogaz ou bien la chaleur résiduelle de la production d’électricité (chaleur fatale).

Le chauffage du digesteur peut se faire :

  • en interne, des serpentins de chauffage à circulation d’eau chaude (ou de vapeur) sont alors installés à l’intérieur du digesteur (sur ou dans les murs), ainsi il y a peu de pertes de chaleur. L’inconvénient est l’encrassement de la surface extérieure du tuyau qui réduit l’efficacité du transfert de chaleur.
  • en externe, grâce à un ballon avec des serpentins ou un échangeur de chaleur à double enveloppe. Ce système permet d’éviter les changements de température dûs à l’alimentation du digesteur en intrants, de contrôler facilement la température et d’assurer la maintenance sans trop de difficultés. Le problème de cette technique est l’importante perte de chaleur.

Type d’agitation

L’agitation est un paramètre important à prendre en compte car il :

  • empêche la sédimentation
  • facilite le transfert de chaleur et maintient l’uniformité de la température du digesteur
  • améliore le contact substrat- micro-organismes


Le tableau suivant regroupe les différents types d’agitation qui existent et la puissance qu’ils demandent :

Type d’agitation Fonctionnement
Agitateurs pendulaires 22-30 kW
Agitateurs submersibles 6,5 kW
Agitateurs Mississipi 10-15 kW
Agitateurs mécaniques en traversée de paroi 6,5 kW
Recirculation de biogaz 6,5 kW
Recirculation de biomasse >6,5 kW

Le digesteur doit être alimenté par environ 20 fois plus de biomasse digérée que fraîche

Recirculation combinée biomasse + biogaz 11-30 kW

Ligne d’hygiénisation

Cette étape est obligatoire pour les méthaniseurs de classe C3.

Dans certains cas il est possible de choisir entre l’hygiénisation en aval ou en amont du digesteur, il est alors conseillé de la faire en aval si les intrants comprennent une grande proportion d’éléments fibreux, en effet, le traitement en amont demanderait une dilution importante et une grande consommation énergétique.

Pompage

Cette étape permet le transfert des intrants à hygiéniser de leur zone de stockage à l’étape de broyage, le refoulement de la matière hygiénisée vers le digesteur et parfois la recirculation de la matière pour améliorer le brassage.

Pompes volumétriques Pompes centrifuges
Exemples Pompes : à lobes, péristaltiques, à engrenage, à vis excentrée, à membrane Pompes : dilacératrices, à volutes
Adapté pour Intrants visqueux (graisses) Intrants fibreux ou contenant des particules solides
Pompe à vis excentrée
Pompe dilacératrice

Pour les intrants peu pompables et/ou avec une granulométrie importante, il est possible d’utiliser des vis sans fin ou encore des tapis motorisés.

Broyage

Broyeur à couteaux Broyeur à grille Broyeur grossier
Adapté pour Intrants : non pompables (gravité), avec forte teneur en solide ou encore corrosifs Boues, fluides Fluide avec une forte granulométrie en matières solides
Broyeur à couteaux
Broyeur à couteaux
Broyeur à grille
Broyeur à grille
Broyeur grossier
Broyeur grossier

Cette étape peut nécessiter plusieurs broyeurs car la matière doit atteindre une granulométrie inférieure à 12mm en fin de broyage.


Cuve d’hygiénisation

Une seule cuve Plusieurs cuves en parallèle
Adapté pour Les faibles quantités d'intrants Les volumes importants d'intrants

Lorsque l'on prévoit de la récupération de chaleur

Avantages Solution moins onéreuse Optimisation des cycles : plus de souplesse, plus de capacité de traitement

Facilite la récupération de chaleur

Cette cuve doit être facilement accessible pour la surveillance et la maintenance.

Lors de l’hygiénisation, la matière est chauffée à 70°C, elle peut alors être injectée chaude dans le digesteur seulement si la proportion de matière hygiénisée ne dépasse pas ⅓ du mélange d’intrants contenu dans le digesteur. Dans le cas contraire, il peut y avoir un excès de chaleur ce qui risque de trop augmenter la température du digesteur et donc de compromettre le fonctionnement biologique de ce dernier, la matière hygiénisée doit alors être refroidie.

Sources