Repenser l’utilisation des terres assolées inondables: synthèse du projet «Terres (assolées) humides»

De Triple Performance
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Ce document traite de la réflexion sur l'utilisation future des terres assolées inondables en Suisse, en particulier en proposant des solutions pour concilier production agricole, biodiversité et gestion durable de l'eau. Il vise à fournir aux décideurs politiques et aux acteurs agricoles un outil d’aide à la décision basé sur des évaluations spatiales, écologiques et économiques, afin de favoriser la reconversion ou la gestion adaptée de ces zones souvent drainées et peu exploitées. L'objectif est de promouvoir des stratégies de gestion intégrée des terres humides agricoles, en mettant en avant des alternatives telles que la riziculture écologique ou la remise en état naturelle, pour préserver la biodiversité et améliorer la durabilité environnementale.

Résumé

Introduction et définition des terres assolées humides

Le document présente la problématique de la gestion des terres assolées humides en Suisse, où 30% des surfaces cultivées sont drainées et où la question de leur rénovation se pose face à la raréfaction des milieux humides. Les terres assolées humides (TAH) sont caractérisées par une saturation périodique en eau jusqu'à la surface, affectant la productivité agricole et la biodiversité, avec une incidence sur les processus hydrologiques, la qualité de l'eau, les émissions de gaz à effet de serre et la biodiversité saharienne.

Historique et contexte du drainage agricole

En Suisse, 18% de la surface agricole est drainée, avec des installations dépassant souvent leur durée de vie. Le drainage a été essentiel pour l'agriculture intensive mais a aussi réduit les habitats humides et menacé de nombreuses espèces végétales et animales, notamment celles dependantes de milieux périodiquement inondés. La remise en état ou la transformation des surfaces drainées est une question centrale.

Potentiel des terres humides et influence des drainages

Une évaluation cartographique indique qu'environ 10% des terres assolées (40 000 ha) présentent un potentiel élevé d'hydromorphie. La littérature montre que les systèmes de drainage affectent le flux hydrique et la qualité de l'eau, souvent en augmentant les flux d'azote, de phosphore et les émissions de gaz à effet de serre. La topographie locale est un facteur clé dans l'effet du drainage sur l'environnement.

Impacts écologiques et biodiversité

Les zones humides, si elles sont mal gérées, voient leur biodiversité déclinée, notamment pour les espèces végétales et animales rares. La création de corridors de connectivité et la gestion adaptée de la végétation et de l'eau peuvent améliorer la conservation de ces habitats, favorisant la biodiversité et la résilience écologique.

Rentabilité et alternatives agricoles aux terres humides

Les analyses économiques montrent que la rentabilité des cultures traditionnelles peut diminuer avec la saturation en eau. Des cultures comme la riziculture humide ou la paludiculture peuvent être alternatives qui combinent production et conservation. La gestion des coûts et des bénéfices est essentielle pour décider des usages futurs.

Promotion de la biodiversité par la riziculture inondée

Des essais pilotes en Suisse ont démontré que la riziculture inondée facilite la conservation d'espèces rares telles que certaines amphibiens, libellules et plantes. La pratique, si bien gérée, peut concilier production agricole et conservation de la biodiversité, et faire l'objet de mesures de soutien économique.

Outil d’aide à la décision et recommandations

Un outil d’aide à la décision a été développé, intégrant critères légaux et indicateurs environnementaux, pour guider la gestion future des TAH. Il permet aux acteurs de peser les enjeux liés à la biodiversité, la qualité de l’eau, le sol et l’utilisation agricole, afin de faire des choix équilibrés.

Perspectives et projets futurs

Deux projets complémentaires sont à l’étude : l’un visant à optimiser la culture de riz humide écologique, l’autre à développer des cultures en zone tampon hydrologique, dans une optique de gestion durable et adaptée. La réflexion sur la renaturation et les usages alternatifs des terres assolées humides se poursuivra pour concilier agriculture, biodiversité et changements climatiques.

Conclusion

Le document conclut que la gestion durable des terres assolées humides nécessite une évaluation fine, intégrant à la fois enjeux agricoles et écologiques, avec des outils de planification adaptés et des projets pilotes pour tester des alternatives, notamment la riziculture écologique.

Points clés

Remise en eau et diversification des usages des terres assolées humides peuvent favoriser la biodiversité
Le projet montre que la transformation de terres drainées en zones inondables ou cultivant des cultures paludéennes comme le riz permet à la fois une utilisation productive et la création d’habitats pour des espèces menacées, tout en conservant la productivité agricole locale.
L’évaluation des terres assolées potentielles repose sur des modèles hydrologiques, révélant qu’environ 10 % des terres asséchées présentent un fort potentiel d’hydromorphie
La cartographie basée sur les processus d’accumulation et d’infiltration d’eau indique qu’environ 40 000 ha de terres en plaines et dépressions pourraient bénéficier de remises en eau ou d’autres usages écologiques, contribuant à la reconnexion des zones humides.
Les drainages agricoles ont un impact complexe sur les flux hydriques, la qualité de l’eau et – notamment – la libération de gaz à effet de serre
Ils tendent à augmenter les débits d’eau, à favoriser la perte de nutriments, tout en excédant souvent la capacité de rétention locale, avec des conséquences climatiques négatives dues à l’émission de dioxyde de carbone et protoxyde d’azote, surtout dans les sols organiques.
La rentabilité économique des terres humide assainées ou inondées dépend fortement du contexte spécifique et du type de culture
Les analyses montrent qu’un seuil de perte de rendement d’environ 10 % pour les grandes cultures mène souvent à des pertes économiques supérieures, alors que des cultures adaptées comme la riziculture humide peuvent maintenir la rentabilité tout en favorisant la biodiversité.
Le développement de corridors écologiques liés aux zones humides est essentiel pour la conservation des espèces rares
Les analyses cartographiques et de terrain favorisent la création de réseaux de zones humides connectées, essentielles pour la survie des espèces végétales et animales dépendantes de milieux humides, accentuant l’importance de la gestion du paysage agricole.
Les mesures de renaturation ou de gestion extensive offrent une opportunité pour combiner protection de la biodiversité et maintien de la production agricole
À travers des expérimentations de riziculture écologique, de remise en eau ou de gestion d’habitats, le projet propose des stratégies pour transformer les terrains drainés en zones à haute valeur écologique tout en restant économiquement viables.

Sources