Production de boutures de manioc

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Culture de manioc


Dans la Province du Bas Congo, le manioc est la principale source alimentaire et de revenus des ménages. Cependant, la culture est particulièrement sensible à la mosaïque et les producteurs ont souvent des difficultés à acquérir des variétés résistantes ou tolérantes en quantité suffisante. Pour faire face à cette contrainte, des parcelles de multiplication de boutures de manioc sélectionnées, ou "parcs à bois", ont été mises en place en collaboration avec les bénéficiaires.

L'enjeu de ces parcs à bois de manioc est donc de produire et de diffuser des variétés de manioc tolérantes à la mosaïque (maladie).

Le manioc

  • Nom local (kikongo) : Mayaka.
  • Famille : Euphorbiacées.
  • Genre : Manihot.
  • Espèce: Esculenta.
  • Variétés : TME419, 1661, Sadisa, Nsansi, Zizila, Butamu et Rav.

Etapes de mise en place

Identifier la variété

4 critères sont déterminants dans l’identification des variétés de manioc :

  • Le rendement (nombre et calibre des racines).
  • La durée du cycle.
  • La qualité organoleptique pour la transformation alimentaire (exemple au Congo, c'est le fufu et le chickwangue).
  • La résistance ou tolérance à la mosaïque.
  • Variétés utilisés dans le Bas-Congo : TME419, 1661, Sadisa, Nsansi, Zizila, Butamu et Rav et M’vuazi.

Choix du terrain

Le choix du terrain dépend des indications techniques suivantes :

  • Topographie : Bas de pente, pente légère, plateaux et plaines.
  • Superficie standard proposée : 2 500 m².
  • Types de sols : Sablo-argileux, profonds et drainés, riches en matière organique (de couleur rouge foncé ou brun foncé), avec peu de graviers, ayant une bonne capacité de rétention en eau et faciles à travailler (pour le labour).

A ces critères s'ajoutent des aspects de gestion :

  • Accessible à pied.
  • Eloigné des champs malades pour éviter la contamination.
  • Avec comme précédent cultural une jachère ou toute autre culture que des plantes à racines ou tubercules.

Identifier la période

Périodes de mise en place du parc à bois : saison A (octobre à février : grande saison des pluies) et saison B (mars à juin: petite saison des pluies).

Déterminer les opérations à réaliser

  • Délimitation du terrain.
  • Défrichage.
  • Labour et/ou billonnage.
  • Approvisionnement en boutures.
  • Préparation des boutures et plantation.
  • Regarnissage, sarclage et paillage.
  • Assurer un suivi par des visites pour détecter les problèmes sanitaires (réalisation d’une phytosanitation : éliminer et détruire les plants présentant tout symptôme de maladies). Même si l’enlèvement des plants représente une diminution de production.

A prendre en compte

  • Certaines pratiques culturales sont peu respectées, comme le billonnage et le paillage. Le billonnage, car ceux qui labourent en traction animale n'en voient pas forcément l'utilité. Pour le paillage, c'est lié au fait qu'ils n'utilisent que la biomasse fauchée qui est souvent insuffisante pour jouer un réel rôle de paillage.
  • Il est essentiel de profiter des premières pluies pour disposer d’un maximum de précipitations durant le cycle cultural. Les plants auront une croissance plus vigoureuse et une meilleure résistance aux maladies.
  • Il faut faire attention à ne pas dépasser la date de récolte (12 à 18 mois), car le matériel obtenu risque d’être de mauvaise qualité pour la plantation.

Conduite du parc à bois de manioc

Parc à bois

Préparation

Sans traction animale

  • Délimiter la parcelle.
  • Défricher sans brûler les matériaux.
  • Stocker une partie des herbes fauchées pour le paillage, l’autre partie est réservée comme engrais pour l’enfouissement (touffes, petites herbes, chevelu racinaire...). Au moment de la confection des billons ou des buttes, il est effectivement conseillé d’enfouir les petites herbes, les feuilles vertes, les jeunes tiges tendres de légumineuses, de Tithonia diversifolia ou de graminées présentes sur les parcelles (Imperata cylindrica, Hyparrhenia sp,...) pour assurer un apport d'éléments organiques.
  • Arracher les arbustes.
  • Labourer à une profondeur de 20 cm.
  • Confectionner les billons : 10 à 20 m de long, 0,5 m de largeur et espacés de 0,5 m, suivre les courbes de niveau.
  • Pour des cultures sur buttes : disposer les buttes suivant les courbes de niveau et en quinconce, 0,5 m de diamètre en tête et à 0,5 m de distance les unes des autres.

Un travail du sol léger et l'enfouissement de matière végétale sont des pratiques agroécologiques.

Avec traction animale

  • Délimiter la parcelle.
  • Défricher les herbes et les brûler après séchage.
  • 1 mois après les premières pluies, labourer en enfouissant les recrues (jeunes herbes ayant repoussées).
  • A noter : Lorsque le terrain est labouré par la traction animale, la confection de billons peut être considérée comme une perte de temps par les producteurs, toutefois, le rendement en racines est supérieur pour des cultures sur billons (préparation manuelle) par rapport aux champs labourés à plat (traction animale).

Plantation

Boutures de manioc

Au début des saisons des pluies (mars et/ou octobre) :

  • Prélever les tronçons des tiges de manioc dans la partie médiane de la tige (une fois coupés, ils peuvent être conservés 2 semaines).
  • Fractionner les tronçons des tiges en boutures de 20 à 25 cm avant la plantation. Garder 3 nœuds au minimum par bouture pour assurer la reprise.
  • Planter les boutures de manioc.
    • Écartements : 0,75 m sur la ligne (11 boutures pour un billon de 10 m) et 0,75 m entre les lignes.
    • Densité : 1 bouture par emplacement, plantée horizontalement ou obliquement (à 2/3 de la longueur dans le sol).

Entretien

Paillage
  • Regarnir 4 à 6 semaines après la plantation.
  • Sarcler 4 à 6 semaines après la plantation si nécessaire, puis selon les besoins.
  • Pailler : Couvrir toute la surface des billons ou des buttes avec de la paille stockée ou importée et avec les résidus de sarclage. Compléter le paillage si besoin durant le cycle. C'est un principe agroécologique, la couverture végétale permanente du sol favorise sa fertilité. Ecarter le paillage autour du pied de manioc pour éviter les risques phytosanitaires (pourridiés, bactérioses).

Récolte

Bottes de bouture de manioc
  • Durée des cycles : 14 à 18 mois.
  • La récolte du manioc peut être étalée sur plusieurs semaines.
  • Rendement moyen en boutures : 2 500 m² ou 125 bottes de boutures.

Protection

Principales maladies

Symptômes des principales maladies du manioc
  • Maladie virale : La mosaïque se manifeste par des tâches chlorotiques (les feuilles se décolorent et présentent des taches vert clair, jaunes ou blanches.
  • Maladies bactériennes : Elles provoquent des brûlures et le flétrissement des feuilles.
  • Maladies fongiques : La cercosporiose qui provoque des tâches brunes, l’anthracnose qui se manifeste par des chancres (lésions) et le pourridié qui ralentit la croissance.


En dehors de la mosaïque du manioc, très présente dans la Province du Bas Congo sur les variétés locales, les autres maladies observées sont des cas isolés.

Recommandations

  • Utiliser des boutures saines.
  • Planter des clones de manioc résistants ou tolérants à la mosaïque, la bactériose et l’anthracnose.
  • Planter en début de saison des pluies.
  • Respecter les pratiques culturales : Amendement organique du sol, préparation des boutures, labour, paillage et succession culturale.
  • Eviter de fréquenter les champs infectés.
  • Assurer la phytosanitation : Eliminer et détruire les plants présentant tout symptôme de maladies (les extraire de la parcelle et les brûler).

Sources

Projet PADDALU - AgriSud International - RD Congo, Appui au développement durable des activités et des filières agricoles dans le Territoire de Luozi.



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Cette page a été rédigée en partenariat avec le projet Urbane et grâce au soutien financier de l'Union Européenne.

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Annexes

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