Le biocontrôle pour lutter contre l'oïdium
Le biocontrôle offre de nombreuses solutions pour lutter contre l’oïdium dans une grande variété de cultures. Cependant, il peut être difficile d’optimiser ces solutions, et choisir l’outil le plus adéquat pour chaque cas représente un défi. Cet article propose un aperçu des stratégies actuellement disponibles et expose quelques points pour faciliter une prise de décision éclairée.
Oïdium
L’oïdium est une maladie fongique courante qui touche un large éventail de plantes, y compris les cultures, les fruits, les légumes et les plantes ornementales. Cette maladie tire son nom d'une couche blanche ou grisâtre et poudreuse qui apparaît sur la surface des parties infectées des plantes. Ce voile est composé de spores fongiques, principal moyen de dissémination de la maladie (indiquer un lien vers des articles sur la triple performance).
L’oïdium est causé par de nombreuses espèces de champignons, mais les genres les plus courants incluent Erysiphe, Leveillula, Podosphaera, Sphaerotheca et Uncinula. Ces champignons sont des parasites obligatoires, ce qui signifie qu’ils ont besoin d’un hôte vivant pour survivre. C’est pourquoi l’oïdium tue rarement les plantes, mais il peut néanmoins les affaiblir, réduire la qualité des fruits et souvent dégrader les produits agricoles (comme dans la production de vin).
Contrairement à de nombreuses autres maladies fongiques, l’oïdium n’a pas besoin d’humidité libre pour germer et infecter les plantes. Les spores de l’oïdium peuvent germer et infecter les plantes dans des conditions sèches, tant que l’humidité relative est suffisamment élevée. Cela en fait un problème particulier dans les climats chauds et secs.
Les agriculteurs peuvent prendre diverses mesures pour prévenir ou contrôler l’oïdium dans leurs cultures. Cela inclut des pratiques culturales (comme l’utilisation de variétés résistantes, l’espacement et la taille efficaces des plantes, l’élimination du matériel infecté) ainsi que l’application de fongicides (classiques ou biocontrôle).
Liste des produits de biocontrôle disponibles contre l’oïdium
Biostimulants
Préparer les défenses de la plante avant l’apparition de l’oïdium peut réduire la gravité de la maladie. Les stratégies basées sur ce principe sont préventives et efficaces uniquement si elles sont appliquées avant l’apparition des premiers symptômes.
- Messager/Mesalia/Mestar : Ce produit, vendu par Cérience, est un stimulateur de défense naturelle qui active les propres défenses de la plante contre l’oïdium. Il utilise une combinaison de chitine (dérivée des exosquelettes de crustacés) et de pectine (provenant de peaux d’agrumes et de pommes). Messager est particulièrement efficace contre l’oïdium dans les vignobles (pulvérisation sur les parties aériennes).
- Romeo : Ce produit de biocontrôle de Lesaffre utilise les parois cellulaires LAS117, dérivées de Saccharomyces cerevisiae (une espèce de levure), pour protéger la vigne contre l’oïdium et le mildiou. Il agit en stimulant les mécanismes de défense naturels de la plante.
- Vacciplant de Goemar (laminarine) : Un polysaccharide naturel extrait d’algues qui stimule les défenses des plantes contre les pathogènes fongiques.
Fongicides
Visant un effet direct sur les champignons responsables de l’oïdium, les produits de biocontrôle à activité fongicide peuvent être à la fois préventifs et curatifs, bien qu’il faille noter que même les méthodes curatives doivent être utilisées rapidement dès l’apparition des premiers symptômes.
Fongicides à base de micro-organismes
- AQ-10 : Ce biofongicide de Biocontrol Technologies, développé en Israël, est basé sur le champignon mycoparasite Ampelomyces quisqualis. Il est homologué en France pour l’utilisation contre l’oïdium sur diverses cultures, notamment les tomates. Il attaque directement les colonies d’oïdium et les détruit.
- Serenade ASO : Ce produit de Bayer AG contient une souche antagoniste de Bacillus subtilis. Ce produit est pulvérisé après dilution dans l’eau. Serenade Max, une version commerciale, agit en colonisant les surfaces des plantes pour créer une barrière protectrice, tout en produisant des composés antimicrobiens et en stimulant les défenses de la plante. Utilisation recommandée : préventive ou au début de l’infection.
- Amylo-X : Produit de CERTIS AG, il contient des cellules et des métabolites de Bacillus amyloliquefaciens. Préventif, ce produit nécessite dilution avant application.
- Blindar/Escalator/Tusal : Ils contiennent Trichoderma asperellum comme ingrédient actif, des champignons bénéfiques qui suppriment l’oïdium en concurrençant pour les nutriments et l’espace, et en produisant des enzymes qui dégradent les parois cellulaires des champignons. Préventifs.
Autres fongicides
Des solutions bien connues comme celles à base de soufre ou de cuivre sont largement utilisées en agriculture biologique pour lutter contre l’oïdium dans les vignobles, les arbres fruitiers et les légumes.
De plus, des biofongicides à base de substances naturelles comme Regalia (Marrone Bio Innovations) utilisent des extraits de Reynoutria sachalinensis (renouée du Japon) pour gérer l’oïdium sur diverses cultures.
Remèdes maison
Dans la gestion de l’oïdium, plusieurs remèdes maison sont couramment utilisés. Ces solutions sont principalement utilisées par les petits agriculteurs, car elles peuvent ne pas être aussi efficaces à grande échelle. Leur popularité s’explique par leur faible coût, leur accessibilité et leur caractère écologique. Cependant, il est important de noter que bien que ces options puissent être utilisées, leurs résultats sont souvent difficilement reproductibles, impliquant une incertitude et un risque.
Ces solutions peuvent être adaptées à l’agriculture biologique, mais il est crucial de noter qu’elles sont souvent plus efficaces lorsqu’elles sont utilisées aux premiers stades du développement de la maladie, notamment de manière préventive. Ces solutions nécessitent également des applications fréquentes, car elles sont moins persistantes que les formulations commerciales.
- Huiles : Les huiles horticoles, l’huile de neem, l’huile d’orange et l’huile de jojoba peuvent être efficaces pour étouffer l’oïdium, notamment en début de saison grâce à leurs propriétés antifongiques. Ces huiles forment une barrière protectrice sur la surface des plantes, empêchant la germination des spores fongiques. Typiquement, un mélange contenant environ deux cuillères à soupe d’huile, une cuillère à soupe de savon liquide et environ 3,8 litres d’eau est pulvérisé foliairement sur une base hebdomadaire ou bihebdomadaire selon la gravité de la maladie. Cependant, ces huiles peuvent également réduire la photosynthèse et potentiellement brûler les plantes, surtout par temps chaud ou froid ou si elles sont appliquées trop tôt après des traitements au soufre.
- Bicarbonate de potassium : Il agit en augmentant le pH de la surface des plantes, rendant ainsi l’environnement hostile à la croissance des champignons. L’utilisation implique de mélanger environ une cuillère à soupe de bicarbonate de potassium et une cuillère à soupe de savon liquide dans environ 3,8 litres d’eau, puis d’appliquer sur les surfaces supérieures et inférieures des plantes de manière hebdomadaire.
- Lait : Le lait contient des composés qui, lorsqu’ils sont exposés à la lumière du soleil, produisent des radicaux libres toxiques pour les champignons. Il peut être utilisé en diluant du lait entier dans de l’eau (rapport 1:10), suivi d’une application foliaire sur les plantes affectées tous les 7 à 10 jours. Il est recommandé d’appliquer le traitement le matin pour permettre un séchage suffisant sur la surface des plantes.
- Eau savonneuse : L’eau savonneuse nécessite un contact direct avec les spores fongiques pour réduire ou éliminer leur propagation. Cependant, elle ne tue pas directement les spores et ne fournit pas une protection durable contre les pathogènes fongiques. Cela implique de mélanger deux cuillères à café de savon liquide dans environ 3,8 litres d’eau et de pulvériser sur les surfaces supérieure et inférieure des feuilles tous les 7 à 10 jours ou après de fortes pluies. Il est conseillé d’éviter de pulvériser tôt le matin ou en après-midi pour éviter les brûlures foliaires en présence de lumière directe du soleil. Une utilisation combinée avec du bicarbonate de potassium ou des huiles offre les meilleurs résultats.
- Vinaigre de cidre de pomme : Sa nature acide détruit les spores de l’oïdium. Un mélange d’environ trois cuillères à soupe de vinaigre de cidre dans 3,8 litres d’eau est pulvérisé sur les surfaces des plantes affectées tous les 10 à 14 jours. Cependant, il est important de noter que cette acidité peut endommager les plantes et que cette solution doit donc être utilisée avec précaution.
- Ail : L’ail contient des composés soufrés aux propriétés antifongiques, capables de perturber la croissance des champignons. Son utilisation implique de mélanger des gousses d’ail broyées dans de l’eau (rapport d’environ 1:10), de filtrer le mélange et de pulvériser les plantes affectées chaque semaine.
Pourquoi utiliser le biocontrôle pour gérer l’oïdium ?
- Durabilité écologique : Les produits de biocontrôle, comme ceux basés sur des souches de Bacillus subtilis et Bacillus thuringiensis, offrent une alternative plus respectueuse de l’environnement que les fongicides synthétiques. Ils sont moins susceptibles de nuire directement aux insectes bénéfiques, de polluer l’environnement ou de contribuer à la résistance des populations d’oïdium aux fongicides.
- Efficacité : Des recherches montrent que les agents de biocontrôle peuvent réduire efficacement la gravité des infections d’oïdium. Par exemple, les espèces de Bacillus ont démontré leur efficacité dans le contrôle de l’oïdium sur les courgettes, en améliorant la croissance et le rendement des plantes. De même, les produits à base de parois cellulaires de Saccharomyces cerevisiae LAS117 peuvent activer les mécanismes de défense naturels de la plante pour lutter contre l’oïdium et le mildiou dans les vignes.
- Intégration à la gestion intégrée des ravageurs (IPM) : Les produits de biocontrôle peuvent être intégrés de manière transparente à d’autres techniques de gestion des maladies, telles que le choix de variétés résistantes, l’amélioration de la circulation de l’air et l’adoption de bonnes pratiques culturales. Cela favorise un contrôle des maladies plus robuste et durable.
- Réduction de l’utilisation des produits chimiques : Les agents de biocontrôle peuvent contribuer à réduire la dépendance aux fongicides chimiques, ce qui profite à l’environnement et à la santé humaine. Cela est particulièrement important compte tenu des préoccupations croissantes concernant les résidus de fongicides dans les aliments et le développement de résistances aux fongicides chez les populations d’oïdium.
- Réponses ciblées et agriculture de précision : Les solutions de biocontrôle peuvent être adaptées à des cultures et des régions spécifiques. Par exemple, le projet BCA_GRAPE développe de nouveaux prototypes de biofongicides basés sur des souches d’Ampelomyces quisqualis pour contrôler l’oïdium dans les vignobles européens. Cette approche ciblée peut conduire à une gestion plus efficace et durable de l’oïdium.
Points d’attention concernant le biocontrôle
- Recherche et développement : Bien que prometteur, le domaine du biocontrôle est en constante évolution. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre l’efficacité, les méthodes d’application optimales et les impacts à long terme de divers agents de biocontrôle contre l’oïdium dans des cultures et environnements diversifiés.
- Disponibilité et coût : La disponibilité et le coût des produits de biocontrôle peuvent varier selon la région et le produit spécifique. Ils sont souvent plus onéreux que les pesticides conventionnels.
Comment choisir
Bien qu’il existe une grande variété de produits disponibles pour contrôler l’oïdium en agriculture agroécologique, le choix d’un produit ou d’un autre est une tâche complexe qui dépendra de la réalité de chaque exploitation.
Impacts des conditions météorologiques
Le premier aspect à considérer dans un système de culture particulier est le risque d’infection, qui sera largement déterminé par les conditions climatiques de la saison en cours. Suivre l’évolution de la maladie à l’échelle régionale est essentiel pour traiter efficacement, car l’efficacité de tout traitement sera considérablement réduite en cas de réponse tardive. Pour les traitements en plein air nécessitant une adhérence foliaire, les prévisions météorologiques sont également essentielles pour éviter que le produit ne soit lessivé par la pluie.
Préventif vs curatif
Le développement de l’oïdium après l’apparition des premiers symptômes peut être trop rapide pour permettre une intervention en temps voulu, notamment dans les grandes exploitations. C’est pourquoi nous insistons sur l’utilisation de méthodes préventives lorsque le risque est élevé.
Les méthodes préventives peuvent être divisées entre les biostimulants et les fongicides systémiques. Le choix entre ces deux types dépendra principalement du système de culture à protéger et de l’échelle temporelle à laquelle ils sont censés agir. Bien que les méthodes préventives nécessitent un investissement initial, elles peuvent réduire le potentiel d’apparition d’épidémies graves entraînant des pertes importantes. En revanche, les fongicides systémiques, bien qu’ils puissent être plus coûteux, offrent une protection à plus long terme dans des conditions de risque élevé.
Combinaison de plusieurs méthodes
Si la compatibilité des biostimulants pose rarement problème, les solutions ayant une activité fongicide doivent être utilisées avec précaution, car elles risquent d’affecter d’autres acteurs de l’agroécosystème. Pour ce type de produit, il est essentiel de vérifier leur impact potentiel sur d’autres pratiques agroécologiques utilisées simultanément.
Résistance au traitement
L’utilisation répétée de la même stratégie saison après saison peut entraîner une diminution de l’efficacité au fil des ans. Se familiariser avec de multiples options peut considérablement augmenter les chances de contrôler efficacement cette maladie et fournir davantage de ressources exploitables lors d’une année difficile.