Association maïs/haricot lablab

La question de l‘apport en protéines dans la ration des ruminants est une question majeure pour les éleveurs. Les problématiques environnementales et économiques entourant le tourteau de soja poussent à trouver des alternatives.
Le maïs est déjà utilisé comme fourrage car il apporte une importante source d’énergie. En l’associant avec le haricot lablab, on souhaite améliorer la valeur alimentaire du fourrage.
Itinéraire technique
Choix des espèces
Trois variétés de lablab sont favorisées pour le fourrage
- Rongaï (la variété majoritairement choisie)
- Sustain
- Purple
Le haricot lablab a été sélectionné car c’est une légumineuse annuelle avec un fort développement végétatif, la capacité de supporter de très fortes chaleurs et la capacité de s’enrouler autour du maïs.
Les variétés de maïs utilisées pour l’association sont souvent des variétés précoces afin de correspondre au cycle du lablab et atteindre la maturité du grain à la récolte malgré une date de semis tardive (généralement au mois de mai).
Semis
Le semis du lablab et du maïs se fait généralement simultanément

- Matériel : l’outil le plus souvent utilisé est le semoir monograine. Le semis simultané est possible car les tailles de graines sont similaires. Si l’éleveur souhaite améliorer la précision, il peut utiliser un double semoir monograine.
- Date de semis : idéalement, la date d’implantation est aux alentours de la mi-mai lorsque le sol atteint 12/14°C.
- Densité : pour le haricot lablab, la densité est élevée. Typiquement, on trouve 80000 pieds/ha, ce qui correspond à 17.5 kg/ha. La densité varie en fonction de la conduite : 65000 à 85000 graines/ha en irrigué et 55000 à 75000 graines/ha en culture sèche. Pour le maïs, la densité en association est quelque peu diminuée par rapport au maïs pur → 5500 graines/ha en moins.
Fertilisation
La fertilité de la culture dépend de la capacité de nodulation du haricot lablab. Les bactéries spécifiques au lablab ne sont pas naturellement présentes dans les sols de France métropolitaine. Par conséquent, le développement de nodulation ne se fait pas ce qui limite la fixation symbiotique du diazote atmosphérique.
Il y a donc deux méthodes de conduite de l’association :
- Pratique sans inoculum : itinéraire technique de fertilisation similaire à celui du maïs pur.
- Inoculation : apport exogène de rhizobia permet de former des nodosités fonctionnelles et de tripler le rendement en biomasse aérienne. Cette méthode permet également de doubler la matière azotée totale (MAT) des parties aériennes et racinaires de la plante.
Gestion du désherbage
Du fait de l’association maïs-lablab, une adaptation des méthodes est nécessaire.
- Désherbage chimique : la liste de produits compatibles avec le lablab est restreinte mais on peut utiliser la pendiméthaline (Atic Aqua, Prowl 400) et la bentazone (Basagran SG).
- Désherbage mécanique : possible si le maïs et le haricot sont semés sur le même rang. Le binage est possible jusqu’au stade où le maïs atteint 1m20. La vitesse de travail doit être réduite lors du binage pour limiter le recouvrement et la perte de plantules de lablab.
Récolte et conservation
Du fait de son “effet liane”, le haricot lablab peut être difficile à récolter.

- Matériel : bec rotatif de type Kemper est adapté à la récolte de ce type de fourrage
- Contraintes : lorsque le lablab est très développé, il peut y avoir du bourrage dans l’ensileuse et un ralentissement du chantier de 15 minutes à 1h30 par hectare.
- Conservation : le lablab est plus humide que le maïs, ce qui permet de le réhydrater, diminuant le taux moyen de matière sèche (MS) du fourrage associé d’environ 1.4 à 4 points.
Avantages zootechnique
- Le taux d’humidité est supérieur à la récolte du fourrage, grâce à la présence du haricot lablab. Cela facilite le tassage de l’ensilage.
- Le lablab diminue le taux d’amidon de 6% sans perte d’énergie dans le fourrage. Un taux d’amidon plus faible permet de réduire les risques d’acidose.
- Sont également observés des gains en éléments minéraux, par exemple, les teneurs en calcium sont doublées par rapport à l’ensilage de maïs pur. Il y a également un enrichissement en magnésium, en potassium et en phosphore.
- L’ajout de lablab dans la ration diminue l’écart moyen entre les valeurs PDIE (protéines digestibles dans l’intestin permises par l’énergie) et de PDIN (protéines digestibles dans l’intestin permises par l’azote). Cette réduction facilite l’équilibre de la ration alimentaire.
- Valorisation par les animaux : l’ensilage maïs-lablab peut avoir une forte odeur résultant à des hésitations ou des refus temporaires chez les vaches mais on n’observe pas d’inappétence à long terme.
Inconvénients
- Sans inoculum spécifique au lablab il n’y a pas de développement de nodosités ou développement de nodosités blanches et non fonctionnelles. Sans la fonction légumineuse, le lablab est en concurrence avec le maïs, pénalisant ainsi le rendement sans amélioration de la MAT.
- La diminution de la densité de semis du maïs dans l’association peut causer une baisse de rendement en matière sèche.
- Bien qu’il y ait une augmentation de la MAT des fourrages associés, elle est faible (augmentation de 0.5% par rapport au maïs pur). La quantité de MAT produite par hectare ne diffère donc pas de manière significative entre le maïs pur et le maïs/lablab.
Augmentation des charges opérationnelles due principalement au coût supplémentaire des semences de lablab (80€/ha en conventionnel, 58€/ha en bio).