Améliorer les élevages avicoles en Afrique

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Aviculture dans un village du Congo

Améliorer la sécurité alimentaire des familles d'un village en Afrique par une meilleure maîtrise de l'aviculture dans le cadre d'un projet communautaire.

Enjeux

L’objectif est d’augmenter durablement, diversifier la production agricole et renforcer les filières de commercialisation, pour une meilleure gestion environnementale des espaces productifs.

Problèmes Solutions
Animaux en

divagation

Semi-claustration
Race locale

peu productive

Utilisation

d'autres races

Mortalité

importante liée

aux maladies

Nouvelles

pratiques

La pratique de la semi-claustration permet d'éviter la divagation et d'assurer une alimentation complète aux animaux. Pour une pratique optimale, le respect d'une organisation est très importante :

  1. Nourrir et abreuver les sujets chaque matin au poulailler.
  2. Laisser les sujets en divagation autour du poulailler en fin de journée pour qu’ils puissent compléter eux-mêmes leur alimentation mais en limitant le nombre d’heure d’exposition aux prédateurs éventuels.
  3. Rentrer tous les sujets dans le poulailler le soir pour prévenir les risques de prédations, de vols ou de pertes.
  4. Contrôler les sujets chaque matin et chaque soir (nombre et état physique).

Démarches d'implantation d'un projet communautaire

Le poulailler communautaire a pour vocation de produire des poussins qui sont par la suite distribués aux membres pour améliorer leurs ateliers d’élevage individuels. Les étapes pour réaliser un tel projet sont :

  1. Choix d'un village avec une bonne cohésion sociale, volonté d’un groupe de villageois (avoir l'expérience de l’aviculture, accepter d’assister aux formations, s'engager à construire le poulailler) (au minimum 10 ménages), disponibilité d’un terrain (accords d'acquisition) et des matériaux de construction.
  2. Réunion d’explication avec les villageois, avec l’accord du chef de village. Présentation des objectifs du poulailler, les modalités de collaboration, l'importance de l'union et de l'organisation.
  3. Temps d'échanges et de questions.


Une à deux semaines après la première réunion, avec les personnes intéressées :

  1. Election d’un comité de 5 personnes (1 président, 1 vice président, 1 secrétaire, 1 trésorier et 1 chargé de suivi).
  2. Elaboration d’un règlement pour régir le fonctionnement du poulailler.
  3. Un contrat de collaboration est signé entre le projet et les éleveurs afin de déterminer les engagements de chaque partie.
  4. Début de la formation, réalisée dans le poulailler communautaire afin de pouvoir appliquer directement les savoirs transmis. Utiliser des supports visuels afin de faciliter la transmission et la compréhension des messages.
  5. L’emplacement du poulailler communautaire doit être validé par le chef de village et les villageois afin d’éviter les contestations futures concernant la propriété du bâtiment et de l’enclos. Le projet doit inciter les éleveurs à bien définir les clauses de l’accord pour la mise à disposition du foncier et le devenir du poulailler communautaire.

Construction d’un poulailler

Poulailler en bambou.

Objectifs

  • Créer un environnement favorable à la gestion de l’élevage avicole : protection des sujets contre les vols, les intempéries, la prédation, les accidents et les maladies.
  • Faciliter la surveillance des animaux.
  • Maîtriser la production : santé, alimentation, reproduction.

Conseils d'organisation

  • Éviter les périodes de forte mobilisation des villageois dans les champs pour le lancement des travaux.
  • Vérifier la disponibilité des matériaux de construction.
  • Assurer un suivi-conseil à toutes les étapes de la construction pour limiter les erreurs entrainant du temps et des coûts supplémentaires.
  • Déterminer une échéance pour les constructions afin de faciliter le suivi et d’éviter que les travaux ne prennent trop de temps.

Prérequis & éléments nécessaires

Le terrain

  • Proximité de l’habitat pour faciliter l’accès et la surveillance.
  • Être aéré et non inondable.
  • A proximité d’arbres pour faciliter l’ombrage (on peut planter des arbres à croissance rapide comme le Moringa ou le Spondias Lutea).

Les matériaux

  • Pour la construction  : Piquets, bambous, feuilles de palmiers, Raphia vinifiera, briques en terre, sticks, paille, bois, lianes, chaumes, plants pour haies vives, etc.
  • Pour le poulailler :
    • Mangeoires (pour préserver les aliments des souillures).
    • Abreuvoir (en plastique ou en bambou) pour distribuer l’eau propre en veillant à la mise en place d’un dispositif empêchant les sujets de se percher sur l’abreuvoir.
    • Pondoir pour assurer de bonnes conditions de ponte à positionner dans un recoin sombre.
    • Perchoir pour un confort en phase de repos.

La maquette

Le poulailler doit être orienté :

  • Est-Ouest pour limiter l’entrée du soleil.
  • En fonction du vent dominant pour limiter l’humidité et l’activité microbienne.


Au préalable, il faut s'assurer :

  • Des dimensions : Elles doivent correspondre au nombre de sujets pour assurer des conditions sanitaires favorables à l’intérieur du poulailler et faciliter le travail. La règle est en général de 5 sujets par m² .
  • De l'aération : Comme pour tout bâtiment d’élevage, l’aération est importante. Les éleveurs doivent laisser des espaces pour la circulation de l’air dans les murs.
  • De la pente : Sur un terrain en pente, il est nécessaire de prévoir de canaliser l’eau pour empêcher les écoulements dans les bâtiments.
Schéma type d'un poulailler communautaire.

La litière

Le sol du poulailler doit être recouvert d’une litière bien sèche de 10 cm d’épaisseur. Elle peut être constituée de copeaux, feuilles mortes ou bagasses (résidu fibreux de canne à sucre).

Cela permet d’éviter le balayage quotidien du poulailler et produit un fertilisant naturel pour les cultures.

Alimentation des volailles

L’alimentation influe sur le gain de poids et sur la ponte (en quantité et en qualité). Afin de garantir une bonne alimentation, les personnes en charge du poulailler doivent être formées à la fabrication d’aliments à base de produits locaux (maïs, soja, niébé et manioc) et aux règles de distribution de cet aliment.

Les besoins alimentaires

Les besoins alimentaires dépendent de l’âge : 1,5 kg par mois en moyenne de 0 à 18 semaines, au-delà 3,5 kg par mois.

Dans les villages, les petits élevages sont généralement constitués de sujets à des stades de croissance différents, une moyenne de 3 kg par sujet peut donc être adoptée.


La fabrication d’aliment de qualité en quantité est la principale contrainte des éleveurs (broyage difficile, manque de matière première, etc.). La semi-claustration permet ainsi aux sujets de compléter et de diversifier leur ration journalière sans alourdir le travail des éleveurs. En effet, l’aliment local, fabriqué à base de maïs, niébé et manioc ne répond pas en totalité aux besoins nutritifs des sujets ce qui complique l’élevage en claustration. De ce fait, la semi-claustration a été proposée par le projet comme méthode d’élevage.

Préparation de l'aliment

Préparer les ingrédients

Pilage des grains dans le mortier.

Pour fabriquer l’aliment, les ustensiles nécessaires sont une marmite, un mortier, un pilon, un tamis, une balance, une poêle.


Pour le soja ou le niébé (apport de protéines et lipides) :

  1. Battre les gousses de soja ou de niébé pour obtenir des graines.
  2. Torréfier les graines (pour désactiver les éléments antinutritionnels). Mettre les graines au feu dans une marmite. Tourner jusqu'à ce que les graines deviennent cassantes et sentent le biscuit (comme des arachides grillées).
  3. Mettre les graines dans le mortier et piler.
  4. Tamiser et peser.


Pour le maïs (apport de glucides) :

  1. S’assurer que les épis soient bien secs.
  2. Égrainer les épis.
  3. Piler.
  4. Tamiser et peser.


Pour le manioc (apport de glucides) :

  1. Laver les racines de manioc et les couper en petits morceaux.
  2. Mettre à sécher 4 à 5 jours au soleil.
  3. Piler.
  4. Tamiser et peser.

Réalisation du mélange

A jouter de l’huile de palme aux miettes du mélange pour atténuer la pulvérulence (état de poudre). Sur une aire de mélange ou sur un sac en toile tissé, faire se succéder les couches de manioc, maïs et de soja ou niébé par tranches de 5 couches de chaque.

Conditionnement et stockage

Mettre le mélange dans des sacs en toile tissée. Stocker dans un endroit sec (en hauteur pour éviter les attaques de rats).

Conserver pendant 2 mois.

La ration alimentaire

Une ration est la quantité d’aliments distribuée quotidiennement à un sujet. Elle doit contenir tous les éléments nécessaires à la croissance et au développement de l’animal :

  • Les glucides présents dans les céréales (maïs ,sorgho), les racines et les tubercules (manioc, patates douces).
  • Les protéines présents dans les graines de légumineuses (soja, niébé, arachide, pois cajan) et dans les graines et les feuilles de moringa.
  • Les lipides présents dans les graisses et les huiles (huiles de palme, graines oléagineuses).
  • Les vitamines (nécessaires à l’équilibre physiologique et à l’assimilation des autres nutriments) présentes dans les feuilles vertes comestibles (moringa) et dans les fruits (papayes ,mangues, etc.).
  • Les minéraux (pour le squelette et l’assimilation des aliments) présents dans la poudre calcaire, la poudre d’os, les coquillages, les déchets de poisson.

Distribution de l’aliment

La distribution se fait généralement le matin et en quantité suffisante selon le stade de croissance :

  • Distribuer 15 grammes par sujet par jour dès la première semaine.
  • Augmenter la quantité de 5 grammes/jour chaque semaine jusqu’à la 22ème semaine puis stabiliser l’apport à 120 g/sujet/jour jusqu’à la réforme.
  • Distribuer l’aliment dans des mangeoires (en bambou ou en tôle) pour éviter le gaspillage ou les souillures.
  • Veiller à la disponibilité permanente d’une eau de bonne qualité.
Distribution de l'aliment

Changements d’aliment

Le passage d’un aliment à l’autre doit se faire progressivement pour éviter de stresser les animaux.

Il se fera progressivement en 7 jours selon le rythme et le ratio : % aliment ancien / % aliment nouveau ci-dessous :

  • Jour 1 - Jour 2 : 75 % / 25 % .
  • Jour 3 - Jour 4 : 50 % / 50 % .
  • Jour 5 - Jour 6 : 25 % / 75 %.
  • Jour 7 : 0 % /100 %.

Hygiène et santé animale

Dans les gestions des petits ateliers de volaille, la bonne santé animale joue un rôle déterminant. Le passage de la divagation à la semi-claustration nécessite de former les éleveurs aux règles de base de la prévention des risques sanitaires ainsi qu’à leur traitement.


Les objectifs étant de :

  • Entretenir le bon état sanitaire des sujets.
  • Limiter les risques de maladies parasitaires et diarrhéiques.
  • Limiter les pertes des sujets et les pertes économiques liées aux maladies (retard de croissance, chute de ponte, faible taux d’éclosion, mauvaise qualité de viande).
  • Appliquer les mesures de prophylaxie sanitaire et médicale en respectant les méthodes d’élevage.

Principales règles de santé

Taille du cheptel par poulailler

Densité conseillée : 5 sujets / m² / poules reproductrices.

Nettoyage

  • Nettoyage quotidien des abreuvoirs et des mangeoires.
  • Remplacement de la litière tous les 2 ou 3 mois.
  • Remplacement de la litière si elle est humide (risque de coccidiose).

Alimentation

  • Eau renouvelée quotidiennement.
  • Dispositif sur les abreuvoirs empêchant les sujets de s’y percher.
  • Alimentation quotidienne selon la croissance des sujets.

Lutte contre les maladies

Les maladies peuvent être évitées par des pratiques préventives ou guéries par des pratiques curatives.

Campagne de vaccination

La pseudo peste aviaire

Symptômes

  • Difficulté respiratoire.
  • Paralysie.
  • Tremblement.
  • Diarrhée.
  • Arrêt de ponte ou œufs anormaux.

Mesure

  • Préventive : Vaccination buvable ou occulo-nasale (vaccin I-2 thermo tolérant pour les sujets de tout âge). Si les pertes dues à la pseudo peste Aviaire (PPA) sont récurrentes et déciment les cheptels, il faut opter pour une vaccination préventive. Le traitement est accessible financièrement (environ 6 dollars 200 doses).

Modalité de vaccination

  • En occulo-nasale, chercher un goutteur et calculer la quantité de diluant nécessaire pour 200 gouttes (qui représentent 200 doses pour 200 sujets).
  • Le produit « shaldex» (traitement) est anti-inflammatoire des yeux. Diluer le vaccin dans 1 flacon de 10 cc (utiliser des goutteurs à usage unique ).

Maladie de Gumboro

Symptômes

  • Manque d’appétit.
  • Perte de poids.
  • Paralysie.
  • Tremblement.
  • Abattement.

Mesures

  • Préventive : Vaccination buvable (flacon diluer dans 1 à 5 litres d’eau). Doses : la 1ère semaine, rappel avant l'entrée en ponte, à la 18ème semaine d’âge.
  • Curative: Sucre: 2g/l d’eau pendant 4 jours. Diaziprim (poudre soluble pour éviter les complications bactériennes).

Variole aviaire

Symptômes

  • Conjonctivite.
  • Eternuement.
  • Difficulté à avaler et à respirer.
  • Croûte sur la crête et les barbillons.

Mesures

  • Préventive : Vaccin en flacon (1000 doses avec le diluant et les vaccins). 1er dose à 2 semaines. Rappel avant l’entrée en ponte. Dose à la 18ème semaine d’âge.
  • Curative : Solution phénol : 0,5 à 1 cc/sujet, en sous cutané, au niveau du coup. Répéter 8 jours après.

Histomonase (histomonase gallinarum)

Symptômes

  • Diarrhée brunâtre.

Mesure

  • Curative : Diaziprim pendant 5 jours (250g dans 1,5 litres d’eau).

Verminose (ascaridiase et capillaire spp)

Symptômes

  • Pas d'appétit.
  • Diarrhée.
  • Ralentissement de la croissance.
  • Chute de ponte ou œufs mal formés.

Mesures

  • Préventive : Evamisol: 0,5 g/litre d’eau pour le 1er jour. Répéter après 45 à 60 jours.
  • Curative : Mesure préventive + vitamines : 0,5g à 1g/litre d’eau pendant 3 jours.

Maladies carentielles (carence en vitamine D, en calcium, phosphore, vitamines)

Symptômes

  • Déviation des pattes.
  • Chute des plumes.
  • Retard de la croissance.

Mesures

  • Préventive : Ration alimentaire équilibrée.
  • Curative : Complément minéral, vitamine en cas de dépistage : sel 2 g/ litre d’eau pendant 2 jours.

Coccidiose (Coccidiose de genre Emeria avium )

Symptômes

  • Diarrhée rouge.
  • Chute de ponte.
  • Absence d'appétit.
  • Amaigrissement.

Mesures

  • Préventive : Anticoccidien dans la ration.
  • Curatives : Emprolium : 1 g/litre pendant 3jours.

Matériels nécessaires

  • Vaccins et compte goutte.
  • Diluant ou eau de source.
  • Bac à glace et accumulateurs.

Le maintien de la chaîne de froid est essentiel pour garantir la réussite de la vaccination. Les vaccins doivent être conservés au froid.

Sources

Projet APROFIL - RD Congo Agriculture Durable et Professionnalisation des Filières Agricoles dans le MAYOMBE Territoires de Lukula et Tshela. AgriSud International.


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Cette page a été rédigée en partenariat avec le projet Urbane et grâce au soutien financier de l'Union Européenne.

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Annexes

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