Traitement de l'eau pulvérisée

De Triple Performance
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Matériel

L’eau est le principal solvant utilisé dans la préparation de bouillie. L’efficacité du produit phytosanitaire dépend donc tout autant de la qualité de l’eau que des conditions météorologiques ou du stade des cultures à l’épandage.

Les deux principales caractéristiques qui influent sur la qualité de la pulvérisation sont le pH et la dureté (selon la molécule, voir plus loin). Il est important de connaître ces deux caractéristiques pour l'eau utilisée sur la ferme - des tests peu chers existent et doivent être utilisés régulièrement. L'eau de pluie est moins dure que l'eau de forage, mais son acidité peu varier fortement.

Il est possible de corriger le pH de l'eau et sa dureté manuellement (avec du sulfate d'ammonium) mais attention alors à conserver l'eau dans des cuves plastiques (le métal peut s'oxyder avec l'acide et recharger l'eau, pareil pour le béton).

Les solutions de traitement de l'eau permettent de garantir une eau avec les bonnes caractéristiques au bon moment (la plupart sont maintenant programmable à distance) et évitent de devoir faire les tests et corrections manuellement. La correction de l'eau permet de gagner largement 50% d'efficacité sur les produits, quand elle est combinée avec le bon choix de buses et une pulvérisation de nuit.

Facteurs influençant l'efficacité d'un produit phytosanitaire

pH

Le pH est un des facteurs qui influence le plus la performance des produits phytosanitaires.

Il est donc important que le pH de l’eau soit le même que celui indiqué par le fabricant, sinon :

  • le mélange eau-matière active du produit sera moins homogène
  • l’ingrédient actif du produit phytosanitaire peut être dégradé et devenir inactif.
Paramètre Molécules / familles concernées Effet observé Explication
pH acide (4–6) Herbicides acides faibles : glyphosate, glufosinate, 2,4-D (ester), dicamba (ester), clethodim, sethoxydim, bentazon ↑ Efficacité Moins ionisés → meilleure pénétration dans la feuille
pH élevé (≥ 7,5) Sulfonylurées : nicosulfuron, rimsulfuron, trifloxysulfuron… ↑ Stabilité / efficacité Hydrolyse accélérée en milieu acide → eau acide ≠ bon
pH acide Sulfonylurées ↓ Efficacité Dégradation plus rapide → perte de matière active

Dureté

La dureté de l’eau est définie par la quantité d’ions minéraux chargés positivement que le liquide contient (par exemple : Ca2+, Mg2+, Na+, Fe3+...). Ces molécules peuvent se lier efficacement avec les molécules chargées négativement contenues dans le produit phytosanitaire. Un complexe se forme alors et ce dernier peut :

  • être moins soluble dans l’eau
  • rendre le produit phytosanitaire inactif
  • augmenter la taille des gouttelettes pulvérisées
  • être plus difficilement absorbé par les plantes.
Parties par million de minéraux dans l’eau (ppm) Classification de l’eau par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
0-114 Douce
114-342 Moyennement dure
342-800 Dure
>800 Extrêmement dure

La dureté de l’eau peut se mesurer à l’aide d’un kit ou de bandelettes de test.

La dureté de l'eau impact en particulier la performance du glyphosate.

Ions / dureté Molécules affectées Effet Mécanisme
Ca²⁺, Mg²⁺, Zn²⁺ (dureté classique) Glyphosate ↓ Efficacité (souvent fort) Formation de complexes glyphosate-cation peu absorbables
Mg²⁺ Glyphosate ↓ Efficacité (notée sur plusieurs adventices) Complexe Mg–glyphosate + neutralisation IPA (isopropylamine)
Ca²⁺ / Mg²⁺ trivalents (Fe³⁺, Al³⁺) Glufosinate, bentazon, 2,4-D, MCPA ↓ Efficacité (selon molécule) Complexation moléculaire ou réduction de la fraction libre
AMS (sulfate d’ammonium) ajouté Glyphosate, glufosinate Réduit l’antagonisme L’ammonium se fixe préférentiellement sur la molécule

Température

En cas de température différente de celle indiquée par le fabricant, la formule chimique du produit phytosanitaire peut être déstabilisée, alors :

  • le produit peut devenir inactif
  • les tensions superficielles, la viscosité et la taille des gouttelettes de pulvérisation peuvent être plus petites, ce qui risque de former une couverture de pulvérisation sous-optimale
  • les molécules du produit phytosanitaire peuvent être moins solubles et précipiter au fond de la cuve.

Les herbicides à base d'hormones doivent s'utiliser entre 12 et 25°C. De même, les herbicides à base de Diflufenicanil s'utilisent entre 5 et 12°C.

Plus la température est élevée, plus la vitesse de dessiccation des gouttes est importante. Il y aura donc moins de produit qui atteindra la plante.[1]

Température Molécules concernées Effet Explication
Eau froide (~5 °C) Glyphosate, glufosinate, acides faibles ↓ Efficacité Solubilité et pénétration réduites
Eau tiède (18–44 °C) La plupart des acides faibles Zone optimale Bonne dissolution et meilleure absorption
Eau très chaude (~56 °C) Herbicides divers ↓ Efficacité Risques d’hydrolyse, volatilisation, dégradation

Impact des caractéristiques de l'eau sur les différentes molécules

Impact des différentes caractéristiques sur les molécules herbicides les plus courantes[2]
Molécule / famille Sensible au pH Sensible à la dureté (Ca/Mg) Sensible à la turbidité Notes
Glyphosate Oui (meilleur en acide) Très sensible Très sensible La molécule la plus impactée par la qualité d’eau
Glufosinate Oui (acide) Sensible Moyennement AMS souvent recommandé
2,4-D (ester) Oui (pH acide ↑) Moyennement Faiblement Attention formulation amine → interactions plus fortes
Bentazon pH optimal = légèrement acide Dureté défavorable Peu sensible
ACCase (clethodim, sethoxydim) pH acide favorable Peu à moyennement Peu Souvent amélioré avec huiles / adjuvants
Sulfonylurées Opposé aux acides faibles : pH élevé Peu sensibles Non Risque d’hydrolyse forte si pH < 6
Paraquat / diquat Peu Peu Très sensible Adsorption forte sur matières minérales

Usine de traitement

Pour avoir une eau dans des conditions optimales, il est possible d’y ajouter des adjuvants ou bien d’utiliser une usine de traitement. Ce dispositif s’installe dans un local technique dont la superficie dépend des besoins de l’agriculteur.

Usine de traitement de l'eau

Fonctionnement

L’usine de traitement optimise les conditions physico-chimiques de l’eau en 5 étapes :

  • Filtration de l’eau afin d’enlever tous les éléments en solution qui pourraient réagir avec le produit phytosanitaire et donc diminuer son efficacité (et aussi boucher les buses)
  • Déminéralisation de l’eau, c’est-à-dire élimination des molécules chargées positivement (correction de la dureté)
  • Régulation du pH (en général pour rendre l'eau plus acide)
  • Ajustement de la conductivité de l’eau pour optimiser la pénétration de la bouillie dans la plante
  • Adaptation de la température

Tous ces réglages se font en fonction des informations de l’index phytosanitaire et des fiches de sécurité fournies par les fabricants.


Les mélanges de produits phytosanitaires sont possibles s’ils ont les mêmes pH notamment.

Une option parfois disponible : le logiciel intégré

Certaines usines sont connectées à des logiciels capables de :

  • piloter le mélange à distance (programmation et lancement)
  • vérifier le mélange. Certains logiciels sont capables de reconnaître les produits qui peuvent ou non se mélanger, de proposer des alternatives et d’adapter les conditions physico-chimiques de l’eau au mélange.

Prix

L’usine peut être installée sur une ferme ou bien en CUMA.

Les prix sont entre 20 000 et 50 000 € et le retour sur investissement est d’environ 4 ans grâce aux économies sur les factures d’achat d’intrants phytosanitaires.

Le coût d’entretien de l’usine est, en moyenne, de 200 à 450 € par an (essentiellement de l'acide - et du sel régénérant, parfois le remplacement d'une sonde)

Avantages

  • Environnemental : selon les témoignages, la dose de produits phytosanitaires utilisée est réduite de 20 à 50%.
  • Économique : qui dit réduction de la quantité d’intrants dit économie.
  • Certains systèmes permettent d’abaisser le volume d’eau utilisé à l’hectare afin d’avoir une meilleure concentration de matière active dans la bouillie

Inconvénients

  • Il faut anticiper les traitements pour que tous les paramètres de l’eau soient régulés.

Matériel

Marque Descriptif Images Prix indicatif
AG’eau vital Modèles existants :
  • 2,5 m3/h
  • 5 m3/h
  • ou 10 m3/h

Les + :

  • Lancement des préparations à distances
  • Outil d’aide à la décision qui prend en compte des données météo et réglementaires (compatibilité des produits, prise en compte des stades de culture…)
Usine de traitement de l'eau AG'eau vital
Usine de traitement de l'eau AG'eau vital
Eqo’modul Modèles existants :

Les + :

  • Programmation et lancement de programme peuvent être faits à distance
Usine de traitement Eqo's
Usine de traitement Eqo's
30000€[3]
Hydro Agly Les + :
  • Matériel garanti 10 ans
  • Amortissement en 12 mois

Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=UBiUrlmqtYg

Filtre Hydro Agly
Filtre Hydro Agly
8000€[4]
Aqua’Phyto 50000€[5]
Atiben Modèle Aquatiben 3P


Retours d’expériences

Des retours d'expérience sont à lire ici :

Adjuvants

Les adjuvants nécessaires à l’obtention d’une eau de bonne qualité sont généralement :

  • des anti-mousses
  • des produits pour homogénéiser la bouillie, donc tamponner le pH et neutraliser les eaux dures (exemple : X-Change, sulfate d'ammonium, Symbiose, activa, phyteco)
  • des acidifiants (exemple : X-Change, Li 700)

Des adjuvants sont référencés dans ce PDF .


Sources