Compost Bokashi

De Triple Performance
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Une motte de terre avec des vers de terre dans un sol amendé quelques semaines auparavant avec du compost Bokashi.

Le compostage Bokashi ("Matière organique bien fermentée" en Japonais) est une méthode japonaise de compostage en milieu anoxique des déchets organiques. Il a de nombreux bénéfices comme un plus grand nombre de déchets organiques recyclables, un apport conséquent en azote et en matière organique (MO) et une attente moins longue avant application.

Principe

Le Bokashi est une méthode de fermentation de la matière organique en milieu anoxique (en l’absence d’oxygène) et humide. Ce sont ses principales différences avec le compost traditionnel extérieur qui résulte d’une oxydation de la matière organique en milieu aérobie.

L’absence d’oxygène permet d’éviter l’émission de CO2 dans l’atmosphère, la quasi totalité de l’énergie et du carbone de la matière de départ peuvent donc être conservés, et remis au service du sol. [1] Le tas de Bokashi ne chauffe pas.


Il est possible de réaliser un compost Bokashi avec quasiment n’importe quel déchet organique : fumier, déchets verts (frais ou secs), résidus de culture, phase solide de lisier, déchets de cuisine, etc. Les seuls déchets à surveiller dans ce cas sont les éléments composés de lignine, comme les branches mortes et le bois, car ils fermentent moins bien. Ces derniers doivent être modérément présents dans le mix de déchets organiques et sous forme de broyat (BRF).



Le processus de fermentation permet également la production de molécules bioactives (antioxydants, antibiotiques naturels, acides organiques, vitamines, enzymes…)[2].

Au bout de trois jours, l’agriculteur pourra se servir de la phase liquide, appelée jus de fermentation (riche en matière azotée NH4+) comme fertilisant et de la phase solide du compost comme apport de matière organique et de bactéries. 

Compostage

Plusieurs méthodes existent pour réaliser un compost Bokashi en fonction du contexte du producteur :

Sur un espace prévu à cet effet

  • Sur une surface plane de béton (de mêmes caractéristiques que pour un ensilage par voie humide), disposer une tonne de déchets organiques.
  • Asperger sur toute sa surface 2 l de ferments dilués dans plus ou moins 10 l d’eau, en fonction du taux de matière sèche de la matière de départ (le tas doit contenir entre 50 % et 70 % de matière sèche). L’apport d’eau permet aux micro-organismes de se déplacer, et à la fermentation de s’initier. Toutefois, un surplus d’eau pourrait entraîner un processus de putréfaction. L'apport en ferments permet d’initier la fermentation, et d’orienter la dégradation vers une maturation de la matière. Il permet ensuite de rétablir un équilibre microbiologique dans le sol, via le principe de dominance.
  • Il est essentiel de travailler couche par couche, en essayant de mélanger au mieux les différentes matières organiques s’il y en a plusieurs, et pour répartir au mieux la solution de ferments.
  • Tasser le plus possible la matière organique afin d’évacuer l’air (à la manière d’un ensilage).
  • Bâcher le compost et fermer hermétiquement de sorte à être en milieu anoxique.
  • Au bout de trois jours, le jus de fermentation va s’écouler en bas du compost : récupérer ou bien évacuer ce jus avec un caniveau. On peut utiliser ce jus de fermentation pour apporter de l'azote, du manganèse et du fer assimilable à son sol. Il faut pour cela diluer à 10% de son volume en eau le jus, par exemple 100 ml de jus pour 1 l d'eau. On peut également l'utiliser pour réaliser un thé de compost.
  • La température du compost doit être inférieure à 35 °C , 40 °C grand maximum. Attention, une trop grande variation de chaleur peut compromettre la fermentation.
  • Le Bokashi doit fermenter 8 à 10 semaines avant de pouvoir être épandu. L'épandre modérément ou (enterrer idéalement) le compost sur la parcelle.

Dans une étable

Même méthode que précédemment, sauf qu’ici il est possible d’arroser directement le fumier et la paille sale avec des ferments à 2-3% de volume d’eau.

Sous forme de boudin

À l’aide d'une ensacheuse agricole de type Feed Tuber, il est possible de composter les déchets organiques avec les ferments et de mettre "en boudin" le compost pour pouvoir le déplacer plus facilement ultérieurement.


Feed-tuber

Dans des containers à Bokashi

Le compost Bokashi se fait dans des containers adaptés pour un compostage des déchets alimentaires.

Container à Bokashi Agriton®

Epandage

Le Bokashi s'épand à raison de 30 à 40 t/ha/an, à l’aide d’un épandeur classique.

L’idéal est d’effectuer les apports à l’automne, ou au printemps, au moins 2 semaines avant la mise en place de la culture.

Dans le cas des pâtures, l’idéal est d’apporter le Bokashi à l’automne. Le Bokashi n’est pas dangereux pour les animaux, toutefois, afin de permettre à l’herbe de profiter pleinement de cet apport, il est conseillé de retirer les animaux du pré.

Applications

Le compost Bokashi est une méthode applicable dans plusieurs sphères de l’agro-alimentaire :

  • Agriculteurs, éleveurs : Les bases idéales pour le Bokashi sont le lisier et la paille, mais tous les déchets organiques d'une exploitation peuvent être utilisés (restes de cultures, déchets végétaux…).
  • Horticulteurs, maraîchers : Il est possible de faire du Bokashi à base de feuillages, de fruits ou légumes chétifs, de bulbes de fleurs, etc.
  • Éleveurs de chevaux : Le fumier de cheval est une ressource idéale.
  • Industriels de l’agro-alimentaire / GMS : Les déchets végétaux (écarts de tri, déclassés, invendus…) sont nombreux et peuvent également être valorisés sous forme de Bokashi.

Avantages et inconvénients

Avantages Inconvénients
  • Matière azotée à action plus rapide.
  • Stockage important de carbone à répandre.
  • Possibilité de favoriser voire recréer la biodiversité du sol pour consolider les échanges sol-bactérie-plante en nutriments fondamentaux pour la fertilité et la productivité de la parcelle.
  • La bâche permet d’éviter la perte de matière compostée en cas de pluie ou de vent et réduit les risques de pollution.
  • Pas d’émission de gaz à effet de serre.
  • Nécessite moins de main d’oeuvre que pour un compost classique.
  • pH acide.
  • Sensible aux variations de température.



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Sources

Le contenu de cet article est tiré en partie de l'étude "Bokashi" du groupe Terres Vivantes et d'Agriton.

  1. Graines d’ortie.2022.le bokashi, c'est quoi ? https://web.archive.org/web/http://grainesdortie.be/wp-content/uploads/2022/07/A5FlyerBokashi.pdf
  2. Dana Mae Christel.2017.The Use Of Bokashi As A Soil Fertility Amendment In Organic Spinach Cultivation.https://scholarworks.uvm.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1677&context=graddis


Annexes

Cette technique s'applique aux cultures suivantes

La technique est complémentaire des techniques suivantes


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