Mise en place de l'agroforesterie, de couverts végétaux, de la traction animale et d'apports de compost en viticulture

De Triple Performance
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Domaine Gueissard

Ce retour d'expérience présente l'exploitation de Pauline Giraud et Clément Minne, via la voix de leur chef de culture Sébastien Leclercq, et leur engagement dans un programme de PSE (Paiements pour Services Environnementaux) porté par le PNR de la Sainte-Baume. Il met en avant les pratiques agroécologiques adoptées, les bénéfices obtenus, ainsi que les défis rencontrés et les solutions envisagées pour améliorer la durabilité et la performance environnementale de leur vignoble.


Présentation

Contexte

  • Nom : Sébastien Leclercq.
  • Localisation : Le Beausset, Var (83).
  • Statut : Chef de culture.
  • Exploitation : Domaine Gueissard.
  • SAU : 18,4 ha dont 5 ha de vigne.
  • UTH : 7.
  • Cahier des charges : Agriculture Biologique, Label Haie, HVE.
  • Production : Vigne.
  • Contexte (géographique, pédoclimatique, social…) : Domaine éclaté sur 7 communes, offrant une grande diversité de terroirs à dominante argilo-calcaire. Toutes les parcelles se situent dans le périmètre du Parc naturel régional (PNR) de la Sainte-Baume, donc incluses dans le périmètre du PSE.
  • Climat : Méditerranéen.
  • Commercialisation : Vente directe au domaine et revendeurs.


Historique de l’exploitation

  • 2011 : Installation.
  • 2018 : Déménagement du Domaine de Sanary au Beausset et construction du caveau.
  • 2020 : Introduction de la traction animale sur certaines parcelles et démarche agroécologique (enherbement, couverture des sols 8 mois/an, plantations d’arbres et de haies,...).
  • 2021 : Partenariat avec un apiculteur (ruches installées d’octobre à mai).
  • 2022 : Certification HVE, niveau 1.
  • 2024 : Conversion en Agriculture Biologique.
  • 2025 : Coopération avec la Fédération de chasse dans le cadre du projet « Un arbre, un enfant » : plantation de 200 arbres en haie financée par la fédération et réalisée par les enfants.


Motivations

Pauline et Clément ont été démarchés par le Parc naturel régional pour expérimenter les PSE sur la préservation des ressources en eau et de la biodiversité, un sujet en parfaite adéquation avec leur démarche agroécologique (plantation de haies, enherbement, maîtrise de l’eau). Le dispositif leur a permis de valoriser leurs efforts et d’obtenir une reconnaissance institutionnelle sans bouleverser leurs pratiques déjà vertueuses.

Le PSE leur offre un cadre de suivi annuel utile pour s’autoévaluer et ajuster leurs pratiques.

Objectifs principaux :

  • Gestion et optimisation de la ressource en eau.
  • Entretien du parcellaire.
  • Suivi écologique des pratiques.


Le PSE en Sainte-Baume

  • Acteurs : Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse (financement à 100 %) et PNR Sainte-Baume (animation).
  • Durée : 5 ans (septembre 2020 – août 2025). Un nouveau PSE est à l'étude pour 2027.
  • Bénéficiaires : 23 agriculteurs.
  • Les domaines, indicateurs et seuils : Dans ce PSE, des indicateurs ont été retenus dans les deux domaines "Gestion des structures paysagères" et "Gestion des systèmes de production agricole". Les indicateurs sont les suivants :


La gestion des structures paysagères

Part des IAE dans la SAU (%)

  • Date de mise en œuvre : 2020.
  • Éléments concernés : Arbres isolés ou alignés, bordures enherbées, bosquets, haies, jachères, murs en pierre, talus.
  • Évolution de l'indicateur :
    • Année 1 : 17,5 %
    • Année 2 : 18 %
    • Année 3 : 19 % (grâce à de nouvelles plantations de haies)
    • Année 4 : sortie du PSE en raison du passage en AB (non-cumul des aides)

Le domaine était déjà au maximum de la note pour cet indicateur, mais a poursuivi ses efforts via la restauration et la régénération d’anciennes haies en restaurant des cordons entre les parcelles.

Le projet de création d’une mare n’a pu aboutir, faute de temps et de moyens (absence de minipelle, coût du prestataire élevé). Le projet reste envisagé à moyen terme.


Agroforesterie
  • Des arbres ont été intégrés dans les rangs de vigne afin :
    • De soutenir les lianes.
    • D’apporter ombrage et fraîcheur.
    • De jouer un rôle d’ascenseur hydrique.
    • D’abriter la faune (insectes, oiseaux).
  • Les arbres ont été plantés en même temps que les vignes, un arbre tous les 3m / 5m / 6m. Tout pousse en symbiose. Sébastien a également conservé des arbres dans un encadrement de parcelle, ce qui a permis de garder des bosquets, et a éliminé les pins car on ne peut pas planter grand-chose autour.
  • Les arbres sont trognés ce qui permet un renouvellement des racines et favorise l’enracinement en profondeur et évite la concurrence avec la vigne. La trogne facilite le passage des engins et procure des abris pour la faune. De plus, le bois broyé enrichit le sol en carbone. Il y a eu des relevés pour observer les populations de chauves-souris et 7 espèces différentes ont été dénombrées sur le domaine.
  • Sébastien constate déjà :
    • Une meilleure fraîcheur et un moindre stress hydrique.
    • Aucun effet de concurrence.
    • Un rôle coupe-vent limitant la casse des bourgeons.
    • Un meilleur enracinement et un apport de matière organique.
  • Planter des arbres permet aussi de compenser le CO2 émis par son tracteur.
    • Formation : En 2019, Sébastien suit une formation en agroforesterie (Alain Canet, Konrad Schreiber) après avoir observé l’effet protecteur des arbres lors d’un épisode de fortes chaleurs.
    • Difficultés : Il n’y a pas vraiment eu de difficulté à mettre en place cette démarche, si ce n’est le manque d’informations locales sur les essences adaptées au Var et le manque d’accompagnement technique.


Talus, enrochements et haies
  • Mise en place de talus végétalisés et d’enrochements pour la faune.
  • Obtention du Label Haie avant la fin du PSE : Apprentissage d’une gestion plus écologique des haies (pas de broyage, coupes franches).


Nombre de milieux

  • Date de mise en œuvre : 2020.
  • Milieux concernés : 9 milieux : vigne, vergers d’olivier, jachère, haie, cours d’eau, bosquet, ruches, arbres isolés, murets en pierre et cabanon.  
  • Évolution de l'indicateur : Sur cet indicateur, le domaine Gueissard est bien positionné depuis le début (8/10). Il n’y a ensuite pas eu d’évolution sur cet indicateur puisque le projet de mare a été abandonné.


La gestion des systèmes de production

Longueur moyenne des rotations

Le domaine Gueissard étant en viticulture, il n’est pas concerné par cet indicateur.


Couverture des sols (%)

Couverts végétaux.
  • Date de mise en œuvre : 2020.
  • Évolution de l'indicateur : Depuis le début du projet PSE, l’évolution de cet indicateur a été positive. Uniquement le taux de couverture de l’inter-rang est considéré dans le calcul de cet indicateur.
    • Année 1 : 66% (8 mois de couverture cumulée/an).
    • Année 2 : 75% (9 mois de couverture cumulée/an).
    • Année 3 : 75% (9 mois de couverture cumulée/an).
    • Année 4 : 83% (10 mois de couverture cumulée/an).

Le domaine a mené plusieurs essais d’enherbement de l’inter-rang, à la fois avec des couverts semés et un enherbement naturel, afin d’améliorer la structure et la vie du sol.

Année 1 : Le mélange "maison"

Sébastien a conçu lui-même un mélange composé de féverole, vesce, avoine, seigle et radis chinois. L’objectif était multiple : décompacter les sols grâce au radis, apporter de l’azote via la féverole, et assurer une bonne couverture et un effet paillage grâce aux graminées. Les résultats ont été contrastés : le mélange a très bien fonctionné sur les parcelles profondes et fraîches, mais s’est révélé catastrophique sur les sols arides et pauvres. La féverole, notamment, a connu un cycle perturbé : en situation de stress hydrique, elle a consommé de l’azote au lieu d’en fixer.

Années 2 et 3 : Essai d’un mélange acheté

Pour les campagnes suivantes, un mélange du commerce a été testé (GP Tout Vert) : avoine rude, seigle forestier, vesce commune et pois fourrager rustique. Ce mélange s’est montré plus polyvalent : le pois et la vesce se sont bien comportés sur tous les types de sols, tandis que le seigle et l’avoine, plus tardifs, ont mieux couvert les sols en fin de cycle. Lors du roulage au rouleau FACA, les légumineuses se couchaient bien, mais la vesce et le seigle avaient tendance à repiquer après un hiver sec, leur cycle n’étant pas complètement achevé. Un roulage plus tardif aurait permis d’éviter cela, mais le couvert commençait alors à puiser trop d’eau. C’est pourquoi Sébastien a décidé de modifier le mélange l’année suivante.

Année 4 : Le mélange rustique
Couvert en fleur.

Le seigle et l’avoine ont été supprimés au profit d’une crucifère rustique : la moutarde, associée au pois et à la vesce. Cette combinaison a donné d’excellents résultats : la vesce grimpait sur la moutarde, formant un couvert dense et équilibré. La floraison, entre février et mars, était spectaculaire, et le paillage obtenu après roulage (fin mars - début avril) s’est révélé très efficace et facile à entretenir. Seul bémol : le mélange exact a été difficile à retrouver par la suite, un substitut approchant contenait un peu de seigle.


Mise en œuvre du couvert
  • Le couvert est désormais semé sur tous les rangs, après des essais concluants en alternance un rang sur deux.
  • Le semis est réalisé avec un semoir de semis direct, mais un léger travail du sol préalable est nécessaire pour remettre les parcelles en état après l’été (le paillage ayant tendance à se salir).
  • À mi-floraison des légumineuses, un passage du rouleau FACA est effectué. Ce roulage permet de conserver l’humidité printanière et de faciliter les traitements en cas de pluie. Passé le 15 mai, lorsque la chaleur et les adventices augmentent, le couvert est mis entièrement à plat fin mai - début juin.
  • Techniques d’entretien : Le couvert est géré de deux manières :
    • Broyage un rang sur deux : Favorise la repousse, mais consomme davantage d’eau et de nutriments.
    • Roulage sur les rangs restants : Plus économe, mais moins efficace sur les légumineuses, dont les tiges pleines se redressent facilement (contrairement aux graminées à tiges creuses).
    • En fin de printemps, un passage de cover crop à disques est parfois réalisé pour enfouir légèrement le couvert dans les couches superficielles du sol, sans travail profond (aucun passage de griffes).


Le rouleau FACA adapté à la vigne

L’outil de roulage a été entièrement adapté par Sébastien aux contraintes du vignoble. Le rouleau FACA a été découpé en trois sections, dont les deux extérieures sont mobiles pour suivre les irrégularités du terrain (zones chaussées ou déchaussées). Cette modification permet un roulage homogène, y compris au centre du rang. Si le couvert n’est pas roulé, il est alors fauché. Le passage s’effectue au tiers de la floraison, moment optimal pour que les légumineuses restituent l’azote au sol.

Roulage du couvert au rouleau FACA.


IFT herbicide / IFT de référence (%)

Désherbage mécanique.
  • Date de mise en œuvre : 2020, dans le cadre du PSE, mais le domaine n’utilisait déjà plus d’herbicides avant l’entrée dans le dispositif PSE. Sébastien souligne que l’enherbement naturel réduit la pression des maladies et que la hausse du coût des produits phytosanitaires les a également poussés à abandonner totalement les herbicides.
  • Évolution de l'indicateur : Le domaine n’utilise plus aucun herbicide, ce qui donne un IFT herbicide de 0, alors que l’IFT de référence est de 0,3.

La gestion des adventices se fait exclusivement de manière mécanique via : le désherbage mécanique, la traction animale et le pâturage.


Désherbage mécanique

Le travail se concentre sur le cavaillon, à l’aide d’un chaussage/déchaussage hydraulique :

  • Pour le chaussage : une charrue à versoirs.
  • Pour le déchaussage : une déchausseuse Egretier classique.


Traction animale

Sur une parcelle de Bandol d’environ 1 ha, récupérée en 2009, les vignes anciennes et irrégulières ont leurs racines très superficielles, rendant impossible le passage du tracteur pour le décavaillonnage. Des amis passionnés de cheveux réalisent le labour, le chaussage et le déchaussage à cheval. Les résultats sont excellents : les mauvaises herbes au pied sont bien maîtrisées et la vigne se comporte mieux. Le sol est travaillé perpendiculairement à la pente de manière à ce que la charrue remonte la terre sur le cavaillon et freine l’écoulement de l’eau.

Cependant, cette méthode n’est pas généralisée à l’ensemble du domaine, car elle reste coûteuse (environ 1 000 €/ha). Il faut une journée pour chausser et une journée et demie pour déchausser une parcelle.


Pâturage
  • Sur certaines parcelles en enherbement spontané, un pâturage ovin est mis en place en partenariat avec un berger local.
  • Les brebis permettent de maîtriser la hauteur de l’herbe et d’améliorer la fertilité du sol grâce à leurs déjections.
  • Le pâturage est réalisé une fois par an, en hiver, lorsque les vignes n’ont plus de feuilles, afin d’éviter les frottements sur les jeunes bourgeons. Il se termine au plus tard fin mars.
  • Les brebis restent maximum 24 heures par parcelle, en pâturage dynamique (entre 50 et 70 bêtes), ce qui évite le tassement du sol.
  • C’est une collaboration gagnant-gagnant pour le domaine et pour l’éleveur.
  • Sébastien note qu’après le passage des brebis, la vigne paraît plus belle.
Réduction globale de l’IFT

La réduction de l’IFT ne concerne pas uniquement les herbicides, mais aussi les traitements contre les maladies et ravageurs. Sébastien base son approche sur une observation fine du vignoble : il connaît bien les zones à risque et adapte ses interventions. Lors des épisodes de fortes chaleurs, ils ont cessé les traitements et n’ont pas observé d’oïdium. Cette expérience leur a permis d’apprendre et de mieux s’équiper pour suivre l’état du vignoble.


Utilisation du biocontrôle

Sébastien utilise des produits de biocontrôle, notamment à base de terpène d’orange. Comme cette substance peut être nocive pour les insectes butineurs, elle est appliquée de nuit. Ce traitement a une action curative sur le mildiou et l’oïdium, tout en nettoyant la vigne.


Suivi du potentiel Redox et de la nutrition
Utilisation du Nutriscope pour mesurer le Redox et les teneurs en minéraux.

Sébastien utilise le Nutriscope pour suivre le potentiel Redox de ses vignes, indicateur de leur état de stress. Les mesures sont réalisées par son conseiller Christophe Chouvet (C3Viti), qui intervient 4 à 5 fois par an. Cet appareil est basé sur la spectrométrie et permet de suivre finement chaque parcelle et d’évaluer à la fois le stress et la nutrition des plantes. Grâce à cet outil, Sébastien a constaté que certaines interventions qu’il croyait bénéfiques (comme l’écimage, le labour ou certains traitements) pouvaient en réalité agresser la vigne. Dans ces cas, il interrompt toutes les interventions et laisse la vigne se régénérer naturellement, avec des résultats très satisfaisants.

Le Nutriscope est également utilisé pour suivre les équilibres minéraux du vignoble.


Quantité moyenne d’azote minéral/ha (kg)

  • Date de mise en œuvre : 2020.
  • Évolution de l'indicateur : Les engrais minéraux foliaires ont été abandonnés en année 2 (2022). Depuis cette date, aucun apport d’azote minéral n’est réalisé, ce qui confère à l’exploitation une note maximale de 10/10 pour cet indicateur depuis 2022.

Depuis quatre ans, Sébastien ne travaille qu’avec du compost végétal biologique, utilisé pour apporter de la matière organique (MO) à ses sols. Ce compost est récupéré sur la plateforme Véolia de Signes, située à proximité immédiate du domaine. Les apports s’élèvent à 10 t/ha/an, pour un coût de 20 €/t, soit environ 200 €/ha. Cette pratique améliore la structure du sol, le nourrit durablement, et Sébastien observe désormais moins de carences dans les vignes. Associé à la mise en place de couverts végétaux, le compost donne d’excellents résultats. Certaines vignes avaient toutefois montré des signes de stress lors de la première implantation des couverts, en raison d’une concurrence trop forte. L’ajout de compost a permis de tamponner ces effets négatifs, favorisant une meilleure adaptation des vignes et un équilibre plus stable du système sol-plante.


Pratiques avant le passage en Agriculture Biologique (AB)
  • Avant la conversion en AB, Sébastien utilisait Agroleaf, un engrais foliaire azoté apprécié pour son efficacité et son coût raisonnable.
  • Après le passage en AB, il a remplacé cet engrais par un apport d’azote organique, sous forme d’engrais liquide foliaire. En complément, il applique également une levure naturelle, le Rise P, à raison de 200 g/ha, directement sur le sol. Cette levure agit à la fois sur la disponibilité du phosphore et sur le développement du chevelu racinaire. Le premier essai de cette pratique remonte à 2018, ciblant les zones arides, les jeunes plantations et les vignes affaiblies. Combinée aux apports de compost, cette méthode a montré un impact positif notable sur la vigueur et la santé des vignes.


Volume d’eau consommée

  • Date de mise en œuvre : 2020.
  • Évolution de l'indicateur : Pour cet indicateur, des barèmes spécifiques par culture ont été définis. Pour la vigne, la référence se situe entre 0 et 1 000 m³/ha.
    • Année 1 : 10/10 → aucune consommation d’eau, les vignes n’ont pas été irriguées.
    • Année 2 : 7,75/10 → mise en place ponctuelle d’une irrigation, à la suite d’une évolution du cahier des charges de l’AOC Bandol, autorisant l’irrigation à certaines périodes, via un système d’enrouleur mobile.
    • Année 3 : 8,98/10 → réduction de l’irrigation, liée à de meilleures conditions climatiques et à une meilleure maîtrise technique.
    • Année 4 : 9,12/10 → apports d’eau plus ciblés, réalisés au bon moment et sur des périodes plus courtes.


Gestion de l’irrigation et expérimentations

En 2021, de nouvelles plantations de vignes en Côtes de Provence ont subi une forte perte due à la sécheresse (environ 400 ceps morts sur 1 ha). La proximité du canal d’irrigation a conduit l’équipe à installer un système de goutte-à-goutte pour les jeunes vignes, au moins durant leurs premières années de développement. Sébastien explique avoir appris sur le tas : il n’est pas partisan de l’irrigation, mais reconnaît que, dans ce contexte, elle a été précieuse et justifiée. L’irrigation est pilotée avec l’appui de Christophe Chouvet, leur conseiller, sur la base d’une observation régulière des apex.

Les apports d’eau sont réalisés en début de saison, puis ajustés en juin-juillet, selon les besoins réels de la vigne.

Cas particulier : vieille vigne de Bandol. Une parcelle ancienne, récupérée en 2020, ne permettait pas l’installation d’un goutte-à-goutte. Une irrigation en sillon au milieu des rangs, a donc été mise en place. Cette technique offre moins de contrôle sur le débit, mais une dérogation exceptionnelle a été accordée pour permettre l’arrosage sur cette parcelle en AOC Bandol.


Optimisation de la consommation d’eau
  • Sébastien agit également sur la conduite de la vigne pour améliorer sa résilience au stress hydrique : il est passé d’une taille douce à une taille physiologique, mieux adaptée à la gestion de l’eau et du stress de la plante.
  • Il s’intéresse de près à la gestion du ruissellement des eaux pluviales. Son objectif est que chaque goutte d’eau tombée profite à la vigne, plutôt que de s’écouler vers les ruisseaux. Dans cette optique, il réfléchit à l’aménagement de mares et oullières (fossés de rétention) pour ralentir et stocker l’eau. Actuellement, il mène une étude approfondie de ses sols afin de comprendre les dynamiques d’écoulement et de concevoir des aménagements adaptés sans risquer de déséquilibrer les parcelles.
  • Il pratique un ébourgeonnage précoce, entre fin avril et avant le 25 mai, une technique qui donne de bons résultats sur la régulation hydrique du vignoble.


Bilan

Résultats observés/mesurés

Social

  • Le recours à la traction animale et au pâturage des agneaux a favorisé un dialogue positif avec le voisinage, réduisant la perception de pollutions.
  • L’enherbement, le passage à l’Agriculture Biologique, ainsi que les actions avec les chasseurs et les écoles, témoignent d’un engagement concret en faveur de l’environnement.


Économique

  • L’enherbement a permis de réduire le temps passé dans le tracteur, diminuant l’impact carbone et l’usure des machines.
  • Les sols sont plus sains, ce qui entraîne des économies sur les traitements phytosanitaires.
  • L’enherbement réduit les risques de mildiou, donc moins de traitements sont nécessaires.
  • Grâce aux mesures du potentiel Redox, Sébastien a optimisé ses interventions, réalisant des économies supplémentaires en limitant certains passages pour ne pas stresser les vignes.


Environnemental

  • Réduction globale des traitements phytosanitaires.
  • Biodiversité préservée : Le PNR a réalisé des inventaires sur les populations de chauves-souris et insectes en 2023, avec l’appui du CEN PACA.
  • Collaboration avec un apiculteur, sols plus sains, visites annuelles qui sensibilisent.
  • Les talus ne sont plus détruits, préservant les habitats des auxiliaires.


Contrôle et suivi

  • Les visites PSE sont réalisées par Alaric en décembre/janvier, sur 1 à 2 demi-journées.
  • Sébastien fournit son cahier de culture, Alaric vérifie toutes les pratiques et effectue une tournée des parcelles pour constater la mise en œuvre.
  • Alaric assure l’animation, les démarches administratives (déclarations sur la plateforme Démarches simplifiées et sur PSE Environnement, la rédaction des dossiers, le suivi technique, le plan de gestion des haies et la labellisation « Label Haie ».


Paiements et aides

  • Gestion des structures paysagères : Rémunération modeste, car le domaine était déjà au maximum des barèmes.
  • Gestion des systèmes de production : Certains indicateurs ont évolué positivement ou négativement, mais le bilan global est plutôt positif.
  • Montants perçus par année :
    • Année 1 : 177 €/ha
    • Année 2 : 182 €/ha
    • Année 3 : 187 €/ha
    • Année 4 : Les aides à la conversion en AB n'étant pas cumulables avec le PSE, il n'y a pas eu de rémunération en année 4.
  • Utilisation des fonds : La trésorerie est utilisée pour financer l'achat des semences pour l’enherbement et la traction animale.


Réflexions et améliorations possibles

  • Si c’était à refaire :
    • Faire plus pour mettre en place la mare.
    • Ajouter davantage d’arbres dès le départ, par crainte de la sécheresse.
  • Optimisation : L’aide de 1 000 € pour la mare aurait permis de financer la location de matériel ou le terrassier, et aurait pu lancer le projet plus tôt.


Points de vigilance

  • La conversion en AB implique une sortie anticipée du PSE, car les aides PSE et AB ne sont pas cumulables. Mais cette situation est prévue dans le PSE : les aides déjà perçues ne sont pas remboursables, la conversion étant considérée comme une issue positive.
  • Formation nécessaire pour maîtriser les pratiques mises en place (enherbement, gestion de l’eau, etc.).


Appréciations sur le projet PSE

  • Points positifs : Dialogue avec Alaric, très à l’écoute et disponible, offrant une visibilité médiatique (YouTube, France 3) et un soutien auprès des autres vignerons.
  • Points à améliorer : Frustration sur l’accompagnement technique : manque de conseils pratiques pour la création de mares ou la gestion de l’enherbement, malgré certaines initiatives du PNR.


Investissements

Financiers

Le domaine était déjà équipé pour l’essentiel du matériel, à l’exception du rouleau FACA Roll & Sem, acquis neuf en 2021 pour 5 000 €. Cet outil s’use très peu et est facile à passer sur les parcelles. Pour l’entretien des haies, le domaine utilise du matériel en prêt.


Temps de travail

  • Formation préalable au PSE sur l’agroécologie et l’enherbement.
  • Les pratiques mises en place ne prennent pas plus de temps, mais Sébastien passe plus de temps à observer le vignoble, ce qui représente un gain de temps à long terme.
  • L’observation fine est considérée comme très positive pour la gestion des parcelles.


Aides perçues

Le domaine n’a pas perçu de subventions spécifiques pour la mise en place des pratiques.


Conseils pour d’autres agriculteurs

  • Se former et s’informer sur les pratiques existantes dans leur région ou appellation.
  • Ne pas avoir peur de demander de l’accompagnement et d’échanger avec les animateurs et les autres vignerons inclus dans le PSE.
  • Adopter une posture ouverte et proactive, ne pas “avoir la tête baissée” face aux nouvelles pratiques.


Perspectives

  • Poursuivre les pratiques actuelles mises en place (enherbement, traction animale, compost, gestion de l’eau, etc.).
  • Mettre en place la mare, un projet jugé prioritaire pour l’amélioration de la gestion de l’eau et de la biodiversité.


Pour aller plus loin


Sources

  • Interview de Sébastien Leclercq réalisée les 14 et 16/10/2025.
  • Interview d'Alaric Stéphan, Chargé de mission Agriculture au Parc naturel régional de la Sainte-Baume, le 07/07/2025.
  • PSE en Sainte Baume.


Cette page a été rédigée en partenariat avec le Ministère de la Transition Écologique.


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