Pâturage de prairies multi-espèces : la clé d'un système performant et économe en intrants

De Triple Performance
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Francky Chapleau. © GRAPEA.
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Eleveur de bovins viandes, Francky Chapleau a basé le fonctionnement de son système sur les prairies multi-espèces pâturées. Il a ainsi renforcé l’autonomie alimentaire de son exploitation et réduit sa consommation de pesticides.

Eleveur de bovins viandes, Francky Chapleau a basé le fonctionnement de son système sur les prairies multi-espèces pâturées. Il a ainsi renforcé l’autonomie alimentaire de son exploitation et réduit sa consommation de pesticides.


Contexte de l'exploitation

  • Localisation : St André Goule d’Oie, Vendée (85).
  • Ateliers / Productions : 40 vaches allaitantes.
  • Main d’œuvre : 1 UTH.
  • SAU : 56 ha (100% engagé dans DEPHY).
  • Assolement 2014 (tous systèmes de culture) : 40 ha de prairie temporaire, 6 ha de prairie permanente, 5 ha de maïs ensilage, 5 ha de mélanges céréaliers.
  • Type de sol : Limono-argileux. Potentiel moyen : rendement mélange 40 q/ha.
  • Spécificités exploitation / Enjeux locaux : Exploitation située sur le bassin versant des Maines (Sèvre Nantaise).
  • Cahier des charges : agriculture biologique.


Le système initial

Dans cette exploitation, le revenu est uniquement lié à l’atelier bovin viande. Le système initial était constitué d’une rotation prairie - maïs ensilage - triticale (déjà très économe en pesticides), destiné à l’alimentation du bétail et à la vente (une partie du triticale).

Francky a souhaité arrêter complètement l’utilisation des pesticides sur sa ferme et est passé en Agriculture Biologique en 2011.


Objectifs et motivations des évolutions

  • Tendre vers une plus grande autonomie alimentaire de l’élevage pour optimiser l’efficacité économique de la ferme.
  • Protéger sa santé.
  • Motivation environnementale.


Les changements opérés

En gardant sa rotation, Francky Chapleau a introduit des techniques permettant de s’affranchir complètement des pesticides : le désherbage du maïs est géré en tout mécanique et le triticale est remplacé par un mélange céréales-protéagineux, récolté en grain et destiné à l’.

-100% d’IFT entre l’entrée dans le réseau et la moyenne des 4 dernières années.


Le système de culture actuel

Chapleau LegendeSysteme.png
Chapleau Systeme.png

Dans ce système, la gestion des adventices s’appuie sur une combinaison de leviers agronomiques dont :


Résultats attendus

Assurer l’autonomie alimentaire du troupeau à moindre coût (≈ 60 €/UGB en moyenne de 2012 à 2014).


Focus 1 : Bien choisir son mélange prairial en fonction de ses besoins

© GRAPEA.

Les sols sont limoneux avec une réserve utile moyenne. Le mélange choisi par Francky Chapleau permet de pâturer le plus longtemps possible, idéalement de mars à décembre, dès la première année d’exploitation, avec un creux en juilletaoût :

Pour plus d'infos sur le choix de son mélange prairial, consulter la page : Composition des prairies temporaires : un levier de résilience et de valorisation.


Focus 2 : L’introduction de mélange céréales-protéagineux dans la rotation

© GRAPEA.

Les mélanges permettent d’améliorer l’autonomie alimentaire en fournissant des "concentrés" bon marché.

La composition des mélanges varie selon les besoins et les parcelles :

L’objectif est d’obtenir à la récolte au moins 50 % de protéagineux. La diversité des espèces cultivées permet d’assurer une récolte minimum (compensation). La culture en mélange offre de nombreux avantages sur le plan agronomique : apport d’azote au système, fort pouvoir couvrant (adventices), très peu sensible aux attaques de ravageurs et aux maladies. Ces cultures sont conduites sans engrais ni pesticides, pour un rendement moyen de 40 q/ha.

"L’introduction de ces mélanges a permis de diminuer le temps de travail : je sème, je récolte !"


Témoignage du producteur

Pourquoi avoir modifié vos pratiques ?

"En 2006, j'ai connu le GRAPEA, je me suis formé au pâturage et à l'agriculture durable en général. J’ai vu que ces systèmes tenaient la route économiquement et avaient un impact très réduit sur l'environnement. De 2006 à 2008, j'ai divisé par 5 l'utilisation d'engrais et de produits phytosanitaires sur la ferme. Entre temps j'ai pu m'agrandir (18 ha en plus) et augmenter le cheptel (45 vaches au lieu de 25), ce qui m'a permis de conforter mon système. La clé du système ce sont les prairies temporaires avec légumineuses. Passer en agriculture biologique, c'était la suite logique de ce que j'avais mis en place sur la ferme. La marche à franchir entre le bio et mes pratiques s’était réduite. C'était un aboutissement de ce que j'avais fait jusque-là sur la ferme et une forme de reconnaissance du travail fait en faveur de l'environnement."


Quelles sont les conséquences sur votre travail ?

"Je le vis très bien ! Je ne suis pas surchargé de travail. En plus, je n'aimais pas traiter, je ne prenais pas les précautions qu'il fallait, j'y allais à reculons. Ça a été un vrai soulagement de ne plus avoir à le faire. Je trouve ça malsain pour moi et pour les autres. Personnellement, je n'étais pas fier de ce que je faisais quand je traitais."


Si c’était à refaire ?

"Je recommencerais sans hésiter car ce système convient parfaitement à mon exploitation et à la manière dont je conçois mon métier. Les résultats de l’exploitation sont bons et j’ai suffisamment de temps libre à côté."


Quelles perspectives pour demain ?

"Il y a toujours quelque chose à améliorer : perfectionner les mélanges composant les prairies pour une meilleure valorisation au pâturage,... En ce moment, nous sommes en train de réfléchir en groupe à l’acquisition d’un toasteur pour améliorer la valorisation des protéagineux par les animaux et se passer des derniers kilos d’aliments achetés."


Le regard de l’ingénieur réseau DEPHY Mélissa Dumas

Mélissa Dumas. © GRAPEA

Ce système est le résultat de presque 10 ans de travail, pas à pas :

  • Au niveau des adventices, la rotation combine des cultures étouffantes (prairies, mélange céréales-protéagineux) et sarclées (maïs). En tout, il y a au minimum 12 espèces cultivées sur l’exploitation dont 7 dans les prairies. La composition des prairies, associée à une gestion fine du pâturage, assure une bonne maîtrise des adventices, tout en optimisant la récolte de l’herbe. Le maïs est désherbé mécaniquement. Les outils utilisés et le nombre de passage sont adaptés en fonction de la météo et des adventices présentes.
  • Au niveau de la gestion des ravageurs et des maladies sur les céréales, la culture en mélange d’espèces (Triticale, Blé, Pois ou Féverole) permet de limiter les dommages infligés aux cultures. Les divers espèces jouent le rôle de barrière physique les unes envers les autres, empêchant ou ralentissant la progression des maladies et des ravageurs dans la parcelle.
  • Au niveau des volumes produits, ce système permet de fournir suffisamment de fourrages et de "concentrés" en quantité et en qualité pour assurer la quasi autonomie alimentaire du troupeau (2 t d’aliments achetés en 2014).


Les performances du système de culture

Aucun traitement n’a été effectué sur la ferme depuis 2011.

Chapleau EvolutionIFT.png


Autres indicateurs Evolution Remarques
Economique Produit brut + Depuis la mise en place du nouveau système, en 2011, la marge brute du système de culture a globalement augmenté (même si des fluctuations existent). Mais ce sont surtout les résultats économiques de la ferme qui ont également progressé : le résultat courant en 2010 était de 29 000 € contre 36 000 € en 2014 .
Charges phytos -
Charges totales -
Marge brute +
Charges de

mécanisation

- L’introduction du désherbage mécanique n’a pas augmenté les charges de mécanisation, ni le temps de travail à l’échelle du système.
Temps de travail =
Rendement = Les rendements des mélanges sont inférieurs à ceux du triticale mais leur valeur alimentaire est bien plus intéressante pour l’autoconsommation.
Niveau de maîtrise Adventices =
Maladies +
Ravageurs =

Source

La prairie de graminées-légumineuses pâturée : clé d'un système performant et économe en intrants - Fiche trajectoire DEPHY. Document réalisé par Mélissa Dumas, Ingénieur réseau DEPHY, GRAPEA – CIVAM de Vendée en décembre 2014.


Action pilotée par le ministère chargé de l'agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l'eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto

Logos REXChapleau.png


Annexes



Leviers évoqués dans ce système

Matériels évoqués dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées

Bio-agresseurs évoqués


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