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Introduction de cultures fourragères dans une rotation céréalières avec ray-grass résistant - retour d'expérience (Brice Bousquet - Aglae)

De Triple Performance
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Retour d’expérience d’agriculteur, qualifié par un groupe d’expert dans le cadre du projet Aglae porté par la Chambre d’Agriculture d’Occitanie.

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Retour d'expérience de Brice Bousquet, dans le cadre du projet Aglae. Il nous explique comment l'introduction de cultures fourragères dans son assolement lui a permis de maîtriser le salissement de ses parcelles dû au ray-grass.


Motivations

En 2015, j’ai rejoint l’exploitation familiale où nous produisions l’alimentation des vaches laitières (maïs ensilage et luzerne, ray-grass), et environ 30 ha de blé dur. Lors de mon installation, j’ai souhaité diversifier la production en ajoutant un troupeau de vaches allaitantes sur le site principal de l’exploitation. Les rendements en blé dur étaient stables autour de 50 qtx/ ha, mais la problématique de ray-grass résistants et l’impossibilité de faire tourner le maïs sur l’ensemble des parcelles (irrigation non disponible partout ) nous ont menés à des impasses de désherbage sur la culture du blé dur.

En 2016 nous avons même ensilé une parcelle de blé dur au mois de mai pour limiter l’infestation !

Le développement du troupeau allaitant a permis d’intégrer de nouvelles cultures fourragères dans l’assolement comme le méteil ou le sorgho fourrager, qui nous aident aujourd’hui à mieux maîtriser le salissement. Du fait des charges trop élevées, le blé dur a aujourd’hui disparu de l’assolement.


Malgré de fortes pressions de ray grass, le méteil fourrager permet de réaliser des rendements importants de fourrages, et même si par zones le ray-grass prend le dessus sur les céréales du méteil, les légumineuses restent présentes, et surtout, toutes les graines de ray-grass sont exportées au moment de l’ensilage.



Mise en pratique

3 stratégies sont mises en place aujourd’hui pour maîtriser le ray-grass et continuer à produire des céréales sur l’exploitation (blé tendre, orge, triticale…). L’objectif est d’enchaîner au moins 2 années sans que les ray-grass aient l’occasion de se multiplier. Le taux annuel de décroissance du ray-grass étant de 75%, 2 années suffisent pour que la grande majorité des graines du sol ne soient plus viables. Ces stratégies sont mises en place en priorité sur les parcelles les plus infestées et/ou les moins faciles à irriguer (le maïs fourrage est une bonne culture pour diminuer le stock de ray-grass, mais pas aisée à faire tourner sur toutes les parcelles).


Stratégie 1 :

Méteil fourrager – sorgho fourrager en dérobé – sorgho fourrager (culture principale)

Conditions : Parcelles infestées et localisées près de la stabulation.


Gestion du ray-grass : Le ray-grass est exporté une première fois avec la récolte du méteil. Les repousses d’avoine et de ray-grass sont gérées si besoin chimiquement avant le dérobé de sorgho.


Brice Bousquet Strategie 1.png


Stratégie 2 :

Méteil fourrager – colza grain

Conditions : Parcelles infestées et non irrigables.


Gestion du ray-grass : Le ray-grass est exporté une première fois avec le méteil. Les repousses sont gérées mécaniquement, puis une application de propizamyde (Kerb) est réalisée systématiquement pendant l’hiver dans le colza.


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Stratégie 3 :

Méteil fourrager – couvert végétal de féverole – maïs fourrager

Conditions : Parcelles infestées, situées près des silos (pour les vaches laitières).


Gestion du ray-grass : Le ray-grass est exporté dans le méteil, puis concurrencé par le couvert de féverole dans l’hiver. Un labour avant le maïs fourrage permet de détruire toutes les repousses.

Brice Bousquet Strategie 3.png


Avec mon objectif de 2 ans sans ray-grass qui graine sur la parcelle, j’adapte mes rotations en fonction avec le méteil fourrager comme porte d’entrée car je suis sûr de faire germer beaucoup de ray-grass et de les exporter. Pour la deuxième année, j’ai plusieurs cultures qui peuvent s’y prêter également. Il est clair que mon installation et l’ajout d’un troupeau de vaches à viande permet d’accentuer la part des fourragères dans la rotation et de baisser mes charges en herbicides ainsi que mes IFT.


Autres leviers utilisés


Ma façon de faire

Zoom sur les sorghos fourragers en dérobé

«Je pratique depuis 2 ans le semis direct de sorgho fourrager multicoupe après mon méteil, ce qui permet de ne pas assécher le sol et réduit les coûts de mécanisation. Avec le semoir direct à dent de mon voisin, le semis à lieu début juin et un coup de rouleau cultipacker vient systématiquement rappuyer le semis. Le sorgho étant très rustique, les levées sont réussies et dès mi-août la parcelle représente soit un stock sur pied important pour le pâturage du troupeau, soit une récolte de fourrage supplémentaire. Je me permets un tour d’eau de 30 mm sur l’été pour accélérer la pousse et/ou améliorer les levées. En terme de variété, j’ai commencé avec du Piper à 18 kg/ha, que j’ai remplacé depuis par du sorgho sucrier multicoupe pour gagner en valeur alimentaire.»


Zoom sur les méteils fourragers

« Comme tous mes fourrages, je fais en sorte que le méteil soit peu cher :

  • semence fermière (féverole, avoine et triticale essentiellement)
  • ensilage (ensileuse en propriété)
  • très peu d’intrants : pas de désherbage, 100 kg/ha d’urée soufrée en fertilisation.

Comparé à un ray-grass italien, ce méteil est beaucoup plus facile à réussir du fait de la date de semis plus tardive et des terres plus faciles à retravailler.


Aujourd’hui, je déchaume puis sème mon méteil en combiné herse rotative autour du 20 octobre (80 kg/ha de féverole, 60 kg/ha d’avoine et 40 kg/ha de triticale). La récolte se fait en ensilage autour du 20 mai après préfanage. »


Evolution de l'assolement (Ha)


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Evolution des IFT


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Mon analyse sur la combinaison de leviers que j'utilise

Intérêts

  • Réduction importante des charges herbicides et phytosanitaires à l’hectare
  • Baisse de l’IFT
  • Production de volumes de fourrages importants


Points de vigilance

  • Stade de récolte des fourrages : les valeurs chutent rapidement après les stades optimums


Mes perspectives

Brice Bousquet
  • Continuer à réduire les coûts des fourrages avec le développement du pâturage, notamment des sorghos dérobés par le troupeau allaitant
  • Produire des céréales plus rustiques sur l’exploitation : orge, triticale, avoine...
  • Délocaliser la production de maïs fourrage sur un îlot à 12 km, dans la plaine pour faire face aux problèmes d’érosion


L'avis du comité d'experts

Evaluation selon la grille d'analyse ESR.

Reconception

La protection intégrée nécessite une combinaison de l’ensemble des moyens disponibles qui obligent à une reconception des systèmes pour les rendre moins dépendants des produits phytopharmaceutiques. Cela passe ainsi par une approche privilégiant la prévention et la prophylaxie pour placer les cultures dans les meilleures conditions tout en défavorisant les bio-agresseurs.


Evaluation selon la grille d'analyse ESR : Reconception


Agriculteur membre du réseau DEPHY Ferme, animé par la Chambre d’Agriculture de l’Ariège.

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Auteur de la fiche : Txomin Elosegui.

Date d'édition : 2020.


Annexes et liens


Matériel évoqué dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées

Bioagresseurs évoqués dans ce retour d'expérience

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