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Installation maraichère avec une collectivité

De Triple Performance
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Florent Sebban et Sylvie Guillot.

Après une reconversion professionnelle, Florent Sebban et Sylvie Guillot sont à la recherche de foncier pour mettre en place leur projet d'installation en maraîchage bio. Les difficultés à trouver le terrain les mènent finalement à se tourner vers un partenariat avec une collectivité. Florent nous donne ici quelques conseils précieux pour réussir son installation lors d'une collaboration avec une collectivité.


Contexte de la mise en œuvre

Après plusieurs déconvenues avec différents organismes (SAFER, Chambres d'agricultures) lors de la recherche de foncier agricole, Florent et Sylvie décident de répondre à un appel d'offre émis par la commune de Pussay (Essonne). Les premières démarches se font en 2012 et la première mise en contact est permise via l'intermédiaire du pôle Abiosol IDF.

Initialement exploité par un céréalier, le terrain est récupéré par l'ancien conseil municipal qui prévoit alors de le transformer en supermarché ou de le découper pour y construire des pavillons. En 2012, une nouvelle majorité est élue sur la commune et celle-ci souhaite changer de cap. L'équipe municipale s'entoure alors de conseillers techniques et formule une offre sous forme de petite-annonce. La visée du projet est d'utiliser les terres pour développer un projet de maraîchage en agriculture biologique.

Après avoir répondu à l'appel d'offre, Sylvie et Florent assistent pendant environ 5 mois à de multiples réunions avec les élus locaux. L'objectif étant de lever tous les obstacles qui s’opposaient à leur installation en agriculture paysanne.


Quelques conseils

Pousser les élus à s’entourer d’experts sur les questions relatives au domaine agricole

Cultures sous-serres

Sans jugement aucun, il est important d'avoir en tête et d'accepter le fait que, en général, les élus locaux n'ont pas d'expertise au sujet de l'agriculture.

En revanche, chaque région ou département possède des structures et associations très compétentes sur le sujet. Elles sont différentes selon les régions. On peut par exemple citer Fermes d’Avenir, Terre de Liens, les CIVAM, Champs des Possibles ou encore les ADEAR. Ces structures sont capables de venir conseiller les collectivités pour que ces dernières puissent formuler une offre crédible et ainsi mettre les porteurs de projet dans les meilleures conditions.

Même si une collectivité à une volonté pour aider à installer, cela ne veut pas dire qu’elle a les compétences pour le faire. Il faut les pousser à contacter les structures évoquées ci-dessus. En somme il faut les aider à nous aider !


Ne pas s’engager sans un bail

L'installation signifie la création d'une ferme. Pour pouvoir créer un ferme il faut absolument pouvoir se porter dans la durée.

La création de ferme nécessite des investissements plus ou moins lourds selon les types de projets. Ce sont des dépenses indispensables pour la mise en route du projet. Dans pratiquement tous les cas, les prêts bancaires comptent parmi les premières sources de financement. Il faudra alors les rembourser, en sus des annuités, dans les années ou décennies qui suivent l'installation. Pour la pérennité de l’entreprise, avoir l’assurance d’exploiter le terrain sur le long terme est donc une condition sine qua non.

De ce fait, obtenir un vrai bail rural agricole sera nécessaire à la réussite du projet. Le bail sera une protection contre un éventuel revirement ou réaffectation des terres par les élus de la commune. Plus le bail est long et plus l’installation sera sécurisée. Une durée minimum de 9 ans est acceptable. Un bail de 18 ou 25 ans voire un bail de carrière sera encore plus avantageux.

Florent recommande d’être intransigeant sur cet aspect. Selon lui, il n’aurait pas pu obtenir de prêt auprès des banques pour investir dans un bâtiment de stockage s’il n’avait pas eu de bail.


Avoir accès à l’eau et à l’électricité

Cultures de plein champs

Tout d'abord, rappelons que l'eau peut provenir de différentes sources :

  • Eau de ville que la commune met à disposition pour le maraîcher ;
  • Récupération conséquente des eaux de pluies ;
  • Accès à un forage.

Pour Florent, il ne faut en aucun cas s’engager dans un partenariat avec une collectivité tant que la question de l’eau n'a pas été traitée. En effet, il arrive que certaines autorisations d’exploiter les ressources en eau mettent plusieurs années à être délivrées. La culture des légumes nécessitant de l’eau, on met alors en péril certaines productions si l’irrigation n’est pas suffisante. De plus, cette recommandation est d’autant plus vraie que le climat est changeant et de plus en plus sec.


Lié à l’eau, l’électricité :

  • L’irrigation nécessite la plupart du temps d’utiliser des pompes qui fonctionnent grâce à de l’électricité. Si la source est un forage, sans électricité pas d'irrigation possible.
  • A noter que parfois, certaines parcelles proposées par les collectivités sont éloignées du bourg et peuvent ne pas disposer d’électricité. Florent recommande aux porteurs de projet de vérifier qu'un accès à l'électricité soit disponible.
  • Enfin, l’électricité peut être nécessaire pour d’autres activités comme le stockage des légumes en chambre froide.


Impliquer la collectivité dans la commercialisation et la communication

Outil auto-construit
Outil auto-construit

La collectivité a tout intérêt à faire en sorte que le projet fonctionne. Pourquoi ? Car elle va y être politiquement associée.


De nombreuses actions sont à leur disposition. Elle peut par exemple aider à monter une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) sur le territoire, à créer un magasin en vente directe ou encore à donner accès à l'approvisionnement de la restauration collective. De plus, avec ce genre de soutien, on peut également parler de cercle vertueux puisque les élus se sentiront d’autant plus impliqués dans votre projet.


Les collectivités sont également dotées de bons moyens de communication : une page Facebook, des lettres annuelles ou biannuelles, de l'affichage public, etc. Dans le cas de la Ferme Sapousse, Florent et Sylvie ont remarqué que de nombreux adhérents de l’AMAP étaient venus grâce aux moyens de communication des collectivités.


Les collectivités peuvent également être partie prenante d’organisation d’évènements qui visent à sensibiliser le grand public sur les questions agricoles et alimentaires. Dans ce cas, l’exploitation elle-même est le lieu idéal pour accueillir ce genre de manifestation. C'est un pari gagnant-gagnant pour les maraîchers puisqu'il y a la satisfaction pour l’hôte de faire partie de l’initiative en plus de faire connaître la ferme aux citoyens du territoire.


Avant de s’installer, prendre le temps d’aller voir des modèles différents

La production agricole est une activité complexe qui est soumises à de nombreuses contraintes multifactorielles. De facto, il n’y a donc pas un modèle qui fonctionne mais une multitude de modèles, chacun adapté à un contexte particulier.


En général, le temps devient une denrée rare une fois l'installation démarrée. Il faut alors profiter du temps disponible lorsque l’on n’est pas encore installé pour aller voir une diversité de modèles différents (système sur sol vivant, AB plus intensif, etc) Vous pourrez ensuite construire une exploitation qui vous ressemblera le plus.

Podcast

Vous pouvez retrouver ce retour d'expérience en podcast ici.

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