Couverts végétaux pour maitriser les adventices : retour d'essais, David Boucher et Jérome Pernel

De Triple Performance
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Lors de la réunion "Couverts végétaux pour maîtriser les adventices", David Boucher a présenté les résultats d'expérimentations menées avec le lycée de Tillois sur l'utilisation de couverts végétaux pour la lutte contre l'enherbement, en explorant deux mécanismes principaux : l'effet allélopathique et l'étouffement. Six modalités, comprenant différentes espèces et mélanges de couverts, ont été testées dans des conditions diverses, bien que le semis tardif ait impacté la performance, surtout pour les légumineuses. Les observations ont révélé des résultats mitigés avec des échecs notables de certains mélanges face aux adventices, notamment les vivaces. Les conclusions soulignent l'importance cruciale de la date de semis et l'interaction variétale sur l'efficacité des couverts, avec des recommandations pour une combinaison de techniques afin de mieux gérer les adventices persistants.

En septembre 2024, l'association AgroTransfert organise une journée de retour sur le projet Adventurh sur l'exploration de nouvelles voies pour maitriser les adventices. Ici, David Boucher du groupe Carré et Jérome Pernel d'AgroTransfert reviennent sur leurs essais de couverts végétaux pour maitiriser les adventices, et notamment les annuelles.

Par ici pour en savoir plus sur Agrotransfert : https://www.agro-transfert-rt.org

Cette vidéo a été créée dans le cadre du projet CONSERWA pour valoriser les résultats du projet mené par AgroTransfert-RT. Le projet CONSERWA reçoit avec le financement de l’Union Européenne, de la confédération suisse et du Royaume-Uni. Par ici pour plus d'info : https://conserwa.eu/


Notes

🌱 Présentation des couverts végétaux pour lutter contre l'enherbement (00:03 - 04:31)

  • David Boucher se présente comme responsable agro pour le groupe Carré
  • Travail réalisé avec le lycée de Tillois sur les couverts végétaux
  • Deux mécanismes de lutte contre les adventices : effet allélopathique et effet étouffement
  • Test de 6 modalités (espèces/mélanges) croisées avec 3 densités
  • Semis réalisé le 26 août, date considérée comme un peu tardive pour l'objectif de gestion des adventices
  • Espèces testées : avoine, facélie, vesce velue, mélanges avoine/vesce, avoine/facélie et un mélange spécifique (vesce, navette, radis, roquette)

🔬 Principes et contraintes des couverts végétaux (04:31 - 09:25)

  • Importance de cibler la problématique prioritaire (structure du sol, adventices...)
  • Les couverts entretiennent une structure mais ne remplacent pas un décompacteur
  • Un couvert n'est pas un substitut au glyphosate
  • Nécessité d'investir sérieusement pour obtenir des résultats, sinon risque d'échec
  • Efficacité du couvert dépend de la technique d'implantation
  • L'enjeu principal est d'empêcher la production de graines d'adventices

🌿 Observations des différents couverts testés (09:25 - 13:00)

  • Premier mélange (vesce, roquette, navette, radis) : échec relatif face aux adventices
  • Les légumineuses ont mal supporté la date de semis tardive
  • Importance cruciale du choix variétal, pas seulement de l'espèce
  • Le liseron des champs et le chardon (vivaces) ont traversé le couvert
  • Test de la vesce en pure : bon gradient d'efficacité selon la densité
  • Meilleur contrôle sur les adventices annuelles que sur les vivaces

🌾 Évaluation des autres modalités (13:00 - 17:27)

  • Avoine brésilienne/rude : bon recouvrement mais reste perméable aux adventices
  • Facélie : excellente efficacité même en sous-densité
  • La facélie parvient à dominer même certaines vivaces
  • Mélange avoine/vesce : résultats décevants malgré le potentiel théorique
  • Impact majeur des différences variétales sur l'efficacité

⚙️ Conclusions et recommandations (17:27 - 20:24)

  • Le premier levier de réussite d'un couvert est la date de semis
  • Efficacité limitée sur les vivaces quel que soit le mélange
  • Pour les vivaces comme le chardon, nécessité de combiner scalpages/fauches et couverts
  • Importance d'intervenir au bon stade pour les chardons (6-8 feuilles)
  • Les fauches répétées restent efficaces pour gérer le chardon dans les prairies




Transcriptions

Je vais me présenter, je suis David Boucher, responsable agro pour le groupe Carré qui est un négoce de cérales installé pas très loin d'ici. Tous les ans, on travaille des couverts végétaux avec le lycée de Tillois sur des axes différents. Cette année, la question qu'on s'est posée en raccord avec le colloque, c'est est-ce qu'on peut lutter contre les adventices avec un couvert ? Il y a deux grandes façons de lutter contre les adventices avec un couvert. C'est par effet, par exemple, allélopathique. C'est-à-dire que le couvert émet des substances qui limitent la germination des adventices. Où on peut travailler un effet étouffement. Et dans ce cas-là, c'est plutôt la vigueur du couvert, la densité, l'obstacle à la lumière qu'on va aller chercher. Donc ça, c'étaient les grands objectifs.

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David Boucher : Ce qu'on va chercher, si on travaille sur le vulpin, par exemple, qui est une des graminées les plus problématiques dans la région, on voit qu'on a une période préférentielle de levée qui est autour du 15 septembre. On est encore en plein dedans, en fait, actuellement. Donc l'idée c'est d'installer un couvert avant, le couvert prend la place et limite le développement du vulpa. Alors c'est plutôt facile avec les graminées, avec les dicotilédones c'est quand même un petit peu plus complexe, puisque parfois quand on sème des couverts très tôt dans l'été, on peut déclencher des levées de chénopode par exemple. Et là pour le coup ça va être compliqué à aller juguler. Donc voilà ce qu'on a travaillé dans la vitrine. On a six modalités, donc six mélanges ou espèces. Qu'on a croisé avec trois densités. Alors, pourquoi on est parti sur des espèces différentes ?

David Boucher : On s'est dit aujourd'hui, la base de la plupart des mélanges, c'est l'avoine. Et puis l'avoine peut avoir un effet étouffant quand elle se met très dense, en dérobée fourragère par exemple. Elle a tendance à prendre beaucoup d'espace, donc elle peut avoir un effet concurrent des adventices. La facélie est très connue pour aller lutter contre les adventices. Elle est souvent citée dans les essais. Donc on s'est dit, on va travailler la facélie en solo. On a travaillé de la veste velue, parce que la veste velue a cet effet très rampant, très étouffant. Donc on s'est dit, ça aussi, ça peut être intéressant. Et puis après, on a travaillé ça en mélange, avoine veste, avoine facélie.

David Boucher : Et puis on a comparé avec un mélange qu'on voulait tester, qui est composé à trois quarts de veste, donc une plante qui est plutôt couvrante, de la navette et du radis. Donc là, qui sont des crucifères qui ont tendance à pousser vite, et avoir tendance à recouvrir la terre. Et puis de la roquette, puisque la roquette a un effet allélopathique. Et puis c'est aussi un couvercle qui est fait en blé sur blé. Donc on aime bien aller mettre de la roquette en blé sur blé parce qu'elle est très riche en glucosinolates. Ça a tendance à être sur le sol aussi quand le pied est à réchaudage. Faut pas oublier que là on parle de couvercle, mais c'est jamais une thématique, c'est jamais aussi simple sur une ferme. On doit gérer des adventices, on doit gérer des maladies, on doit gérer de la rotation.

David Boucher : Donc on essaie de trouver des couvercles qui font tout en un. Et puis dans l'autre sens, on a croisé par les densités, donc très souvent la densité du milieu, ce qu'on va voir, on va aller faire un petit tour vite fait sur la vitrine, la densité du milieu et la densité conseillée. On l'a testé en surdensité, puisque si on veut concurrencer les adventices, l'idée, c'est plutôt d'aller seulement sur densité. Et puis, on l'a semé en sous densité parce que le réflexe qu'on a très souvent quand on est agriculteur, c'est que si le mélange a été préconisé à 15 kilos, on va le mettre plutôt à 15, à 10, pardon. Pour que ça coûte un peu moins cher à l'hectare. Sauf qu'on va voir tout de suite qu'en termes de recouvrement, ça se paye tout de suite.

David Boucher : En tout cas, il y a des espèces ou des mélanges qui supportent beaucoup moins bien la sous-densité que d'autres. Voilà pour les bases. Est-ce qu'il y a des questions jusque-là ? Non ? OK, donc c'est que c'est à peu près clair. Comment ? Oui, volontairement, on n'a pas mis la moutarde. En fait, on a voulu travailler des choses très simples.

David Boucher : On n'a pas pu multiplier les modalités et la motarde en fait on connait déjà sa capacité à aller concurrencer les couverts enfin les adventistes donc du coup on l'a un peu laissé de côté c'est vrai qu'on aurait pu la mettre comme référence mais on ne l'a pas fait parce que je pensais aux gens qui se met et je me suis dit bon là je leur met déjà 18 modalités dans les pieds donc on va limiter un petit peu donc voilà pour en tout cas pour la théorie la théorie elle est là c'est de se dire on va se mettre un couvert sauf que on est aussi avec les prérogatives de l'année et les contraintes de ferme. Et c'est quand même compliqué d'aller se mettre des couverts très tôt.

David Boucher : Moi, en permanent, je n'arrête pas de répéter, il faut mettre le couvert le plus vite possible. Sauf que sur une ferme, il y a des priorités. Ça s'appelle la paille, ça s'appelle les patates, ça s'appelle plein de choses. Et puis, on met le couvert quand on a le temps. Donc là, on l'a semé le 26 août, ce n'est pas très tard. Mais n'empêche que pour une dynamique, un objectif de lutte contre l'énervement, Pour certaines Atlantistes, c'est un petit peu trop tard. Mais bien sûr, on fait ce qu'on peut et vous verrez qu'il y a d'autres leviers. Quand on veut aller se mettre des couverts plus tôt, on peut travailler d'autres choses. Donc là, on est sur un semis de fin août, ce n'est pas non plus extrêmement tard.

David Boucher : Si on avait pris le mois de septembre de l'année avec ces pics de chaleur, aujourd'hui, on aurait des parcelles qui couvraient le rang partout. Donc il y a aussi cet effet année où on est sur une année quand même un petit peu plus fraîche. Et comme on a eu de la chaleur en août, mais quand on sème le 26, on ne bénéficie pas forcément de la chaleur d'août, Là, on a un couvert, pour l'instant, qui est moyennement développé. Par contre, il y a fort à parier que si on revient dans un mois, il y aura des grosses évolutions qui auront lieu. Donc, ce que je vous propose, c'est peut-être de...

Jérôme Pernel : Pour ajouter un petit peu des choses sur l'effet au final obtenu sur la gestion des adventices au global, déjà l'efficacité du couvert aussi va dépendre de sa technique d'implantation, notamment sur la partie levée d'adventices qui vont être détruites, déstockées dans la parcelle. Donc si on est sur une stratégie type semi à la volée ou semi direct sans bouleversement du sol, finalement les graines ne vont pas être stimulées et on va voir que d'élevées spontanées le temps que le couvercle se mette en place donc finalement l'effet des stockages va être amoindri. Par contre si vous êtes sur des techniques classiques à implantation avec un déchaumeur voire un combiné de semis, là l'effet travail du sol provoqué par le passage de l'outil va stimuler des élevées de graines qui vont être assez comparables à un passage de faussemis.

Jérôme Pernel : La seule différence avec l'atelier faussemis que vous verrez plus tard c'est qu'il n'y aura qu'un seul passage où on ne cumule pas cet effet d'estocage. Et puis, l'enjeu derrière cet effet étouffement va avoir un effet sur la production de graines, c'est-à-dire que les adventices qui vont germer sur la parcelle au moment de l'implantation du couvert, on en a certaines qui, en quelques semaines, peuvent arriver à faire des graines. C'est lié aux caractéristiques des plantes adventices. La survie des espèces suivantes est faite par la production de graines. Donc elles savent qu'en gros elles ne vont passer l'hiver, il leur reste quelques semaines à venir, donc elles ne vont pas être très hautes mais elles vont déjà produire des graines. Donc l'enjeu, à ce moment-là du couvert, c'est de pouvoir le concurrencer pour empêcher cette production de graines qui viendrait réalimenter le stock semencier.

Jérôme Pernel : Et puis derrière, aussi dans la stratégie de SMID à culture suivante, en fonction de la stratégie de l'agriculteur, notamment si dans un système de type agriculture de conservation, où il n'y a pas le labour qui va permettre d'enfluir le couvert, nettoyer aussi la parcelle vis-à-vis des adventices. Derrière, il faut semer avec une parcelle propre. Donc plus le couvert va être là, il va étouffer, plus ça va être facile de ne pas avoir d'adventices au semis pour l'implantation de la culture suivante.

David Boucher : Tout à fait. Et puis ce qu'il faut retenir, c'est qu'il faut toujours cibler sa problématique première. Par exemple, cette année, si on a un problème de structure de sol, le vrai enjeu c'était de fissurer avant d'implanter un couvert. Ça ne sera pas le cas tous les ans, il y aura sans doute des hivers beaucoup plus simples. Donc ça c'est le premier principe, on cible la problématique. Si on a un problème de vivace, c'est clairement pas un couvert qui va lutter contre les vivaces. Il faudra mettre en place une stratégie d'épuisement du rhizome par plusieurs travails du sol d'été. Et puis autre chose, il ne faut pas survendre un couvert. De la même façon, une racine ne va pas vous restaurer une structure, c'est faux ça. Un couvert vous entretient une structure.

David Boucher : Donc, on ne fait pas un couvert qui va remplacer un décompacteur, de la même façon, on ne fait pas un couvert qui remplace un glyphosate. Ça, ce n'est pas possible. Il ne faut pas trop en demander à la biologie. Mais par contre, si on veut partir dans cette optique, il faut investir et pas en dilettante. C'est-à-dire, il ne faut pas se dire, je vais essayer un truc et puis on va... Mais non, il faut investir beaucoup parce que sinon, on est sûr de louper son coup. C'est-à-dire, si on dit, je vais lutter contre des adventices avec un couvert, mais je ne veux pas se mettre trop dans parce que ça coûte cher, à coup sûr, dans les parcelles à dix côtes, vous aurez des cénopones en dessous et le couvert devient un cache misère.

David Boucher : C'est-à-dire qu'au-dessus c'est beau et en dessous c'est vraiment la guerre. Donc il faut vraiment cibler ses problématiques et ses objectifs. Donc ce que je vous propose c'est de faire un petit tour, de vous montrer un peu ce qui marche et ce qui ne marche pas. Donc là, notamment, on était sur un mélange base légumineuses crucifères, donc avec vesse, roquettes, navettes, radis. Donc l'idée, c'est d'avoir des crucifères qui sont plutôt agressifs au démarrage. Là, on voit qu'il y a un peu de trous, il y a un peu de ravageurs qui se sont mis dedans. Et puis, on a une veste qui n'a pas trop aimé la date de semis, je pense, en tout cas, cette variété-là. Je vais reparler de variété après, c'est très important. On ne s'aime pas de la veste pourpre. On s'aime une variété de veste pourpre.

David Boucher : C'est très important d'en découvrir parce que ça, on sait le faire en blé. On choisit une variété de blé, on ne s'aime pas du blé. Mais en fait, en couvert, on ne regarde jamais. Et là, vous allez vous rendre compte qu'on a un vrai effet variétal, on le voit après avec les facédies et les vests. Donc là, en tous les cas, ce qu'on peut dire, c'est que ce couvert-là, il aurait peut-être pu marcher, mais dans les conditions de l'année, on a quand même beaucoup d'adventices qui sont passées. On a du chardon, on a du liseron des champs, on a pas mal de dicotes qui sont là. Donc, si on veut lutter contre les adventices, on est clairement dans un cas d'échec. Qu'on soit semé en surdensité, à densité normale ou à sous-densité. Voilà.

David Boucher : C'est la preuve aussi que parfois, sur le papier, on a quelque chose qui est très beau, mais par contre, pour cet angle-là, on a un peu loupé notre coup. Alors après, ce n'est pas foutu. C'est-à-dire que les vestes peuvent encore démarrer, produire de l'azote, donc le couvert peut encore faire tous les boulots qu'on demande à un couvert habituellement, mais pour le travail qu'on voulait cette année, c'est loupé. On en a d'autres qui ont bien mieux marché. Donc là, on est sur une parcelle interdite, en tout cas dans l'ancien programme d'action en légumineuse pure. Donc là, on pouvait le faire en agré bio au moment où on a semé, mais voilà, on voulait tester de la veste pour l'aspect vraiment recouvrant, couvrant le sol agressif. Donc encore une fois, on a la sous-densité, la densité conseillée, la sur-densité.

David Boucher : Et là, on voit qu'il y a un vrai gradient. C'est-à-dire que là, on voit que l'investissement est rentable. Plus on sème dense, plus on a tendance à couvrir. Et là, la veste a fait son travail, même si elle a été semée un peu tard, les légumineuses aiment bien les jours longs. Donc très souvent, quand on sème des légumineuses sur des jours plus courts, sur fin août, début septembre, c'est compliqué. Alors c'est quasiment impossible que ça marche sur des légumineuses à petites graines, comme le traite d'Alexandrie, sur des vestes un petit peu moins capricieux. N'empêche que là, on peut dire que le travail de couverture du sol, il est en train d'être exécuté. Il nous reste grosso modo un mois de croissance, parce que généralement, le mois d'octobre est quand même relativement favorable aux vestes.

David Boucher : Donc, ça veut dire qu'à la fin, potentiellement, on aura réussi à couvrir le sol et à étouffer des adventices. Il y a fort à Paris que ces petits chénopodes qui poussent là vont être couverts, étouffés, ils n'auront pas le temps de faire des graines. Par contre, pour les vivaces, comme s'éliveront des champs là, là, on ne peut pas gagner la partie. C'est-à-dire qu'eux, ils sont déjà à égalité avec les vêtes, donc ils vont forcément passer au-dessus. En réalité, c'est un couvert qui peut être très intéressant pour des dicotes annuelles, mais pour des vivaces, ça ne suffit pas. Donc là on se retrouve sur de l'avoine brésilienne ou de l'avoine rude, c'est la même plante. Puisqu'elle est la base de pas mal de mélanges aujourd'hui, on la sème aussi en dérobé.

David Boucher : Et quand on la sème en dérobé pour récolter en fourrage, à 70-80 kg, on a des choses tellement denses qu'il n'y a pas d'adventices en dessous. Donc on est parti sur ce principe-là. Ça aurait pu être la bande d'à côté, mais quelqu'un m'a saboté la bande. On ne dira pas qui a osé faire ça. Bon, globalement, on voit qu'à densité normale, on a quand même un beau recouvrement du sol, mais comme ça reste une graminée et qu'il n'y a pas d'étalement des feuilles et qu'on garde de la lumière pour le dessous, on continue à avoir des adventices qui poussent. Donc là, encore une fois, sur des dix côtes annuelles, pourquoi pas ? Sur des problématiques de vivace, ça ne peut pas aller. Voilà. C'est original, ça fait un dessin ? Non, c'est une bande limou.

David Boucher : Alors là, on arrive sur quelque chose de très intéressant. La phacélie. La phacélie, c'est une des plantes les plus réputées pour son effet lutte contre les adventices. Ça, c'est ce qu'on avait repéré dans la bibliothèque. Sur le papier, en tout cas, on y croyait. Et a priori, on ne s'est pas trop trompé. Parce que là, pour le coup, si vous comparez avec les parcelles d'avant, on voit toujours des chénopodes, on voit toujours beaucoup de liserons des champs. Là, même sur des vivaces, la Facelie a réussi à prendre le dessus. Donc là, on est en sous-densité. C'est déjà très propre. La densité normale, elle est là, sur la bande devant. Et la surdensité, là-bas. J'aurais même tendance à dire que la surdensité ne sert à rien. En densité conseillée, là, on est déjà très bien.

David Boucher : Et on voit que là, pour le coup, alors même qu'il reste des zones où la lumière passe, il n'y a pas d'adventice. Donc là, si on doit retenir une modalité qui a vraiment fonctionné dans cet essai, c'est la phacélie. Alors, on valider l'espèce pure. Après, il faut voir comment elle se comporte en mélange. C'est ce qu'on va aller voir à côté. Là, on se retrouve sur une avoine veste. L'avoine veste, c'est le mélange de base, le truc passe-partout, qui est majoritairement cultivé dans la région en sipant. Et je ne sais pas s'il y a quelque chose qui vous interpelle. On a vu de l'avoine tout à l'heure. On a vu de la veste solo. Est-ce que cette avoine-veste est le reflet du mélange des deux modalités de tout à l'heure ? Ben pas du tout en fait. Pas du tout.

David Boucher : La seule différence, on a affaire aux mêmes espèces, mais pas aux mêmes variétés. Tout bêtement. Et ça sera encore plus criant avec la phacélie. Je vous invite à bien regarder la phacélie une dernière fois. On va la revoir dans un mélange avoine-phacélie là-bas. Elle n'aura pas du tout non plus la même tête. Donc, je l'ai dit tout à l'heure, on peut avoir des modalités qui marchent, comme la Phacelia. Par contre, c'est la Phacelia variété lila qui fonctionne là-bas. Dès lors qu'on va changer de variété, on peut avoir un pouvoir courant moins intéressant. Donc, il faut avoir ça en tête aussi, c'est que quand on choisit un couvert, on choisit une espèce, une densité et une variété. En tous les cas, pour ce mélange-là à voine veste, à densité normale, de toute façon, il est trop clair.

David Boucher : Et même à surdensité, dans la mesure où les vestes sont très mal parties, et que les avoines ne sont pas assez étouffantes, globalement, on peut dire qu'il y a un risque d'échec là-dessus. Voilà. Donc là, on est sur le dernier mélange de cet essai, typiquement. Après, il y a deux autres mélanges crucifères aussi. On peut aller les voir après, si vous voulez. Donc, on est sur une avoine phacélie. Donc, mélange intéressant. Mélange intéressant, notamment si vous mettez des effluents organiques, puisque c'est un mélange, si on veut qu'il fasse de la biomasse, il faut quand même qu'il ait à manger. Et la différence qu'on voit avec les phacélies, on voit qu'elles sont relativement irrégulières, un petit peu hétérogènes. C'est vraiment l'effet variétal qu'on voit, en différence avec le mélange qu'on voit là-bas. Donc globalement, on a quand même un pouvoir couvrant qui est assez intéressant.

David Boucher : Vous pourrez avancer après dans les perçages si vous voulez. On voit quand même que les facelies ont réussi à passer au-dessus des livres ronds. Mais encore une fois, donc sur des annuels, ça c'est la ronge qu'on peut retenir de l'essai. Sur des annuels, on a un effet couvrant du couvert. Par contre, sur des vivaces, ça peut être un peu plus compliqué. Les vivaces, elles sont quand même beaucoup moins sensibles à l'accès à la lumière. Elles ont des réserves souterraines, donc elles peuvent continuer à pousser même quand elles sont un peu gênées. Est-ce qu'il y a des questions ? Et globalement, parce qu'on a beaucoup d'essais de couverts tous les ans, et le matériel de semis n'est pas le premier levier, en fait, de réussite d'un couvert, puisqu'on a essayé tout.

David Boucher : On a essayé du semis à la volée, on en fait beaucoup depuis trois ans. On a essayé du semis avec de l'imbe sur des chômeurs. Et en fait, le premier levier de réussite d'un couvert, c'est la date de semis. Après, je ne vais pas dire qu'on peut jeter les graines n'importe comment, mais globalement, on peut réussir avec pas mal de systèmes.

Jérôme Pernel : Non, après justement tu as souligné l'effet sur les vivaces qui est quasiment inexistant quel que soit le mélange et si on veut vraiment gérer les vivaces et notamment quelle place peut avoir le couvert avec le mélange ce qui est abordé sur un autre atelier mais c'est vraiment de se dire d'abord il faut le scalper pour l'épuiser et c'est le couvert ensuite une fois qu'il a été épuisé par le scalpage avec des outils le couvert va l'empêcher de redémarrer pour pouvoir reconstituer des réserves pour passer l'hiver. Mais là, le couvert seul ne va jamais pouvoir épuiser les vivaces. Quel type de vivace ? Chardon, alors dans la prairie, c'est des fauches répétées au bon stade. Et en fait, le chardon, lui, à partir du stade 6-8 feuilles, en fait, il commence à reconstituer ses réserves.

Jérôme Pernel : Donc au départ, il va d'abord utiliser la photosynthèse pour pousser, et après, à partir du stade 6-8 feuilles, c'est ce qu'on appelle le point de compensation, de l'énergie produite par la photosynthèse, il y en a une partie qui va reconstituer ses réserves. Donc finalement, c'est vraiment en cherchant à l'épuiser, le chardon, qu'on va l'affaiblir, et dans les prairies, c'est les fauches répétées qui peuvent être mises en application. C'est vraiment le point pour décider d'une intervention, c'est le stade du chardon, que ce soit avec du scalpage ou par une fauche pour détruire les parties.