Adopter les bonnes pratiques après un épisode de grêle en viticulture

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Blessures de grêle sur vigne


Les parcelles de vignes sont régulièrement confrontées à des épisodes de grêle impactant considérablement la santé des ceps et la récolte de la saison. Si il existe des moyens de prévenir les dégâts causés par la grêle, il est également important de connaître les pratiques à mettre en place après un épisode de grêle afin de soigner la vigne et assurer une petite récolte.

La capacité de résilience de la vigne

Avant toute chose, il est important de rappeler que la vigne possède des capacités de résilience importantes grâce aux réserves énergétiques stockées dans son bois tout au long de l'automne[1].

La quantité de ces réserves issues de la photosynthèse dépend de divers facteurs[1] :

  • L'exposition à la lumière
  • La quantité de feuilles par rapport à la fructification (la charge)
  • La persistance du feuillage après vendange
  • La pression parasitaire
  • La qualité de l'aoutement


Si ces mises en réserves fournissent à la plante tout au long de l'année l'énergie nécessaire pour sa croissance et sa floraison elles assurent également la résilience de la vigne face aux divers stress auxquels elle peut être confrontée. Pour permettre à la plante de conserver toutes ses capacités de résilience, il est important de l'aider à conserver un stock d'énergie suffisant tout au long de l'année.

Pour cela, il faut avoir conscience des sources de déficit d'énergie[1] :

  • Réduction d'un bras ou étêtage du cep
  • Taille impactant un bois de plus de 2 ans
  • Excès en charge en raisin par rapport à la surface foliaire efficace
  • Problème de fertilité du sol
  • Mauvais état sanitaire du feuillage durant la saison


Diagnostic de la parcelle

La première étape après un épisode de grêle est d'évaluer les dégâts sur les vignes.


En vigne, les dégâts peuvent être divers[2] :

  • Défoliation complète
  • Impacts sur le vieux bois
  • Pertes potentielles pour la récolte de la campagne en cours
  • Difficultés pour tailler les futurs sarments et diminution des rendements à la suite de problèmes de mise en réserve, en cas de grêle à partir du mois de juillet
  • Destruction des bourgeons


Fertilisation

Il n'est pas nécessaire d'apporter une fertilisation au sol ou en foliaire dans l'immédiat. En effet, la vigne est affaiblie, son métabolisme réduit et l'azote fourni ne serait pas disponible au bon moment, cela pourrait même accentuer la casse mais aussi les risques de botrytis[3].

Renforcer la vigne avec des plantes

Après un épisode de grêle, il est possible d'accompagner la vigne dans son processus de guérison à l'aide d'extraits de plantes[4].


Si la pression des maladies (oïdium et mildiou) est forte, traiter rapidement avec un soufre et un cuivre, idéalement en utilisant du soufre poudrage fleur, à défaut du soufre mouillable (5-6 kg/ha), du cuivre (200 g/ha de cuivre métal) et de la kaolinite calcinée (1 à 2%)[4].


Sans pression de maladie ou sous pression faible[4][4] :

  1. Pulvériser le plus rapidement possible un mélange de :
    • Valériane (préparation biodynamique 507) à dose de 5 à 10 ml/ha dans 35L d'eau tiède dynamisée pendant 20min. L'extrait de Valériane est connu pour son action cicatrisante des végétaux.
    • Quelques gouttes de teinture mère d'Arnica pour diminuer le stress de la plante.
    • Tisane d'ortie pour reminéraliser la plante et l'aide à cicatriser. Vous trouverez les conditions de réussite d'une tisane dans cet article.
    • Argile à une dose de 25 à 30 kg/ha ou kaolinite calcinée mouillable à 5 à 10kg / ha pour assainir le milieu en l'asséchant.
  2. En cas de dégâts importants, il est possible de :
    • Poudrer avec 25 kg d'Argile / ha et 10 à 15 kg de soufre poudrage.


Tailler la vigne après des dégâts de grêle

Arbre & Paysage 32 a organisé un webinar suite aux épisodes de grêle de 2020, retrouvez les conseils des intervenants dans cette vidéo :


Chutes de grêle précoces

En cas de chutes de grêle précoces (avant le 15 juin)[5] :

  • Si tous les fruits sont détruits et que les rameaux sont éclatés et pelés jusqu'à leur base, une taille s'impose. L'objectif dans ce cas est de favoriser la repousse de sarments corrects pouvant servir à la prochaine taille hivernale et éviter les développements faibles et buissonnants sur l'ensemble des parties blessées du cep. Cette retaille doit s'effectuer le plus tôt possible après la grêle et il est préconisé de l'arrêter 15 jours après la grêle pour ne pas créer un second stress à la plante.
  • Si les rameaux herbacés ne sont ni éclatés, ni pelés et qu'il reste des inflorescences intactes, il est inutile de retailler, le développement des entre-cœurs contribuera au renouvellement de la végétation.


Dans le cas où la retaille est nécessaire, cette dernière a pour objectif de maintenir 4 à 5 pousses vigoureuses par souche[5] :

  • Pour les vignes conduites en Cordon de Royat ou en gobelet, il suffit de sectionner au sécateur les rameaux à un demi centimètre du bois du courson. Il est également possible sur les coursons de rabattre au sécateur le bourgeon du haut du courson de façon à faire démarrer le bourrillon. Après le nouveau débourrement, on veillera à surveiller le nombre de nouvelles pousses et à en supprimer si nécessaire.
  • Pour les vignes taillées en Guyot simple ou double, il faut rabattre les longs bois en laissant 2 à 3 bourgeons à leur base. Les bourgeons verts mais pelés par la grêle sont rabattus au sécateur à un demi centimètre. C'est le cas notamment des pousses vertes pelées portées par les coursons.


Chutes de grêle tardives

En cas de chutes de grêle tardives (fin juin, juillet, août)[5] :

  • Sur les vignes adultes, il est conseillé de laisser la vigne en l'état et de ne pas envisager de retaille. Si possible, éliminer les grappes touchées qui risquent de développer des maladies (rot blanc ou botrytis). Cela permet de soulager la vigne en réduisant la charge.
  • Sur les jeunes vignes ou les vignes à la vigueur faible, il faut soulager la souche en faisant tomber les grappes.


Taille hivernale suivante

Tailler le plus tardivement possible, en prenant plusieurs précautions[5] :

  • Sur les plantations de l'année : l'aoûtement des sarments n'étant pas toujours satisfaisant, il est possible de butter les jeunes plantations afin de les protéger du gel.
  • Sur les vignes âgées de 2 à 3 ans : l'évaluation des dégâts se fait en enlevant les lambeaux d'écorce du jeune tronc. Si les lésions arrivent jusqu'au bois et que la nécrose est constatée, il ne faut pas hésiter à rabattre le tronc de 2 à 3 bourgeons au-dessus du sol pour reconstruire un nouveau tronc.
  • Sur les vignes adultes : les dégâts sur les sarments peuvent poser des problèmes à la taille. Les ébauches de fleurs se différenciant dans les bourgeons de juin à juillet, les grêles de fin juillet ou d'août auront peu de conséquences sur la fertilité de l'année suivante. Il est conseillé de conserver sur les tailles courtes les coursons peu ou pas blessés. Pour les vignes taillées en Guyot, il peut être assez facile de trouver un long bois peu ou pas blessé par les grêlons. Il est également possible de passer en Cordon de Royat pour une année.


Exemples de retaille

Retrouvez des exemples de retaille de la vigne à la suite d'un épisode de grêle dans cet article.


Traitements

Seules les parcelles ayant encore des organes verts présentent un risque élevé vis-à-vis des maladies (mildiou, rot blanc, oïdium). Afin de protéger cette végétation restante des futures contaminations, il faut donc les traiter rapidement après la grêle. Les autres parcelles « nues » ne nécessitent en revanche aucune intervention.


Protection contre le rot blanc

Il est habituel de traiter une vigne grêlée afin d’empêcher le développement du rot blanc (Coniothyrium diplodiella), un champignon parasite présent sur le sol. Les spores de ce champignon peuvent être projetées par les éclaboussures de la grêle sur des blessures de raisins. Les spores germent et produisent un mycélium, qui envahit la baie et les baies voisines par le canal de leur pédoncule. La grappe entière finit par sécher et les grains momifiés sont recouverts de pustules blanches. Après la chute de grêle, il faut traiter dans un délai très court (idéalement moins de 12 heures) car, au-delà de 20 heures, le traitement est sans effet sur le champignon parasite. Il est préférable de commencer le traitement sur les vignes peu atteintes et de terminer par les parcelles les plus endommagées.


Lorsqu’il est impossible d’intervenir dans ce délai, il est préférable d’attendre qu’une nouvelle végétation se soit développée à partir des entre-cœurs. Le traitement doit être réalisé par un fongicide de contact, préférentiellement du folpel, ou du captane. Le cuivre est à éviter, car il ne possède pas d’effet cicatrisant et peut freiner la croissance des rameaux. Le meilleur allié du vigneron reste cependant la météo : un temps chaud et sec stoppera le développement du rot blanc[3].


Protection contre le mildiou et l'oïdium

D’une manière générale, les vignes grêlées précocement, retaillées ou non, nécessitent une surveillance accrue contre le mildiou et l’oïdium, jusqu’aux vendanges et au-delà. Afin de permettre un bon aoûtement, le feuillage doit rester fonctionnel jusqu’à l’automne. De plus, la végétation qui repousse est extrêmement sensible aux parasites[3].


Malheureusement, on observe parfois le cumul de plusieurs épisodes de grêle la même année, jusqu’à trois fois sur certaines zones (comme en 2009). En cas de températures hivernales exceptionnellement basses et durables, il peut arriver que certaines souches ne redémarrent pas. Cette situation s’explique par une dernière repousse estivale très tardive de la végétation, épuisant les réserves des souches. Le cycle trop court de la végétation n’ a alors pas permis de reconstituer les réserves avant l’automne.


Annexes

Cette technique s'applique aux cultures suivantes

La technique est complémentaire des techniques suivantes

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